Je dois les raisons de l’abandon de mon poste de Président aux adhérents et sympathisants du CRILAN et à toutes celles et ceux, de l’extérieur, avec lesquels j’ai travaillé.
Je suis un jeune de…79 ans : il était temps que je laisse cette responsabilité pour la pérennité de la lutte.
Voici un bilan non exhaustif
Président fondateur du CRILAN en 1975 et à nouveau de 2004 jusqu’au printemps 2018, sans cumul de responsabilités pendant mes fonctions politiques et institutionnelles (conseiller régional-1986-1989) et de 1992 à 2004, et réélu toujours de façon indépendante, député européen de 1989 à 1992, vice-Président de la commission énergie, recherche et technologie pour le groupe VERT européen. M’ont succédé un temps, Charles Guibert, Alexandre Boivin, Christian Lamotte, Jacques Piquery, Michel Frémont.
J’ai demandé à être remplacé en tant que président du CRILAN depuis plusieurs années : c’est maintenant le terme. Je n’exerce plus la présidence du CRILAN après que le nouveau conseil d’administration désigné par l’assemblée du 25 mars 2018 a été mis en place. Une passation s’est faite le 11 avril au niveau des responsables (Présidence, secrétariat … ) et continue de se faire progressivement ( siège, transfert de matériel etc)
Je reste membre du C.A. tant que l’A.G. le souhaitera, que ma santé le permettra et que l’orientation du CRILAN me conviendra.
Parallèlement, toujours à mes côtés, Paulette, abandonne le secrétariat épuisée par les lourdes tâches organisationnelles, en particulier du rassemblement du 30 septembre 2017 à STLô et le 15 mars dernier, de la venue réussie, à Flamanville, de Naoto KAN, Premier Ministre japonais au moment de la catastrophe de Fukushima. Elle reste à ce jour au Conseil d’administration afin d’ assurer le passage nécessaire.
Le CRILAN existe depuis plus de 40 ans (cf brochure) dans un état très centraliste, associant capitalisme d’Etat avec le nucléaire, avec un système capitaliste privé très libéral, et ce, dans un régime politique de type bonapartiste.
Le Cotentin est devenu peu à peu un bastion du nucléaire avec :
- la fabrication de sous marins nucléaires à l’arsenal de Cherbourg,
- La première usine du CEA (en secours en cas d’accident à Marcoule) pour extraire le plutonium nécessaire à la bombe à partir des combustibles irradiés (1%) des centrales nucléaires et ce, à la Hague, accompagnée du centre de stockage Manche géré, à l’origine par INFRATOME, entreprise privée disparue ( mais pas les déchets, environ 100kg de plutonium.) La COGEMA a pris la suite pour des raisons commerciales, à partir de 1976 ( contrats étrangers) devenue plus tard AREVA NC et maintenant ORANO.
- Le terminal ferroviaire de Valognes.
- Les transports routiers de plutonium vers Marcoule où se fabrique le MOX.
- La centrale EDF , à Flamanville, choix politique et technique ( pour fournir l’électricité à une usine de la Hague qui visait un formidable développement, prévue avec une ligne THT de 400 000 volts revue à…90 000) .
- Le poste de transformation THT de l’Etang-Bertrand.
LE CRILAN A TENU, DANS LES DIFFICULTES, SON RÔLE D’INFORMATION :
- En Région :
- Meetings et rencontres avec Cabu, J.Y Cousteau, le général de Bollardière, René Dumont, Georges Arnaud, Solange Fernex… et tellement d’autres qui nous ont soutenus aussi bien moralement que financièrement…
- De nombreux étudiants, lycéens et débats dans les Facs.
- Réunions publiques contre l’enfouissement des déchets.(Athis, Barfleur, Fougères, Bais…).
- Participation à des actions, avec d’autres assos ( contre le MOX, les couloirs de lignes THT…)
- Participation aux CLIs, le I signifiant info est non intégration et cogestion
Aux niveaux national et international :
Compte tenu de la situation « privilégiée » du CRILAN et du Cotentin :
- Réceptions et déplacements de militants en relation avec notre stratégie de contournement du mur de la honte de la Hague ( Grillages, police, armée…)
- Avec l’étranger : Niger, ( Touaregs), Japon (dès 1977, puis Fukushima), Suède, Allemagne ( Wackersdörf, Gorleben), Italie, Suisse, Tchernobyl (avec le groupe Vert au Parlement européen), Belgique, Pays-Bas, Finlande( Olkiluoto), USA ( contre la construction par AREVA d’une usine de fabrication de MOX, et contre la reprise éventuelle de l’extraction du plutonium avec la commission OBAMA, dite « Blue Ribbon » à Cherbourg, avec succès, en relation avec l’Institut de recherche pour l’énergie et l’environnement de Washington.(IEER)
- En France, quant aux projets de centrales nucléaires ( Le Pellerin, Le Carnet, Plogoff, Plouezec, ST Jean du Doigt, avec succès), mais aussi à Malville, Civaux, Golfech etc.. et quant aux projets de centres d’enfouissement de déchets à Parthenay, Segré, Angers, la Bresse, l’Aisne, les Cévennes, avec succès sauf …à Bure où le CRILAN est aussi allé à plusieurs reprises.Les combats à la Hague et à Bure ne doivent pas à être séparés.
LE CRILAN A ETE AU COEUR DES LUTTES ET DES ACTIONS :
Seul ou avec des collectifs, quels que soient les Gouvernements ,
- Contre l’extension de l’usine de la Hague à des fins commerciales avec l’Union Régionale CFDT, en 1976 . Blocage et retour d’un train de déchets allemands en gare de Mézidon ( été 1981).
- Contre l’arrivée des déchets au port de Cherbourg et par voie ferrée. Dans un premier temps avec d’autres associations mais aussi partis politiques et syndicats de Gauche qui nous ont ensuite abandonnés , les uns après les autres.
- Avec le Réseau Sortir du Nucléaire ( adhésion du CRILAN, et membre du C.A de 2004 à la crise de 2010), avec lequel, le CRILAN a organisé le rassemblement de Cherbourg, en avril 2006 contre l’EPR ( 25 000 à 30 000 personnes).
- Avec les comités locaux anti-EPR et THT.
- Avec le collectif antinucléaire Ouest depuis 2015 ( Rassemblement de Siouville et de STLô en 2016 et 2017).
- En 1977, occupation d’un mois du site de Flamanville et dépôt des grillages.
- Mise en place d’un GFA, comme au Larzac pour éviter les emprises de terrains. Résultats: environ 18 mois de retard seulement et obligation, pour EDF de procéder à une concession sur la mer de 36 hectares pour compenser son espace réduit.
- Divers recours en justice, notamment celui de la mise en examen d’AREVA et la perquisition de son siège, contre le stockage illégal de déchets étrangers, et également contre l’ANDRA, qui ont abouti à l’arrêt des travaux sur le CSM, la nomination d’une commission dite Turpin sur son contenu, mais pas à la reprise du stockage Nord Est en 1996/97 : les travaux conseillés ne sont pas encore effectués, mais ces deux recours principaux ont permis l’accélération des retours de déchets aux pays d’origine.
- Quant à la justice d’ETAT, rendue par le Conseil d’ETAT, mieux vaut ne pas compter sur sa neutralité.
En conclusion :
De nombreuses victoires auxquelles le CRILAN a contribué en France et à l’étranger,
Mais des victoires seulement partielles et des défaites dans une région qui s’est vue colonisée par le nucléaire :
- 2 réacteurs et non 4 à Flamanville mais le 3 ème en fin de construction, L’EPR à risque !
- Une usine sur 2 seulement en fonctionnement à la Hague. (1000 à 1200 tonnes/an au lieu des 2000 souhaitées à l’origine). La plupart des projets de stockage de déchets en profondeur ont été abandonnés.
Plus mouvementiste ( par en bas) que partidaire ( par en haut), je suis plus convaincu que jamais de la nécessité de la lutte pour des raisons, non seulement environnementales et sanitaires, mais aussi sociétales, face aux limitations des libertés démocratiques et encore éthiques pour un avenir non mortifère. Et ce, quels qu’en soient les modes d’organisation face à l’état nucléaire.
Rien ne se serait fait sans vous, et, avec vous, l’action a été utile malgré la spécificité de la France nucléaire et du Cotentin. Que la lutte continue ! …
Le 23 avril 2018,
Didier ANGER
Je me dois d’exprimer toute notre gratitude à Didier Anger.
Un grand MERCI Didier
Georges Cingal
SEPANSO
(autrefois aussi FNE et BEE)