Un peuple civilisé doit trouver des solutions pour arriver pacifiquement à un résultat acceptable par tous.

Monsieur le président de la république, Monsieur le premier ministre, Madame la ministre de l’environnement,
Les projets d’aménagement du territoire divisent très souvent la population. Le processus de décision n’est pas exempt de reproches et l’opposition, pour se faire entendre, doit souvent braver la loi. Cette situation est source de tensions qui peuvent dégénérer en violences. Un peuple civilisé doit trouver des solutions pour arriver pacifiquement à un résultat acceptable par tous.

Dans le cas du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, pour désamorcer les tensions, vous avez décidé d’organiser un referendum dont le résultat s’imposerait aux parties de façon définitive. C’est une intention louable. Recueillir l’agrément de la population concernée est en effet une condition nécessaire. Mais elle n’est pas suffisante et ne justifiera pas l’abandon de la contestation. Les opposants pensent que l’homme a des devoirs vis-à-vis de la nature, de l’environnement, de la biodiversité et que les projets ne doivent pas aller à l’encontre de ces devoirs. Une loi votée à l’assemblée ne pourra être appliquée que si elle est reconnue compatible avec la constitution. De la même façon, un projet d’aménagement, voulu par les élus, approuvé par la majorité, doit aussi respecter des principes supérieurs pour être réalisé. Pour gagner en efficacité, il serait préférable de vérifier l’adéquation aux principes avant de demander l’accord de la population.

Mais quels sont ces principes ? Comment les définir pour qu’ils ne donnent pas lieu à des divergences d’appréciation ? Nous allons en proposer deux, l’un lié à la notion de développement durable, l’autre à des exigences de bonne gestion financière. S’ils sont tous les deux respectés et si le résultat du referendum est favorable, alors on pourra envisager de mener à bien le projet. Remarquons que ces critères ne font que formaliser les engagements officiels de notre pays vis-à-vis de l’environnement et de la réduction des déficits publics. Le but de cette pétition est de vous demander de mettre en œuvre cette démarche pour le cas de l’aéroport Notre Dame des Landes et pour les projets à venir.
Abordons maintenant le premier principe. Le respect de la nature est difficile à définir. A défaut de mieux actuellement, contentons-nous des objectifs de développement durable que personne n’ose remettre en cause. Deux indicateurs qui font l’objet d’études continues depuis plus de 20 ans, nous permettent de savoir où nous en sommes et, par leur évolution au fil des années, dans quelle direction nous allons. Il s’agit de l’empreinte écologique et de la biocapacité. L’empreinte écologique calcule, par pays et par habitant, la surface en ha nécessaire pour remplir tous les besoins : alimentation, habitat, déplacements, services, recyclage. La valeur pour la France est de 5,1 ha. La biocapacité évalue, par pays et par habitant, la surface disponible selon les mêmes critères. La valeur pour la France est de 3,1 ha. Ces chiffres proviennent du site www.footprintnetwork.org et ont été calculés pour l’année 2012. Si la biocapacité est inférieure à l’empreinte écologique, cela signifie que le pays ne peut satisfaire tous les besoins de sa population, qu’il est obligé d’importer des ressources ou qu’il épuise ses stocks. Dans une optique de développement durable, c’est une situation qu’il faut absolument chercher à rééquilibrer en diminuant l’empreinte ou en augmentant la biocapacité. Tout projet devrait être évalué vis-à-vis de son incidence sur ces deux indicateurs. Si le projet dégrade le rapport entre les deux, il doit être abandonné. Si malgré tout des raisons impérieuses obligent à le réaliser, il faut alors mener en parallèle un projet qui contrebalancera la dégradation attendue.

Venons-en au principe de bonne gestion financière.

Si le projet a une vocation économique, il faut en laisser le financement à des intérêts privés, sans aucun engagement ni caution des collectivités publiques. Le risque doit être assumé en totalité par l’investisseur. Si l’argent public est nécessaire, le financement doit se faire sans emprunt et résulter de provisions constituées au cours des années précédentes dans ce but. Emprunter oblige à payer un intérêt en plus du capital et augmente ainsi le coût. De plus, le remboursement d’un emprunt obère les finances, prive de moyens d’action et impose, pour de longues années, des choix antérieurs qui n’ont plus toujours leur justification. Quand on constitue des provisions, on peut espérer un léger revenu durant la période d’épargne. Quand les fonds sont réunis, il est encore temps de réévaluer l’intérêt du projet. Quand l’investissement est lancé, il ne pèse pas sur les années à venir et laisse la liberté de moyens à ceux qui gèrent. On objectera peut-être que le projet est différé le temps de l’épargne. A un niveau collectif, quelques années ont peu d’importance. Dans le cas de l’aéroport Notre Dame des Landes, le projet remonte à plus de 50 ans. Que ce soit pour un particulier ou une collectivité, vivre avec des économies plutôt que des dettes, c’est conserver de la liberté et une bonne capacité d’adaptation. Mais les dettes d’un particulier s’éteignent quand il décède, alors que les dettes de la collectivité sont léguées aux générations suivantes. Il est donc tout à fait immoral de contracter des emprunts qui devront être remboursés par d’autres. Honte à nous qui accumulons des dettes sans impérieuse nécessité et dégradons ainsi les conditions que connaîtront nos enfants.

Pour le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, l’Europe impose avant le début d’exécution des travaux, une étude d’impact environnemental. L’évaluation de l’incidence sur l’empreinte écologique et la biocapacité y aurait naturellement toute sa place. Ce devrait être la première étape de faisabilité du projet. Si elle est vérifiée, les modalités de financement seront à examiner. Si cette deuxième condition est aussi vérifiée, alors il pourra y avoir tenue d’un referendum. Il conviendra de bien en définir les règles, mais c’est un autre sujet qui ne sera pas développé ici.

Voilà la démarche que nous vous proposons pour mener à bien les projets d’aménagement du territoire et que nous vous demandons d’appliquer dès maintenant pour le cas de l’aéroport Notre Dame des Landes.

Dominique R

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10 réflexions au sujet de « Un peuple civilisé doit trouver des solutions pour arriver pacifiquement à un résultat acceptable par tous. »

  1. L’aéroport de NDDL est une abérration quand au coût, à la situation écologique et au double emploi avec l’aéroport de Nantes qu’il suffit d’agrandir.

  2. Il est clair que les projets d’aéroport de Notre-Dame des Landes, du barrage de Sivens, des EPR et de quelques autres ont été mal préparés, et n’ont d’intérêt que pour les groupes financiers qui les portent, non pour la collectivité ou le bien public. Le rôle de l’Etat devrait être exclusivement de défendre le bien public et les citoyens et être garant que la nature ne soit pas saccagée par des projets à court terme uniquement basés sur l’intérêt privé de grands groupes financiers. Si l’Etat ne fait pas son travail, il n’est plus l’Etat et il n’est plus respectable. Il est normal que les citoyens se rebellent contre ce type d’Etat-là et refusent son autorité.

  3. Non seulement le bénéfice s’il y en a ira dans la poche de Vinci, mais si ce dernier n’a pas de bénéfices, c’est l’Etat qui devra lui compenser cette perte avec l’argent des contribuables. Lesquels contribuables auront payé non seulement très cher cet aéroport mais devront continuer à payer pour son non bon fonctionnement.
    Il suffit en effet d’agrandir l’aéroport de Nantes et il a été prouvé qu’il peut être agrandi sans dommage pour l’environnement, alors qu’à notre époque, préserver la bio diversité du lieu de N-D des Landes pour ce 2ème aéroport est une abberration, de même que d’en chasser les paysans qui sont des travailleurs de la terre et qui iront grossir les rangs des chômeurs en perdant leur gagne-pain.
    Reconnaissons la véracité du combat de ceux qui luttent depuis des mois pour préserver cette zone de la construction de cet aéroport.
    L’Etat n’est pas objectif dans cette histoire puisqu’il est dans la main des multinationales, on ne peut qu’être du côté des citoyens qui eux veulent la vérité. Tous les arguments vont contre la construction de cet aéroport !

  4. Tout d’abord, grande question, est on encore dans un pays civilisé ou dans un pays totalitaire? Au regard des évènements de ces dernières années, je pencherai plutôt pour la seconde version. Tout d’abord nous sommes exposés au déferlement des exactions de la dictature économique libérale, exactions qui se sont amplifiées dans la dernière décennie.Celle ci est loin d’être civilisée car elle ne sert que les intérêts d’une oligarchie totalitaire.Les gouvernements et les hommes politiques sont inféodés à cette oligarchie, ce qui explique que l’ensemble des pays sur cette planète ( hormis quelques exceptions ) ne sont pas des démocraties, malgré ce que l’on veut nous laisser croire en nous laissant glisser un bulletin de vote dans l’urne de temps en temps. Mais la contestation face à ce système totalitaire augmente. Alors pour la museler, les gouvernements ont recours à des méthodes de plus en plus expéditives: assassinat d’opposant politique ( Rémi Fraisse ) , assignation à résidence et perquisition administrative chez les opposants, police de plus en plus violente et répressive, loi sur le renseignement pour fliquer tout le monde et bientôt réforme du code de procédure pénale pour faire que la justice perde toute indépendance face à l’exécutif. Donc, contre la face hideuse du totalitarisme, le peuple n’a plus qu’un seul moyen d’exprimer sa volonté ( car la voie des urnes est fermée car non représentative) , c’est d’en passer par la rue, chose qui ne se passe jamais sans heurts et sans violence.De toute manière, comme l’oligarchie et tous ses supplétifs ne voudront jamais renoncer à leurs privilèges, il faudra que cela soit le peuple qui les fasse descendre de leur piédestal afin de les éradiquer. Ressortons donc les charrettes de 1789.

    • bien sûr que vous avez totalement raison, moi aussi je veux faire la révolution mais je n’aurai ( et n’en voudrais pas) jamais la puissance armée de nos dirigeants. Par contre avec le peu de liberté qu’il nous reste, je me prends à rêver qu’une autre solution est possible à condition d’arriver à convaincre chacun qu’il existe encore des moyens légaux de faire plier les décisions arbitraires qui ne concernent pas hélas que NDL. Introduire ces autres paradigmes dans une étude d’impact apportent des éléments mesurables, chiffrables aisément, (contrairement à l’empreinte carbone) et donc incontestables, car c’est ça l’enjeu. si vous adhérez à cette volonté de mettre en jeu des solutions acceptables par tous, soutenez cette pétition et faites la connaître à votre entourage
      https://www.change.org/p/jean-paul-dumery-notre-dame-des-landes-des-crit%C3%A8res-pour-d%C3%A9cider?recruiter=519879026&utm_source=share_for_starters&utm_medium=copyLink . Seul un grand nombre de signatures pourra convaincre le gouvernement: oui à la révolution mais pas à n’importe quel prix.

  5. J’ai signé la pétition car elle apporte une possible méthodologie applicable à tous ces grands projets d’aménagement, ce qui serait un mieux, mais pour moi, elle est déjà critiquable. Pas sur le point impact écologique et environnemental, mais sur celui du financement. L’emprunt peut se justifier pour des infrastructures qui apportent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux supérieurs aux coûts qu’ils génèrent. Refuser l’emprunt, entrer dans le dogme de la dette comme dû aux institutions financières, est à mon avis une erreur que nous ne devons pas commettre. De même, se réfugier derrière les normes européennes dont on sait qu’elles sont souvent influencées par les lobbys n’est peut-être pas forcément judicieux d’un point de vue politique, même lorsque ces normes nous sont favorables d’un point de vue juridique.

    • Idéalement, “l’emprunt pourrait se justifier s’il apportait des bénéfices sociaux.”.Dans les faits, c’est qu’on ne connaît jamais à l’avance les bénéfices ou on les présente comme tels (nucléaire, TGV) et on sous-estime en général les coûts. Si l’investissement public était la solution, la France serait un des pays les plus prospères au monde. En fait, les emprunts n’ont fait que s’additionner au point de mettre en péril la stabilité économique du pays. Pour conjurer le danger bien réel (la Grèce le vit, le Portugal est menacé, l’Argentine l’a vécu), il faut s’en tenir à des règles simples de bon sens. Pour moi, l’histoire devrait nous permettre des remises en question, à travers les leçons du passé. Et sur un plan éthique, se pose toujours les questions “à qui l’on emprunte? et quelles en sont les contreparties?” Faust a payé cher son pacte avec le diable!
      Aussi à quelles normes européennes faites-vous allusion? pour la finance? ou pour l’environnement?

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