Conséquence directe du recours de FNE PACA devant le Conseil d’Etat, une vaste enquête publique inédite se déroulera du 5 mai au 6 juin 2025. Son périmètre couvre 324 communes, réparties sur 16 départements et 3 régions, afin de répondre aux attentes d’information et besoins d’expression du public.
Conformément aux termes de l’Arrêté Préfectoral du Mercredi 09 Avril 2025, l’ensemble du dossier d’enquête consultable en version numérique ci-dessous est également disponible en version papier (au siège de l’enquête) : https://www.registre-numerique.fr/enquete-publique-centrale-de-provence/documents#
Située sur le territoire des communes de Gardanne et Meyreuil dans les Bouches-du-Rhône, la centrale thermique de Provence était jusqu’à fin 2020 l’une des dernières centrales à charbon existantes sur le territoire français.
Suite à l’annonce du gouvernement relatif à la fermeture des centrales à charbon en France, le site a choisi de se reconvertir, en produisant de l’énergie grâce à la biomasse, essentiellement composée de bois et de résidus verts.
C’est à la suite d’un appel d’offre lancé en 2010 par le ministère de l’industrie que le groupe énergétique allemand EON a investi 250 millions d’euros pour transformer l’unité « Provence 4 » de la centrale à charbon de Gardanne, en centrale biomasse. Une centrale biomasse permet de produire de l’électricité grâce à la vapeur d’eau dégagée par la combustion du bois.
Par un arrêté d’autorisation pris le 29 novembre 2012, le préfet des Bouches-du-Rhône avait donc permis à l’une des filiales du groupe EON, la société UNIPER (reprise par GazelEnergie en 2019), d’assurer la reconversion du site. Dans le contrat d’approvisionnement qui le liait à l’Etat, l’industriel promettait un rendement énergétique très faible de 36%[1], l’engageant pour 7 500 heures de production par an.
Cependant, ces engagements n’ont jamais été respectés. Prévu pour 2014, le démarrage à plein régime de la tranche 4 à la biomasse n’a cessé d’être repoussé. Du fait de nombreux dysfonctionnements techniques, le site a fonctionné de manière très irrégulière ces dernières années, avec plusieurs mises à l’arrêt consécutives. D’après les bilans de l’industriel, en 2018 la centrale a eu un rendement de 33%. En 2019, la centrale a eu un rendement de 14% (environ 500 heures sur les 7500 attendues). En 2020, la centrale n’a produit aucune énergie et était donc déficitaire.
En plus d’être un véritable non-sens économique et social, ce projet a des conséquences désastreuses sur l’environnement.
UNE ÉCLIPSE TOTALE SUR LES CONSÉQUENCES ENVIRONNEMENTALES
Le plan d’approvisionnement de la méga-centrale prévoit des prélèvements d’environ 35 % de l’ensemble de la ressource forestière disponible, d’ici 2024 dans un rayon de 250 km autour du site, soit sur une vingtaine de départements. Or, dès 2011, l’exploitant avait indiqué que, dans l’attente d’une structuration de la filière bois-énergie locale, il serait nécessaire de recourir pour plus de la moitié de son approvisionnement à de la biomasse importée d’autres régions (Bourgogne, Pyrénées), voire d’autres continents.
DES CRÉATIONS D’EMPLOIS ? UNE RÉPONSE À UN BESOIN ÉNERGÉTIQUE ? MÊME PAS !
Le maintien d’une cinquantaine d’emplois sur le site ne peut justifier des prélèvements annuels de milliers de tonnes de bois, dans le contexte de crise climatique que nous connaissons. Les salariés ne doivent pas être les victimes des mauvais choix industriels passés et du manque d’anticipation de l’exploitant. Ils doivent pouvoir bénéficier d’un plan social à la hauteur des enjeux et de formations pour se reconvertir au même titre que les salariés des centrales à charbon qui ont fermé.
Enfin, nous pourrions penser que le projet vient répondre à un besoin en énergie du territoire mais ce n’est pas le cas. En effet, d’après RTE, « les études à moyen long terme sur la région PACA ne considèrent plus aucune production nécessaire pour la sécurité du réseau à Gardanne ». De plus, ne produisant que de l’électricité sans cogénération[2], avec un rendement inférieur à 40%, ce projet dérogeait dès sa conception aux critères fixés par l’appel à projet de la Commission de régulation de l’énergie 4 (rendement minimum de 60%).
Alors que cette enquête publique est en cours, les associations alertent sur plusieurs angles morts des documents fournis et des limites manifestes dans la procédure : merci de vous inspirer de leurs constats pour rédiger votre contribution à la consultation
EP Gardanne – Premiers retours des associations de défense de l’environnement : une étude d’impact encore insuffisante !

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