Plaidoyer pour le chant de la mer

Les vagues à Ste Anne la Palud rythment de leur danse sonore nos pas au bord de l’eau.
A marcher là, marée haute, marée basse, le corps jubile, les pensées s’envolent sur l’aile des goélands, la tête se vide doucement, sent le sel et le goémon, prend le vent et la couleur de l’horizon.
Nous sommes sur l’une des vastes plages de la Baie de Douarnenez. La baie, une perle chatoyante de toutes les nuances du gris au bleu, sertie de dunes, de plages, de falaises, bordée par le GR 34.
Le bruit arrive de plus en plus effrayant d’un engin à moteur, d’une moto sur l’eau, d’un jet ski, d’un hors bord tractant un skieur, d’un ULM tel un moustique énorme bourdonnant au-dessus de nos têtes…Un quad au bord des dunes!
Le vacarme a dévoré le son des vagues et l’on s’en va, le bruit dans les oreilles, la fureur au ventre, le vague à l’âme.
Cessons cela !
S’il ne reste pas un lieu, un espace de silence même au bord de la mer, je deviens dingue!
Et vous ? Et les poissons, les oiseaux, les petits enfants s’éclaboussant au bord de l’eau, les dames de la plage, les coquillages et crustacés ? Nous tous ? Pauvres de nous!

Saurons nous préserver ce qui fait en grande part la beauté de ce lieu, c’est à dire l’écoute de la nature, le chant de la mer ?

Nous avons suivi avec intérêt les paroles de Michael Dodds, directeur du CRT* Bretagne, lors de la conférence qu’il a donnée à Douarnenez le 5 décembre.
La réflexion qu’il a partagée avec les acteurs du tourisme présents, est en résumé, que l’atout de Douarnenez est sa baie, les activités liées au nautisme attirant amateurs et professionnels.
Michael Dodds connaît la Bretagne et nous sommes d’accord avec lui pour une orientation, celle du respect de l’environnement.
Que voguent les voiliers, que dansent les surfeurs, nagent les baigneurs, plongent les pêcheurs, que glissent les stand up paddles, les kayaks, les yoles, l’aviron,,, volent les delta- planes, que la randonnée, le vélo, l’escalade, nous revigorent !
Osons tous ces mouvements et d’autres encore, ils seront harmonieux, salutaires, s’ils ne sont pas couverts par le bruit des engins à moteur.

La clientèle que nous recevons, vacanciers de tous poils, randonneurs, familles, scolaires, individuels où groupes exprime sa satisfaction de trouver dans notre région une nature préservée, un littoral de toute beauté et des plages où se promener et où aller nager.
Nos visiteurs repartent réjouis, un sourire radieux sur la face et le coeur confiant car ils ont vécu en dehors du vacarme crée par les moteurs de toutes sortes, ils se sont ressourcés.
Chacun doit exercer une activité professionnelle, mais laissons le bruit là où il s’est déjà, hélas par trop installé ! La dynamique de notre région passant par un tourisme responsable, soyons attentifs.
Ne perdons pas ce qui aujourd’hui est devenu le luxe : Le silence.

Celui enchanté des sons des vagues, du vent, empli du rire des enfants, du chant des oiseaux, des bruissements humides des coquillages,,, du vol des libellules.

Gardons le chant de la mer.
Armelle Le Guez Garrec
Moulin Kerguerhent
29100 Pouldergat
moulin.kerguerhent@free.fr
02 98 74 69 03

La Méditerranée, réserve halieutique ou nouveau site industriel français ?

L’Etat avait créé une Zone de protection écologique qu’il a remplacée par une Zone économique exclusive. Un simple changement de vocabulaire ?
Lors de la Conférence environnementale du 14 septembre 2012, François Hollande affirmait sa volonté de faire de la France «la Nation de l’excellence environnementale», ajoutant ne pouvoir admettre «la dégradation continue des ressources et du patrimoine naturel du monde» ou ne pas “rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité» qui menacent plus de 30% des espèces. Aussi, nous devons créer de nouvelles réserves naturelles et faire appliquer la loi.”

Dans la mer semi-fermée d’une biodiversité exceptionnelle qu’est la Méditerranée, l’Etat avait créé une Zone de protection écologique, au large des départements des Bouches du Rhône et du Var dans laquelle se situent:
– le Parc national des Calanques pour la préservation de la flore et de la faune endémiques (espèces protégées terrestres et marines: mérou brun, phoque moine, grand dauphin, hippocampe tacheté, herbiers de posidonies: Posidonia oceanica, etc.);
– le Parc naturel marin du Golfe du Lion;
– le Parc naturel de Port-Cros, au large des îles d’Hyères, qui abrite le «Sanctuaire Pelagos» créé dans le but de protéger le fragile habitat des mammifères marins y vivant: dauphins, orques, rorquals, cachalots, etc.
Face à la prise en compte de ce patrimoine naturel d’une exceptionnelle richesse que constitue le domaine maritime, François Hollande convenait de valoriser la protection de la biodiversité marine mais, sur le rapport du ministre des Affaires étrangères, cette Zone de protection écologique a été abrogée, au profit d’une Zone économique exclusive (ZEE) sur un périmètre identique d’environ 70 milles marins.
Initialement annoncée comme moyen d’action contre la pêche intensive dans un des engagements du Grenelle de la Mer, la nouvelle Zone économique exclusive –si elle permet de lutter contre toutes les formes de pollutions (ce qui était déjà possible dans la ZPE, dégazages et autres pollutions maritimes volontaires, par exemple)– pose le problème de l’autorisation d’activités pouvant porter atteinte à l’environnement.
En effet, la nouvelle Zone économique exclusive autorise désormais «la circulation des navires», «la pose de câbles ou des pipelines sous-marins» ainsi que «d’autres activités tendant à l’exploration et à l’exploitation de cette zone maritime à des fins économiques» soit celles «de toutes les ressources minérales solides, liquides ou gazeuses in situ» et de «la production d’énergie à partir de l’eau, des courants (hydrolien) et des vents (éolien off-shore)» ainsi que la mise en place «d’ îles artificielles et autres installations ou ouvrages», et le droit exclusif pour l’Etat côtier «d’autoriser et de réglementer les forages sur le plateau continental».
Inquiétudes sur le permis de forer : Alors que l’opinion publique se rassurait après les déclarations de campagne de Nicolas Sarkozy en avril 2012 repoussant l’idée d’un forage en Méditerranée, le permis «Rhône Maritime» est toujours en cours de validité, puisque le gouvernement ne s’est pas prononcé sur sa prolongation, obligeant le député écologiste François-Michel Lambert à poser une question écrite à Delphine Batho, ministre de l’Ecologie. Car la ZEE permet de bénéficier de l’exclusivité du droit d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles, et par conséquent de monétiser l’octroi des permis de recherches et d’exploitation!
En conclusion, sans anticiper sur la volonté du gouvernement (réserve halieutique ou nouveau site industriel), il faut, bien entendu, comprendre que dans «Zone économique exclusive»; on entend surtout une volonté «économique» et non plus «écologique» bien en-deçà des objectifs énoncés lors de la Conférence environnementale. Danièle Favari, juriste en droit de l’environnement
http://www.slate.fr/tribune/65407/mediterranee-reserve-halieutique-site-industriel

Rejet explicite de la demande de prolongation en 2e période du « Permis Rhône Maritime »

Monsieur François HOLLANDE
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Madame Delphine BATHO
Ministre de l’écologie, du Développement durable et de l’Energie
Hôtel de Roquelaure
246, Boulevard Saint-Germain
75007 – PARIS

OBJET :

Monsieur le Président de la République,
Madame la Ministre de l’écologie,

Par arrêté du 29 février 2002, il a été accordé à la Sté TGS-NOPEC Geophysical Company Ltd un permis exclusif de recherche d’hydrocarbures liquides et gazeux P569, dénommé « Permis Rhône Maritime » au large des départements des Bouches-du-Rhône et du Var, suite à une autorisation préalable de prospecter portant sur le plateau continental français, sans «étude d’impact environnemental», ni “enquête publique”.

Par courrier du 15 juillet 2010, Melrose Mediterranean Limited (filiale de Melrose Resources Plc) – détenteur du Permis “Rhône Maritime” – a ensuite demandé la prolongation de son permis en 2e période pour une durée de 5 ans, sur une superficie de 3.125 kms2, correspondant à la surface restante après la restitution de 50% des 12.500 kms2 accordé à la Société Melrose, par arrêté du 11 octobre 2006. A ce jour, il n’a pas été statué sur cette demande.

Par un jeu de mutation, ce permis était, jusqu’à il y a peu, la propriété – en un partenariat conjoint – de Noble Energie (72,5%) – également impliqué dans le projet “GOLD” de recherches d’hydrocarbures sous la croute de sol du Golfe du Lion – et Melrose Mediterranean Limited (27,5%) qui, par lettre du 14 juillet 2010, ont demandé sa prolongation en 2ème période, sur laquelle il n’a toujours pas été statué à ce jour.

Or, ce permis se situe dans la Mer Méditerranée qui est une mer fermée d’une richesse paysagère et d’une biodiversité exceptionnelle. Deux parcs nationaux sont directement concernés : le parc de Port-Cros et celui des Calanques, nombre d’aires marines, réserves nationales naturelles ainsi que le sanctuaire international des cétacés « Pelagos »

Respectivement les 6 avril et 7 avril 2012, Nicolas Sarkozy, alors Président de la République avait annoncé – successivement à Caen et Saint-Raphaël – le rejet de ce permis et plus largement avait écarté l’idée de tous forages en Méditerranée. Or, à ce jour, ce permis est toujours « en cours de validité » et rien n’empêche son titulaire de continuer ses travaux de recherche.

Plus récemment, une fusion-absorption est intervenue le 10 octobre 2012 et c’est désormais PETROCELTIC qui est titulaire des parts restantes de MELROSE Resources Plc. Une demande a alors été renouvelée auprès des autorités françaises pour prolonger la durée de la licence, faisant valoir les droits de Petroceltic dans le cadre de la licence d’exploration du « Permis Rhône Maritime” et fait craindre des pressions de la part de ce nouvel opérateur.

De plus, par décret n° 2012-1148 du 12 octobre 2012 portant création d’une Zone Economique Exclusive au large des côtes du territoire de la République en Méditerranée, le Gouvernement, sans concertation préalable, ni enquête publique, vient d’abroger l’article R218-15 du Code de l’Environnement qui instaurait la Zone de Protection Ecologique, en vigueur depuis 2003 en Méditerranée, et fait craindre la possibilité d’installation d’éoliennes ou de plate-formes de forage.

NOUS VOUS DEMANDONS , Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de l’écologie, D’ANNONCER PAR DÉCRET OU ARRÊTÉ LE REJET EXPLICITE DE LA DEMANDE DE RENOUVELLEMENT DE CE PERMIS (2e période) situé dans une zone d’épicentres de séismes qui font craindre le pire par l’instabilité du sous-sol en cas d’accident tel que celui de la Plate-forme DEEPWATER ou même celui d’ELGIN en Mer du Nord.

En vous en remerciant par avance, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de l’écologie, en l’assurance de notre très haute considération.