La BD: “Tchernobyl, le nuage sans fin”

30 ans après l’explosion de la centrale nucléaire, le combat pour faire éclater la vérité raconté dans une Bande dessinée événement.
http://www.cyberacteurs.org/video/video.php?id=159

Bienvenue sur notre projet de Bande Dessinée en cours, démarrée cette année. Nous souhaitons avec votre aide la faire éditer début 2016 pour les 30 ans de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
26 avril 1986 : le début du cauchemar.

À 1h 23 mn et 40 secondes du matin, la fusion du cœur du réacteur N°4 de la centrale ukrainienne déclenche une explosion qui libère une énorme quantité d’éléments radioactifs dans l’atmosphère. Le nuage contaminé entame alors sa course folle dans le ciel européen. Des mesures de protection sont décrétées en urgence dans la plupart des pays, comme l’interdiction aux enfants de jouer à l’extérieur, la mise en garde contre l’exposition à la pluie, la destruction de milliers de tonnes de légumes frais, etc.

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Le déni des autorités françaises.
En France, la communication gouvernementale se veut rassurante, au point d’affirmer, au mépris de la santé de la population nationale, que le nuage radioactif a épargné l’ensemble de l’Hexagone ! Ces déclarations mensongères sont hélas contredites quelques années plus tard, par une recrudescence de pathologies, notamment thyroïdiennes, sur le territoire national.

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Le combat contre la désinformation.
Devant cet effroyable constat, l’Association Française des Malades de la Thyroïde s’active. Son objectif : faire connaître les conséquences sanitaires de la catastrophe, et demander devant les tribunaux des comptes à l’Etat sur son inaction. Malgré 14 années de procédure acharnée, elle voit son dernier recours rejeté par la Cour Européenne des Droits de l’Homme le 31 octobre 2013.

Un devoir de vérité.
Grâce au travail remarquable d’un juge d’instruction indépendant, la relation entre le nuage de Tchernobyl et ses conséquences sur la santé est irréfutable. À travers cette bande dessinée largement documentée, nous voulons rompre le silence des institutions quant à la cruauté des faits, et rendre aux dizaines de milliers de malades de la thyroïde, la part d’histoire que la justice leur a volé.

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Merci pour votre soutien !
Cet ouvrage qui demande plus d’un an de travail, tant dans sa conception que dans sa réalisation, a besoin de votre participation pour son financement. Grâce à votre générosité et votre implication, le questionnement sur l’énergie nucléaire et, de manière plus concrète, sur l’avenir de nos enfants, va enfin trouver un véritable écho. En cela, nous vous en sommes profondément reconnaissants.

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A quoi va servir le financement ?
Le financement va permettre de rémunérer :
le dessinateur, le scénariste, l’impression de 1500 exemplaires, les contreparties, les expéditions des contreparties, le vidéaste, le pourcentage Ulule.
Le projet a bien démarré .Il faut que le dessinateur puisse aboutir la BD sachant qu’il y travaille à plein temps et ne peut accepter d’autres propositions en même temps. Nous souhaitons que la BD voit donc le jour en début 2016 pour “les 30 ans ” de Tchernobyl.

Vous pouvez contribuer en ligne
si vous préférez contribuer par chèque:
libeller à l’ordre de l’AFMT
envoyer à l’adresse: AFMT , BP1, 82700 Bourret
pour tous renseignements:
 
En cas de dépassement de la collecte souhaitée, voici nos priorités :
Augmentation du nombre de tirages
Traduction de la BD en plusieures langues (Europe, Japon…)
Refaire le site internet de l’AFMT …

A propos du porteur de projet
C’est d’une longue amitié entre les fondateurs de l’AFMT et MING qu’est né ce projet.
AFMT: l’Association Française des Malades de la Thyroïde
http://www.asso-malades-thyroide.org/
https://www.facebook.com/La-BD-Tchernobyl-le-nuage-sans-fin-904745916272981/

AMF
L’association a pour première vocation de soutenir une recherche libre et indépendante qui pourra redonner espoir aux malades, et à une science à échelle humaine. Aujourd’hui nous comptons près de 4000 adhérents et bientôt 16 ans d’existence.

Concernant le dessinateur:
MING est dessinateur, illustrateur et artiste peintre indépendant. Il vit et travaille dans la région Toulousaine.
Diplômé des Arts Appliqués de Paris, il collabore depuis 30 ans avec des agences de communication et éditeurs.
Il produit des dessins et story-boards pour de multiples projets ainsi que des illustrations pour livres d’enfants et ados. Il est spécialisé dans le portrait et la caricature.
Parallèlement, il réalise de nombreuses fresques en Midi-Pyrénées, peint et expose régulièrement.
Il coréalise un carnet de voyage sur la musique classique en Inde.
Sensible et concerné, il répond avec enthousiasme à la demande de l’AFMT sur ce projet de BD.
http://www.marcingrand.com

Ming

Bibliographie :
Le Dico du Cinéma de J-M Billioud / De la Martinière jeunesse
Les Encyclopes / Milan Jeunesse
Le Petit Livre Vert pour la Terre / Fondation Nicolas Hulot
Au Rythme du Raga / Ed.Bachari
GeoAdo / Milan
Le Poney de Pascale Hédelin /  Milan jeunesse

 

Les EPR d’Hinkey Point : Un cocorico ruineux pour le Royaume Uni et en France pour le service public

PAR BENJAMIN DESSUS

En annonçant que l’accord entre EDF et le gouvernement anglais pour la construction de deux EPR était enfin trouvé grâce à la participation de deux entreprises chinoises du nucléaire, le Monde du 21 octobre dernier indiquait, comme si c’était le rappel d’une évidence connue depuis toujours, que le montant total de l’investissement atteignait 33 milliards € et non plus 24 milliards € pour les deux réacteurs EPR de Hinkley Point dont le démarrage est prévu en 2025.  Ah oui nous dit on maintenant, il faut ajouter aux chiffres qu’avaient annoncés EDF les frais financiers de l’opération qui sont très importants vu le délai de 10 an qui va s ‘écouler, si tout va bien, entre le démarrage du chantier et la mise en route des réacteurs. 16,5 miliards d’€ par réacteur donc pour une puissance de 1650 MW, enfin un chiffre rond de bon aloi : 10000 € le kW, 5 fois plus cher que l’estimation initiale d’investissement du kW de l’EPR donnée par EDF en 2006 à la veille du démarrage du chantier de Flamanville, 7 fois plus cher que l’investissement d’une éolienne terrestre (frais financiers compris) ou 12 fois plus cher que celui d’une turbine à gaz…
En écrivant il y a 9 mois sur mon blog en conclusion de «  Fastoche le facteur 4 » « encore un petit effort, nous y arriverons à ce fameux facteur 4, non pas comme on l’imaginait naïvement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais sur le coût du nucléaire et peut être même bien avant 2040 ! »je faisais preuve une fois de plus d’une coupable naïveté aussi bien sur le facteur que sur le délai…
Mais me direz vous ce n’est pas grave puisque le gouvernement anglais est prêt à acheter à partir de 2025 et jusqu’en 2060 le courant d’Hinkley Point à 126€/MWh, un tarif trois plus élevé que celui du marché de gros européen actuel. Pourquoi le font ils ? Après tout c’est leur affaire. Peut être accordent ils une importance particulière à l’idée de pouvoir disposer de 3,2 GW  et donc de 25 TWh d’électricité de base pour pallier la panne éventuelle de vent sur l’ensemble du parc éolien qui, si l’on en croit leur programme, devrait dépasser 50 GW  en 2025 dont une grosse part en mer où le vent est beaucoup plus régulier qu’à terre[1]. Par contre il est clair que ces parcs éoliens, quand ils produiront à pleine puissance à des coûts marginaux quasiment nuls (voire négatifs) vont rendre l’achat du courant d’Hinkley Point particulièrement onéreux pour le réseau du Royaume – Uni. Le fonctionnement en base du nucléaire présenté comme un avantage par les zélateurs d’Hinkley Point deviendra alors un véritable boulet. Dans un système de production  d’électricité où les moyens intermittents prennent de l’importance, ce n’est plus d’électricité de base dont on a un impérieux besoin, mais de moyens de pointe capables d’apporter la puissance nécessaire pendant les laps de temps (quelques heurs à quelques jours) où la météo est vraiment défavorable sur l’ensemble de la région considérée.  Et le nucléaire est particulièrement mal armé pour répondre à ce type de demande.
Pour préciser l’ampleur du désastre attendu revenons à l’économie du système. Plaçons nous dans l’hypothèse la plus favorable où pendant les 35 ans prévus par le contrat les deux EPR  auraient le bon goût de fonctionner 8000 heures par an comme prévu sur le papier, sans aucune panne.
 
Pour le coût d’investissement qui ressort du contrat signé (10000€/KW),  le coût courant économique calculé selon la méthode et les paramètres financiers préconisés par la Cour des comptes[2] atteindrait 127€/MWh (dont 105 de remboursement de l’investissement initial). L’opération serait donc au mieux neutre pour EDF jusqu’en 2060. Ce n’est qu’après 2060 qu’EDF et ses partenaires pourraient donc songer à engranger des bénéfices. Si la durée de vie de l’EPR atteint 60 ans comme l’affirme EDF,  le coût du MWh « tomberait » à 120€, dégageant une toute petite marge annuelle au producteur, marge bien fragile puisqu’elle serait très vite remise en cause par la moindre anicroche de fonctionnement  ou le moindre aléa de maintenance : si la durée d’appel tombe à 7500 h/an le coût repasse à 128/MWh et monte à 145€/MWh si elle rejoint celle du parc français actuel[3]…
Equation économique pour le moins risquée pour EDF et catastrophe économique à peu près sûre pour le Royaume Uni.
Alors comment comprendre cette décision ? Il s’agit, nous dit-on, de sauver la maison France à l’exportation puisque ce premier contrat va sûrement faire des petits. Oui mais quand et où  dans un contexte où le nucléaire perd chaque jour des points dans le marché mondial de la production d’électricité ? Sa part dans la production mondiale d’électricité est passée de plus de 15% à moins de 11% depuis 10 ans
Et puis, dans  l’affaire d’Hincley Point, les chinois qui sont en train de nous montrer qu’ils savent très bien se débrouiller tout seuls pour construire leurs propres réacteurs mettent un pied en Europe et se placent donc sur un marché déjà bien limité…
Enfin les clients potentiels, s’il en existe encore, échaudés par l’expérience désastreuse de Flamanville et d’Olkiluoto risquent fort d’attendre de voir comment se passe le chantier d’Hinkley Point avant de se lancer dans l’aventure, même si EDF leur promet des réductions de prix de 20 à 30%.
Pendant ce temps l’éolien et le photovoltaïque voient leur coût diminuer à grande allure et les réseaux intelligents se développer. En 2025-2030, les moyens de production très centralisés d’électricité en base comme le nucléaire ou les grosses centrales à charbon ont toutes chances d’apparaître comme un véritable anachronisme.
Reste EDF et son PDG qui droit dans ses bottes persiste et signe : il annonce tranquillement [4] que la France va construire une quarantaine d’EPR de « nouvelle génération » (encore meilleurs que les précédents qui n’existent pas encore ?) à partir de 2028  au rythme de deux par an et maintenir ainsi pour le siècle qui vient la sacro sainte puissance de 64 GW nucléaire de la France. Aux successeurs de Ségolène Royal  de continuer à subventionner à coûts de milliers d’euros les véhicules électriques et autres pompes à chaleur pour arriver à consommer suffisamment de cette électricité fatale pour respecter la règle des 50% de nucléaire…
 
Dans l’immédiat, pour les citoyens français dont on rappelle qu’ils sont propriétaires de 85% du capital d’EDF, cette dépense de plus de 20 milliards d’euros (les 2/3 du total de l’investissement d’Hinkley Point) apparaît d’autant plus absurde qu’il suffirait de consacrer la moitié de cet argent, sous forme d’aide au renouvellement anticipé d’appareils électroménagers ou de chauffage domestique et tertiaire et de moteurs efficaces dans l’industrie, pour économiser sans peine en 2015 une soixantaine de TWh, à des coûts par MWh économisé 5 fois moins importants, en fidélisant ses clients et sans prendre de risque inconsidéré. 
Mais pour cela il faudrait un Etat actionnaire animé d’un minimum de sens du service public, et  des corps d’Etat qui sortent de leur consanguinité avec un lobby nucléaire dépassé par les événements .
Il faudrait aussi qu’EDF et les pouvoirs publics admettent enfin leurs erreurs de jugement et ne continuent pas à s’enferrer dans des choix de plus en plus risqués, aussi bien pour les clients étrangers d’EDF que pour les usagers français qu’elle est supposée servir au mieux de leurs intérêts et de la collectivité nationale.
Sans même compter le risque majeur de voir l’autorité de sûreté française refuser l’agrément  de la cuve de Flamanville qui  remettrait en cause ce château de cartes déjà bien branlant.
 

[1] Alors que le nombre d’heures de fonctionnement équivalent pleine puissance d’une éolienne terrestre  neatteint rarement plus de 2200 heures au Royaume Uni, il peut dépasser 3000 heures en mer.
[2] Taux de rémunération du capital 7,8% , taux d’actualisation 5%,  voir « Le coût de production de l’électricité nucléaire actualisation 2014, Cour des comptes »
[3] En France en 2014 la durée d’appel aux centrales nucléaires n’a pas dépassé 6600 heures
[4]  voir par ex « EDF n’est pas prêt à sortir du nucléaire en France » Le Monde 23 octobre

Une école installée à l’ombre d’une centrale nucléaire au mépris des règles de sécurité, c’est la France

Dans le Loir-et-Cher, un groupe scolaire a été inauguré il y a quelques mois. Problème, il se situe près de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux et ne respecte pas les mesures de sécurité préconisées par l’Autorité de sûreté nucléaire. Une inconscience qui n’est pas sans rappeler le précédent tragique de l’usine AZF.

une école à l'ombre de la centrale

une école à l’ombre de la centrale

Il y a quelques mois a été inauguré en Loir-et-Cher, sur la commune d’Avaray, un nouveau groupe scolaire pour les enfants d’Avaray et de Lestiou, la commune voisine. Il remplace deux écoles primaires existantes datant à peu près de Jules Ferry, et dépassées par les exigences des normes actuelles. Tout le monde semblait se réjouir de cet événement apparemment anodin et heureux.

Voisinage radioactif

Pourtant un groupe de militants vêtus de combinaisons blanches est venu rappeler le jour de l’inauguration que l’on assistait là à une grande première en France : la construction d’un ERP (établissement recevant du public) dans le périmètre rapproché d’une centrale nucléaire, en l’occurrence celle de Saint-Laurent-des-Eaux. Cette centrale possède deux réacteurs de 950 mégawatts en activité, et deux autres en démantèlement. Démantèlement étant en l’occurence un bien grand mot, puisque nulle part n’ont été démantelés jusqu’au bout ces types de réacteurs UNGG (Uranium naturel graphite gaz).

Manifestation

Manifestation

A ces INB (installations nucléaires de base) de production s’ajoute une INB de déchets proprement dits : les silos de graphite irradié (2 000 tonnes). A ces 2 000 tonnes on doit ajouter 2 500 tonnes par réacteur arrêté, ce qui fait pour Saint-Laurent 7 000 tonnes de graphite irradié pour un total national de 16 000 tonnes, et l’on sait désormais qu’ils dégagent du tritium gazeux, qui est un isotope de l’hydrogène. Que voilà un voisinage idéal pour une école primaire !
Pourtant la circulaire Borloo du 17 février 2010 recommande d’éviter les constructions sensibles dans les périmètres de dangers des centrales nucléaires, et ce par le biais d’un document précis commandé à l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) régionale, ici celle d’Orléans.
– Télécharger la circulaire Borloo :
PDF – 144.4 ko

Ce document s’appelle le Porter à Connaissance (PAC), il est sorti en mai 2011 et a défini dans le cas présent un périmètre de deux kilomètres de rayon. Il a pour mission d’informer les collectivités locales des risques liés au voisinage de la centrale, et de les inciter à maîtriser leur urbanisation en conséquence. Il précise clairement que « la zone n’a pas vocation à recevoir d’ERP sensible » et deux pages plus loin, il donne comme exemple d’établissement sensible les écoles, dont la vulnérabilité est qualifiée de forte car leurs occupants « seront inaptes à reconnaître un danger ou difficiles à évacuer ».

La carte de la zone dans le PAC

L’histoire se répètera-t-elle ?

On pourrait multiplier les citations pour montrer que l’ASN a fait son travail, mais que ses conclusions ont été contournées. Le préfet a subi des pressions de la part des parents d’élèves qui ont opté pour la proximité au détriment de la sécurité. La commune d’Avaray, qui n’a même pas de PLU, continue de se développer à l’intérieur du rayon de deux kilomètres cité plus haut : des pavillons poussent en face des réacteurs, sur la rive droite de la Loire.

Derrière le groupe scolaire, à droite, les tours de refroidissement SLB1 et SLB2 ; à gauche, les structures carrées cachées derrière les arbres sont les carcasses de SLA1 et SLA2, en cours de « démantèlement » depuis 20 ans ; elles contiennent chacune 2500 t de graphite irradié.

Derrière le groupe scolaire, à droite, les tours de refroidissement SLB1 et SLB2 ; à gauche, les structures carrées cachées derrière les arbres sont les carcasses de SLA1 et SLA2, en cours de « démantèlement » depuis 20 ans ; elles contiennent chacune 2500 t de graphite irradié.

Cette inconscience me rappelle l’accident de l’usine AZF à Toulouse en septembre 2001. Je me contenterai de citer le titre de l’article du Monde de Benoit Hopquin paru le 3 octobre 2001 : « La croissance urbaine de Toulouse a négligé la protection industrielle. Les textes qui, depuis 1976, sont destinés à assurer la protection des habitants, n’ont pas été intégrés dans les POS avec assez de rigueur. Des commerces, des routes et même un groupe scolaire ont été construits près de l’usine AZF. »
L’histoire se répètera-t-elle ?
Ce qui est immuable et sidérant, c’est cette continuité dans l’absence de culture du risque, si caractéristique de notre pays.

Nicole Combredet
Présidente de Sortir du Nucléaire 41

29 ans après Tchernobyl, Youri Bandajevski alerte la seconde génération

Publié le : 25/04/2015

Vingt neuf ans après l’explosion de Tchernobyl, les radiations touchent encore 6 à 7 millions de personnes dans les territoires contaminés, selon le médecin Youri Bandajevski. Emprisonné dans son pays d’origine, la Biélorussie, pour avoir mis en évidence les risques sanitaires de la radioactivité, en particulier pour les enfants, puis libéré après une campagne d’Amnesty international et de la CriiRad*, il sonne l’alarme encore une fois sur les dangers des radiations.

D’emblée, il annonce la couleur.. «Là où vivent encore les victimes, personne ne voudra entendre parler de mes dernières études. »

Alors qu’il était le plus jeune professeur de médecine de l’ancienne URSS et qu’il était promis à un brillant avenir, Youri Bandajevski s’installe à Gomel, à 130 kilomètres de Tchernobyl. C’est alors que survient la catastrophe. Il décide d’étudier les conséquence de la radiation sur la santé humaine et publie plusieurs études qui feront référence, mais qui irritent le pouvoir biélorusse. Il est arrêté et condamné à 8 ans de prison dans un procès truqué. Ce n’est qu’avec le soutien d’Amnesty International, de l’Union européenne et, en France du comité de soutien créé par le Criirad qui sera finalement libéré, après 6 ans de détention..

Réfugié en France dont il a acquis la nationalité, Youri Bandajevski n’a pas dit son dernier mot.. Ses travaux continuent de déranger, dans les pays directement concernés par la catastrophe comme pour de nombreux collègues scientifiques. Adulé par certains, complotiste pour d’autres, les polémiques que suscitent ses positions tranchées ont au moins l’intérêt de montrer que le bilan de Tchernobyl est encore loin d’être fait. En particulier pour la «deuxième génération», née après la catastrophe mais exposée aux éléments radioactifs renfermés dans les sols et la nourriture des zones contaminées.

En 2013, une analyse a ainsi montré que les champignons sauvages pouvaient contenir jusqu’à 4700 bq/kg alors que le seuil autorisé est fixé à 500. Si un simple échantillon ne peut pas à lui seul refléter tous les facteurs de la contamination, ces résultats étaient inquiétants.

D’autant plus que l’inoffensivité des « faibles doses », Youri Bandajevski n’y croit pas. Surtout lorsqu’elles agissent en permanence sur un enfant : la période de croissance présentant à l’en croire « un terreau fertile au développement de pathologies plus graves par la suite. » Le médecin est catégorique : « il faut bien se rendre compte de l’importance et du danger que représente la radioactivité en elle-même. Pour moi, la seule norme possible, c’est le degré 0. »

Ses dernières recherches, réalisées entre 2014 et 2015, tentent justement de démontrer le rapport entre l’exposition au césium 137 et au strontium et les dysfonctionnements cardio-vasculaires chez les jeunes de 3 à 17 ans (donc, nés après la catastrophe).

Bandajevski explique : « sur les 3088 enfants que nous avons examinés, 81,9 % présentaient des troubles cardiovasculaires, parmi lesquels 5,6 % étaient même atteints du cancer de la thyroïde ». Hypertension, hypotension, arythmie, tachycardie, bradycardie et syndrome métabolique sont autant de pathologies qui ont été recensées, en particulier chez les garçons qui se montrent apparemment plus fragiles face à la radiation que les filles.

« Le taux de césium de ces enfants rentrait dans le cadre des normes de santé, dans 90,6 % des cas. » Le verdict de Bandajevski : « Les doses les plus infimes peuvent s’avèrer agressives pour le corps humain. La situation est même pire en Biélorussie et à Minsk, où j’ai pu étudier 500 cas de troubles cardiaques avec des résultats plus graves encore. En l’absence de contrôle du taux de radionucléides contenus dans les produits, la contamination est continue. »

Si les résultats de ses recherches ne font pour lui aucun doute, ils peinent pourtant encore à convaincre la communauté scientifique: non seulement par leur caractère controversé, mais aussi parce qu’ils ne correspondent pas aux standards des études scientifiques.

Qu’on le croie ou non, il n’en reste pas moins déterminé à poursuivre son combat pour Tchernobyl. Dernièrement, il a même réussi à obtenir des financements grâce à l’aide de Michèle Rivasi, députée européenne EELV et fondatrice de la CRIIRAD, pour continuer ses recherches sur les anomalies génétiques et le système endocrinien.

« Nous savons désormais qu’il existe un lien évident entre les troubles cardiaques et les pathologies endocriniennes, mais sa nature précise nous échappe encore », explique le scientifique. À ce jour, 200 enfants ont pu être étudiés : « C’est peu, concède-t-il, mais c’est un début. Il nous faut plus de personnes pour établir des résultats plus probants. »

S’il met tant d’énergie à vouloir prouver le bien-fondé de ses recherches, c’est pour que pour l’ensemble des personnes vivant sur les zones contaminées obtiennent le statu de « victimes ». À ce jour, la deuxième génération n’est toujours pas reconnue comme telle, alors qu’elle a reçu Tchernobyl en héritage

Pauline Pouzankov

* et de cyber @cteurs

EPR : les graves défauts avoués en avril 2015 étaient-ils connus avant la pose des cuves à Flamanville et Taishan ?

– L’Observatoire du nucléaire rend public un document estampillé “Ne pas diffuser en dehors d’EDF” qui montre que EDF avait de sérieux doutes sur les cuves des EPR au moins dès 2011

– La cuve a-t-elle été introduite dans le réacteur EPR de Flamanville en janvier 2014 (*) alors que ses défauts étaient connus d’EDF, Areva et de l’Autorité de sûreté nucléaire ?

– De même, les cuves des deux EPR de Taishan ont-elles été livrées en cachant aux Chinois la gravité des probables défauts de ces cuves ?

– Pourquoi l’information est-elle révélée publiquement aujourd’hui seulement ? Les dirigeants précédents de l’ASN, Areva et EDF ont-ils tenté d’enterrer la vérité ?

– Le document montre aussi que des erreurs ont été commises lors de la fabrication de couvercles de cuve pour de nombreux réacteurs du parc actuel

Ce n’est qu’en avril 2015 que l’état de la cuve du réacteur EPR en chantier à Flamanville a été révélée au grand jour (**) par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) alors que, comme le montre un document EDF rendu public aujourd’hui par l’Observatoire du nucléaire, la gravité de la situation était connue d’EDF, Areva et de l’ASN au moins depuis août 2011.

Estampillé “Ne pas diffuser en dehors d’EDF”, daté du 2 août 2011, le document explique que “Lors de la fabrication du couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville 3, Areva NP a mis en évidence qu’une utilisation inappropriée de gabarits avait conduit à l’élimination d’une couche trop importante de beurrage au niveau des soudures des adaptateurs de couvercle de cuve. La réalisation de soudures sur une épaisseur de beurrage trop faible (…) est susceptible d’engendrer des défauts dans le métal de base”.

Même s’il ne s’agit pas à ce moment là des mêmes défauts que ceux qui seront reconnus en avril 2015, comment croire que EDF, Areva et l’ASN ignoraient que les cuves des EPR présentaient possiblement, voire probablement, de graves défauts. De fait, des questions cruciales se posent :

– Pourquoi la cuve a-t-elle été tout de même introduite dans le réacteur de Flamanville, en janvier 2014 (*) ? Y a-t-il eu une volonté de masquer la gravité de la situation ?

– De même, les cuves des deux EPR de Taishan ont-elles été livrées en cachant aux Chinois la gravité des probables défauts de ces cuves ?

Il est aussi légitime de se demander si c’est à la suite des récents changements de dirigeants à la tête de l’Autorité de sûreté (départ de M. Lacoste en décembre 2012), d’Areva (départ de M. Oursel en octobre 2014) et d’EDF (départ de M. Proglio en octobre 2014 aussi) qu’il a finalement été décidé de révéler la vérité ?

En clair : les dirigeants précédents avaient-ils décidé de cacher la vérité (à l’opinion publique et aux industriels chinois), et de démultiplier de fait le risque d’accident nucléaire, afin de ne pas compromettre le peu de crédibilité que conservait encore l’industrie nucléaire française ?

On notera d’ailleurs que, dans sa communication du 7 avril 2015, l’ASN explique pudiquement qu’elle “a été informée par Areva” de la situation, mais sans dire quand et surtout sans dire que cela aurait dû être fait (ou a été fait) depuis plusieurs années.

La vérité la plus absolue doit être faite non seulement sur l’état réels des réacteurs nucléaires mais aussi sur le déroulement chronologique de cette affaire et les graves rétentions d’information qui ont eu lieu

(*) http://www.areva.com/FR/actualites-10122/epr-de-flamanville-la-cuve-a-ete-introduite-dans-le-batiment-reacteur.html
(**) http://www.asn.fr/Informer/Actualites/EPR-de-Flamanville-anomalies-de-fabrication-de-la-cuve

CRILAN/ Les aciers de l’EPR de Flamanville : Démocratie à la Française ou “Démocrasseuse”?

C.R.I.L.A.N.
Association loi 1901, agréée au titre de l’article L.141-1 du code de l’Environnement.
Siège social : 10 route d’Etang Val, 50340-Les Pieux-
Tel : 02 33 52 45 59 – www.crilan.fr
Siret n° 442 001 285 00018, Association N° W5000033 ,Code NAF 9499Z

COMMUNIQUE du 20 AVRIL 2015

Les aciers de l’EPR de Flamanville :
Démocratie à la française ou “ Démocrasseuse”?

Le ministère chinois de l’Environnement (NNSA) , sur son site , se permet d’éclairer notre lanterne à propos des aciers de la cuve ( couvercle et fond ) de l’EPR de Flamanville :
“ Les pièces forgées sous pression ont été forgées par Creusot Loire, filiale d’AREVA (…) Ces pièces ont été fabriquées entre fin 2006 et le début 2007”

En démocratie, les lois s’appliquent-paraît-il- à tous, de la même façon. En réalité, pas aux industriels du nucléaire d’Etat puisque les fabrications de ces dites pièces ont été entreprises avant même la fin des procédures légales (Décret d’autorisation de création de l’EPR de Flamanville 11 avril 2007) ! “Certains sont plus égaux que d’autres” aurait dit Coluche reprenant Georges Orwell et sa “République des animaux”.
Ces fabrications de cuves se sont poursuivies en série dans les années suivantes ( Et de 2 pour les Chinois,à Taishan, et de 1 pour les USA (3), et de 1 au moins pour Hinkley Point en Angleterre …et ce, avant toute certitude de la faisabilité de ces projets !)

Une fois de plus l’Etat nucléaire et AREVA se sont précipités, dans une politique du fait accompli et ont anticipé, trop sûrs d’eux-mêmes !

“En décembre 2005, conformément à la législation de l’Union européenne, l’ASN française a publié un décret relatif aux équipement nucléaires sous pression.En 2008, l’ASN a défini les exigences spécifiques relatives à l’évolution des pièces forgées”
De 2010 à 2014, en conformité avec ces dernières un examen rétrospectif des pièces forgées des calottes du couvercle, du fond de cuve a été entrepris.Il a fallu attendre la fin de 2014 pour que les résultats des essais mettent en évidence une teneur en carbone supérieure à celle attendue et des valeurs de résilience inférieures à la limite réglementaire.” expliquent les Chinois
➤Le problème , bien que connu partiellement depuis 2011(4) n’a été révélé publiquement qu’en ce début d’avril 2015 ! Cela n’a pas empêché l’arrivée de la cuve sur le site de Flamanville, le 8 octobre 2013, à grand renfort de gendarmerie et son introduction dans le réacteur en janvier 2014 !!!

JUGES ET PARTIES ?

Qui va devoir décider ou non de la conformité et de la résistance aux accidents de ces pièces ultra sensibles? AREVA ET L’ASN , issus du même Grand Corps des Mines y travaillent et les résultats seront connus à l’automne 2015. Mais où se situe réellement l’indépendance de ces expertises ?
Madame ROYAL, Ministre de l’environnement ne vient-elle pas de déclarer ce 19 avril ” Que l’EPR n’est pas condamné, qu’il s’agit de simples ajustements de travaux et que selon EDF, l’ouverture serait sans doute retardée d’une année.”
Faut-il rappeler à la Ministre qu’elle fut jadis plus critique, en 1987 lorsqu’elle était solidaire des opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires en granit à Neuvy-Bouin ( Deux Sèvres) où surfant sur la vague antinucléaire locale elle avait été élue , pour la première fois députée. Ou encore en 2007, alors que candidate à la Présidence de la République, elle avait déclaré publiquement son opposition à la construction de l’EPR?
Aujourd’hui, elle est Ministre mais que décident réellement les ministres de Gauche comme de Droite, dans une France qui se donne en modèle démocratique au Monde entier ?
La démocratie à la française ne serait-elle pas devenue “Démocrasseuse” ?

3 Projet abandonné depuis…

Avenir Energétique : La charge de la preuve change de camp !

La charge de la preuve change de camp!
10 AVRIL 2015 | PAR BENJAMIN DESSUS

A la lecture du scénario « Vers un mix électrique 100% renouvelable en 2050 » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qu’a révélé Mediapart dans son édition du 8 avril 2015, on comprend bien pourquoi les services du ministère de l’écologie et de l’énergie ont tout fait pour qu’il reste le plus longtemps possible dans un tiroir. Certes, d’autres, notamment Négawatt et Global chance, avaient montré depuis plusieurs années qu’une sortie du nucléaire au profit des renouvelables était non seulement possible mais souhaitable en termes économiques et environnementaux. Mais il ne s’agissait guère que d’experts « indépendants » qu’on pouvait soupçonner de parti pris écolo. Mais si l’Ademe, appuyée d’un centre d’études du propre sérail du corps des mines (Armines Persée), se met à justifier en détail ce genre de scénario, la menace devient sérieuse.

L’Ademe démontre en effet, chiffres à l’appui, que l’idée d’un système électrique totalement renouvelable à l’horizon 2050 est non seulement techniquement, mais aussi économiquement crédible : des coûts d’électricité de 11,5 à 12 centimes d’euro par kWh (contre 9,1 centimes actuellement) qui risquent fort de se révéler inférieurs à ceux associés à une poursuite de la politique nucléaire actuelle. On sait bien effet aujourd’hui grâce au dernier rapport de la Cour des comptes que la réhabilitation du parc (pour 10 ou 20 ans supplémentaires) va augmenter les coûts de 3 à 4 ct/kWh sans pour autant régler l’épineuse question du renouvellement du parc qui restera néanmoins indispensable dans 20 ans. Et les nouveaux malheurs de l’EPR, dont la cuve n’inspire pour le moins pas confiance, vont encore plomber son coût, si jamais il voit le jour, ce qui paraît de plus en plus improbable.

Dans ces conditions, il ne suffit plus de nier l’existence d’une politique crédible, différente de la politique actuelle, il va falloir démontrer que la politique actuelle est la meilleure…

En effet si une politique tout renouvelable est possible, avec ses avantages évidents en termes d’environnement, d’indépendance énergétique et d’emploi, on voit mal pourquoi on s’obstinerait dans une politique dont les risques environnementaux (accident majeur, déchets etc.) et industriels sont d’une autre ampleur.

C’est maintenant aux services du ministère, soit d’apporter la preuve que le scénario de l’Ademe ne tient pas la route, soit de montrer les avantages d’une poursuite de la politique actuelle.

En tentant de réduire l’Ademe au silence, le ministère de l’écologie ne chercherait ils qu’à gagner le temps nécessaire à la mise en place d’une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dans la continuité de la politique passée, au besoin avec quelques inflexions ?

Ce serait une grave erreur, car, si, finalement, c’est la perspective d’un système électrique à dominante renouvelable qui doit finalement l’emporter à long terme, c’est dès la prochaine programmation pluriannuelle énergétique (PPE) qu’il faut en prendre acte. Nous n’avons pas le loisir de perdre cinq ans de plus avant de prendre les mesures qu’imposerait cette nouvelle orientation, en particulier en termes d’infrastructures de transport et d’économie d’électricité.

C’est donc sans attendre qu’il faut lancer et arbitrer ce débat soigneusement escamoté jusqu’ici par les pouvoirs publics avec la complicité active du lobby nucléaire.

Areva : la Cour d’appel de Paris confirme l’accusation de corruption au Niger

Lire le Jugement de la Cour d’appel

Alors qu’Areva s’apprête à publier des résultats financiers catastrophiques, les méthodes de cette entreprise sont illustrées de façon édifiante par la publication du jugement de la Cour d’appel de Paris dans l’affaire du “Don d’Areva” au Niger pour financer l’achat d’une avion pour le Président Issoufou… lui-même ex-cadre d’Areva.

Revenons au début de l’affaire : fin 2012, l’Observatoire du nucléaire révèle par communiqué un curieux versement ajouté à la dernière minute au budget national du Niger en discussion à l’Assemblée nationale de ce pays… supposé être indépendant depuis 1960 après avoir été colonisé par la France.

Ce versement de 35 millions d’euros, baptisé “le don d’Areva” par le ministre des finances du Niger, Gilles Baillet, est effectué au moment même où le Niger tente de renégocier le tarif (dérisoire) auquel Areva s’offre l’uranium extrait dans le désert au nord du pays, près de la ville d’Arlit.

Pour l’Observatoire du nucléaire, il s’agit là d’ “une manoeuvre relevant de la corruption, peut-être juridiquement, assurément moralement”. En clair : que le versement soit légal ou pas (sa légalité est contestée par l’opposition parlementaire nigérienne), il a dans tous les cas pour objet de dissuader M. Issoufou d’exiger une réelle augmentation du prix de l’uranium.

Areva attaque immédiatement l’Observatoire en justice pour une prétendue “diffamation”, et il faudra plus de deux ans de combat à la petite association, condamnée par un jugement scandaleux en première instance en avril 2014, bien qu’ayant produit contre Areva des preuves accablantes, pour sortir victorieuse… et éviter au passage sa disparition : la multinationale réclamait des pénalités s’élevant à plus de 30 000 euros !

Les termes du jugement de la Cour d’appel de Paris sont particulièrement intéressants en ce qu’ils valident l’accusation de “corruption morale” concernant des versements qui peuvent être légaux… mais dont l’objectif est exactement le même que des versements occultes, influer sur les décisions du bénéficiaire :

Le terme de “corruption” n’est que l’interprétation de cette aide qu’en fait l’auteur qui précise bien “probablement juridiquement, assurément moralement”, ce qui signifie clairement qu’il s’agit de son opinion sur cette aide budgétaire, sur l’existence de laquelle il avait bien une base factuelle suffisante.

L’examen des propos tenus permet de constater que l’auteur parle de corruption avec les réserves “probablement juridiquement, assurément moralement”, réserves qui permettent au lecteur de comprendre que c’est l’appréciation que l’auteur donne de ce don qui lui permet de le qualifier de corruption au sens moral.

Par ailleurs, la Cour d’appel a souligné le sérieux de l’enquête menée par l’Observatoire du nucléaire et le caractère probant des documents rendus publics par l’association :

Stéphane Lhomme poursuivait un but légitime d’information visant à porter à la connaissance du public l’existence d’un don de la part d’une des plus importantes sociétés industrielle française disposant de fonds public, la société Areva, à l’État du Niger.

Les trois documents sur lesquels Stéphane Lhomme s’est fondé pour écrire l’article incriminé (…) révèlent effectivement l’existence d’un don de la part de la société Areva pouvant permettre à l’Etat du Niger d’acquérir un avion pour le Président.

Ces données pourront assurément éclairer la lanterne de M. Pascal Canfin, ministre du développement au moment de l’affaire, et réputé pour “combattre la corruption”. Interpellé par Stéphane Lhomme lors de la matinale de France inter le 21 janvier 2013, M. Canfin avait pris fait et cause pour la multinationale atomique.

L’affaire se termine donc bien sur le plan juridique mais, entre-temps, le Président Issoufou a une nouvelle fois accordé à Areva un tarif très faible pour l’uranium et, comme par hasard, le Président nigérien a enfin obtenu son nouvel avion. Officiellement, “Areva n’a pas participé à cet achat”.

Officiellement aussi, mais de façon certaine, le Niger reste le pays le plus pauvre du monde et sa population n’a aucunement bénéficié de 50 ans de pillage de son uranium par la France nucléaire…

Observatoire du nucléaire
Communiqué du mardi 3 mars 2015

Chaine humaine pour l’arrêt du nucléaire le 14 mars 2015

Le 14 mars 2015 aura lieu la chaine humaine antinucléaire Tricastin – Marcoule – Cadarache  

RECH_ChaineHumaine - 14 mars 2015
Nous vous donnons  rendez-vous à 14h tout au long du tracé
Nous comptons sur votre aide en participant et en diffusant cette information à tous vos contacts ; nous vous en remercions par avance !

A l’origine de la grande chaîne humaine dans la vallée du Rhône le 12 mars 2012, l’association Réaction en Chaîne Humaine ( RECH ) a le projet d’interpeller à nouveau chaque citoyen français et lui proposer de faire une nouvelle chaîne humaine le 14 mars 2015.
A 14h , cette chaîne humaine reliera la centrale du Tricastin, qui accueille la plus importante concentration d’industries nucléaires et chimiques de France et dont les réacteurs ont dépassé les trente années de fonctionnement à Marcoule où le projet Astrid, un « réacteur à neutrons rapides » a la particularité d’utiliser le plutonium, l’élément le plus dangereux issu de l’industrie nucléaire, et le sodium comme fluide caloporteur, qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau , et enfin à Cadarache où le projet ITER est un projet expérimental sur la fusion, pour tenter de recréer la réaction du soleil et maîtriser cette réaction pour produire de l’électricité, et cela pour un coût de 16 milliards d’euros. Rejoignez la chaine humaine du 14 mars 2015 pour affirmer votre opposition à la poursuite du nucléaire en France !
Contacts :
RECH : contact-Rech(a)chainehumaine.fr , 07 77 202 771
SDN 26-07 : contact(a)sdn26-07.org , 09 72 35 89 60 ou 06 08 40 33 09
SDN sud 07 : sortirnucleairesud07(a)gmail.com , 06 75 50 29 86
informations sur l’organisation à consulter
tracé prévisionnel

Nucléaire : l’effet d’annonce de Mme Royal est encore plus risible que celui de M. Sarkozy en 2008

Observatoire du nucléaire – Communiqué du 14 janvier 2015

Il a donc suffit d’un simple effet d’annonce de Mme Royal – “Il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées” – pour que les zélateurs habituels de l’atome s’enflamment et titrent ici ou là sur le “grand retour de l’atome”… annoncé depuis 15 ans mais jamais au rendez-vous.

Rappelons donc que, le 25 septembre 2008, alors Président de la République, M Sarkozy s’autorisait déjà exactement ce même effet d’annonce sans lendemain : “Le remplacement de nos centrales nucléaires par les centrales de la nouvelle génération sera accéléré” (cf ci-dessous dépêche AFP du 25/09/2008).

Jamais avare de vaines déclarations, M. Sarkozy avait même annoncé quelques mois plus tard le choix du site pour un second EPR en France : “Le président de la République confirme le lancement à Penly, en Seine-Maritime, de la réalisation d’une deuxième centrale nucléaire de type EPR en France” (cf ci-dessous dépêche AFP du 29/01/2009). Tout ceci a piteusement été abandonné entre temps.

Six ans et demi plus tard, non seulement les rêves des nucléocrates n’ont pas progressé d’un pouce, mais la situation de l’atome hexagonal s’est tellement dégradée que l’annonce de Mme Royal n’est plus seulement vaine (comme celles de M. Sarkozy), elle est aussi totalement ridicule.

Ainsi, après avoir atteint 87 euros et 82 euros à la bourse de Paris, les cotations d’EDF et d’Areva se sont effondrées à 21 euros et 9 euros, respectivement 75% et 90% de pertes. Un véritable “triomphe”. Il est désormais de notoriété publique qu’Areva est en situation de faillite, plombée entre autre par le chantier catastrophe de l’EPR finlandais et par l’affaire de corruption Uramin, mais aussi par le marché mondial du nucléaire, en totale déconfiture.

Un “joli” bilan pour Mme Lauvergeon qui a pourtant été encensée par la presse pendant ses années de règne, surnommée “la femme la plus puissante du monde” ou “Atomic Anne”, et félicitée pour avoir remis l’industrie nucléaire “sur les bons rails” : il s’agissait en fait d’une voie de garage, avec probablement une dérivation vers la case prison si la justice n’est pas empêchée de faire son travail.

La situation d’EDF est à peine moins dramatique, elle-même plombée par son propre chantier EPR de Flamanville (Manche) mais aussi par la production de plus en plus massive d’électricité renouvelable en Europe : après avoir raillé si longtemps ces énergies renouvelables prétendues “négligeables”, les atomistes se plaignent désormais de leur production trop massive… et trop bon marché !

Et ce d’autant plus que, pendant ce temps, le coût du nucléaire a explosé : pour pouvoir prétendre que l’électricité nucléaire était “bon marché”, et même “la moins chère du monde”, les nucléocrates ont repoussé dans le temps les lourdes factures inhérentes à cette industrie. Mais l’heure des comptes a sonné.

Ainsi, les augmentations du prix de l’électricité en France se succèdent à un rythme effréné et ne sont pas près de s’arrêter. Et encore, EDF a à peine entamé le programme pompeusement appelé “grand carénage” qui consiste dépenser – et non à “investir” comme le prétend EDF, terme malheureusement repris tel quel par de nombreux médias – pour rafistoler à grands frais les réacteurs en commençant par les plus délabrés.

Annoncé à 55 milliards, le coût de ce programme sera probablement de 100 ou 150, voire 200 milliards : dans le nucléaire, les factures réelles sont toujours beaucoup plus lourdes qu’annoncé, comme le démontre ce pauvre réacteur EPR dont le coût est passé de 2,8 milliards au départ à près de 10 milliards aujourd’hui, en attendant les factures finales pour Areva et EDF.

L’industrie nucléaire française va avoir de grandes difficultés pour simplement survivre, il est donc totalement improbable de la voir construire de nouveaux réacteurs, ce dont elle s’avère d’ailleurs totalement incapable techniquement tant en Finlande qu’à Flamanville, mais aussi financièrement.

La construction du parc nucléaire actuel a été décidée au début des années 70 par quelques personnes, sans même l’aval de l’Assemblée nationale, et elle a été financée par l’argent public qui coulait encore à flots à l’époque (c’était encore la période dite des “Trente glorieuses”). Les “élites” actuelles n’hésiteraient absolument pas à rééditer le même coup de force antidémocratique mais, cette fois, les caisses sont vides…

Les déclarations de Mme Royal sont donc parfaitement vaines et ridicules, il n’y aura pas de nouveau parc nucléaire. EDF va juste essayer de faire durer le plus longtemps possible les réacteurs actuels… probablement jusqu’à ce que l’un d’entre eux devienne le Fukushima français.

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(1) L’effet d’annonce de M Sarkozy en 2008, qui semble avoir fait aujourd’hui l’objet d’un “copier coller” de la part de Mme Royal.

Sarkozy veut accélérer le remplacement des centrales nucléaires

AFP – 25 septembre 2008 – Le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi à Toulon son intention d’accélérer le remplacement des centrales nucléaires “par les centrales de la nouvelle génération”.

“Le remplacement de nos centrales nucléaires par les centrales de la nouvelle génération sera accéléré”, a déclaré le chef de l’Etat dans un discours sur la situation économique, après avoir assuré que le gouvernement allait “développer massivement les programmes de recherche dans les nouvelles sources d’énergie” et “les technologies propres”.

M. Sarkozy avait annoncé début juillet la construction, en France, d’un deuxième réacteur nucléaire de troisième génération EPR dont la construction pourrait démarrer en 2011. Un premier EPR est actuellement en chantier à Flamanville (Manche, ouest) et doit entrer en service en 2012.

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(2) L’annonce gratuite de M Sarkozy en janvier 2009. Il n’a plus jamais reparlé de ce projet qui a été enterré depuis par EDF. A noter que la construction devait “commencer en 2012″…

Sarkozy confirme la construction d’un 2eme EPR à Penly

AFP – 29 janvier 2009 – Le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi soir par un communiqué la construction d’une deuxième centrale nucléaire EPR à Penly (Seine-Maritime), confirmant les informations du site internet du Figaro.

Le chef de l’Etat confirme aussi que GDF Suez sera associé minoritaire du projet conduit par EDF. “Le président de la République confirme le lancement de la réalisation d’une deuxième centrale nucléaire de type EPR en France”, indique un communiqué de l’Elysée.

“L’Etat valide le projet d’EDF de réaliser cette centrale sur le site de Penly, en Seine-Maritime”, lit-on ensuite : “EDF réalisera cet équipement dans le cadre d’une société de projet dont il aura la majorité. GDF SUEZ sera associé à ce projet. D’autres partenaires désireux de partager l’investissement et l’approvisionnement électrique seront invités à y participer”.

L’Elysée précise qu’EDF “déposera dans les prochaines semaines un dossier sur ce grand projet à la commission nationale du débat public, en vue de commencer la construction en 2012 et de raccorder la centrale au réseau en 2017”. Enfin, “dans la perspective du développement ultérieur de la filière, l’Etat reconnaît la volonté de GDF SUEZ d’assumer la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation de l’EPR suivant”, c’est-à-dire le troisième du genre.