Par dédé l’Abeillaud
C’est à travers l’exemple qui va suivre que le constat apparaît encore plus accablant : l’immobilisme politique en matière d’environnement est un indicateur flagrant de l’absence de volonté locale d’emprunter les chemins vertueux de la transition écologique pourtant plus que jamais nécessaire. C’est aussi parce que l’association “A quoi ça serre” s’est saisie du projet de restructuration de la station d’épuration de Plougastel-Daoulas (29) que ces évidences sembleraient devoir se matérialiser en faveur de changement profond et passif à l’instar de décisions coûteuses, polluantes et inefficaces. Mais le cas de la commune est bien plus symptomatique d’une gestion générale des deniers publics inappropriés quand il s’agit de rompre avec des habitudes d’attribution des marchés publics à ceux-là mêmes qui font la pluie et le beau temps comme la compagnie des Eaux du Ponant, fervent partisan du bétonnage et du tuyautage pour justifier son statut faussement appelé “Société publique locale” et conserver une exclusivité autour du profit de l’eau, la rendant incontournable techniquement. La duplicité entre la capitalisation de l’argent public et le politiquement complaisant ne fait pas de doute. La recherche d’une économie des moyens n’est pas à l’ordre du jour, il faut avant tout rentabiliser l’activité du maître d’ouvrage unique afin de garantir un système orienté, engagé dans un tourbillon de dépenses non maîtrisées puisque de plus en plus gigantesques, avec en sus la fâcheuse propension à dévorer de l’espace (Quand on pense aux ressources mises en oeuvre au départ pour expliquer ensuite que les coûts prévisionnels ne seront pas ceux initialement prévus, il y a de quoi effectivement avoir le vertige).
Le cas de figure de la station d’épuration de la commune n’échappe pas à la règle. Des millions d’euros des contribuables seront déversés dans l’anse de la rivière du Caro, à travers la construction d’un émissaire (tuyau), au demeurant loin de régler les problèmes des restachoù fécaux selon un agent assermenté de la police de l’eau (Onema) qui avoue dixit : “Le caro est de toute façon foutue”. Si le dicton dit que l’argent n’a pas d’odeur il ne s’applique pas à Plougastel où il sent la flatulence.
Pourtant, des élus locaux, trop rares et certainement moins dispendieux que le maire de Plougastel, ont fait le choix de la “maîtrise des dépenses” dans la durée. Confrontés au scepticisme, à la mauvaise foi, à la passivité ou au laisser faire, les adhérents de l’association n’ont d’autres choix que d’exposer des cas de figure de gestion communale réfléchie qui fonctionnent. Suite à l’initiative de Béatrice BREDEL, adhérente d”AQCS” qui a rencontré Jean-François BOISARD, maire d’une commune de l’Yonne, Saint Privé (89), l’association entend démontrer que le passage à des actes vertueux n’a rien de démesuré, certainement pas issus de pensées oniriques.
Station d’épuration de St Privé, visite guidée par Béatrice BREDEL
De même que St Privé, chaque commune dépend d’une agence de l’eau spécifique en fonction du bassin versant, c’est-à-dire le fleuve ou la rivière… dans lequel va être rejetée l’eau pure issue de la STation d’EPuration (STEP). Celle de St Privé, qui a 12 ans d’ancienneté (dimension 300 m2), a été mise en oeuvre par l’agence de l’Eau de Seine-Normandie. Auparavant la commune disposait d’une STEP classique qui assainissait les eaux usées de 150 foyers. Dans l’hypothèse d’une augmentation du nombre d’habitants la STEP a été dimensionnée afin de pouvoir subvenir à l’assainissement des eaux usées de 300 foyers.
Le site de phyto-épuration se situe à 500 m. à vol d’oiseau du village. Il est composé de 2 bassins principaux et d’un dernier bassin excentré où pousse des roseaux.Toute la station fonctionne de façon autonome mais nécessite un suivi régulier. Tous les deux/trois jours un basculement des valves est programmé. Il s’agit d’orienter les eaux usées vers des répartiteurs (tuyaux inox). Cette opération s’effectue en quelques minutes, mais permet surtout à l’employé municipal de vérifier le bon fonctionnement de la station.
Il passe à peine 1/2 d’heure sur le site. Une fois par an, à l’automne, la coupe des roseaux se fait de façon manuelle, et non pas mécanique, afin d’éviter d’abîmer le réseau de tuyaux inox qui, eux, répartissent les eaux usées sous les végétaux.
Le fonctionnement se résume à amener les eaux usées dans le premier bassin. L’eau épurée une première fois se déverse dans le second bassin, où elle finit d’être assainie. Un troisième bassin retient l’eau qui est rendue pure au fossé.
En raison de la position géographique du village qui se situe en bordure du Loing, c’est à dire en aval, il a fallu investir dans des pompes de relevage.Tous les réseaux ultérieurs ont pu être conservés. L’eau provenant des habitations est stockée en utilisant les infrastructures existantes (bassins) de l’ancienne station. Le contrôle de l’eau rejetée est effectué tous les 3 mois par l’Agence Régionale de la Santé, et en fonction de l’équilibre biologique une prime symbolique au résultat est attribuée (1000 euros/an).
Les coûts engendrés à la mise en œuvre ainsi qu’à l’entretien et l’usage
Une grande partie de la mise en œuvre a été subventionnée par L’agence de l’eau permettant :
– de procéder à l’achat d’un terrain (un terrain en dénivelé a permis d’économiser sur le terrassement),
– de creuser des bassins,
– de mettre en place des tuyauteries,
– d’acheter des roseaux.
La municipalité a dû toutefois investir dans 2 pompes de relevage de 6000 euros chacune (investissement indispensable en raison de la position géographique du village) dont une pompe installée pour la configuration maximale à 300 foyers. En 12 ans la municipalité a seulement racheté une centaine de roseaux de remplacement. Les coûts liés à l’entretien sont donc pratiquement inexistants.
La question de la phyto-épuration s’est posée dans la commune lorsque la station classique avait besoin d’être redimensionnée (agrandie). Selon le maire de St Privé : “Toutes les communes alentour ayant opté pour un agrandissement classique sont en déficit sur les questions d’épuration, tandis que St Privé ne l’est pas”.
Sa conclusion ne souffre pas d’ambiguïtés. « Il s’avère en dernier ressort que le choix d’une méthode d’assainissement n’est pas un choix économique pour tel ou tel système, car les coûts sont sensiblement les mêmes, mais relève avant tout d’une politique environnementale volontariste».
Bel exemple de gestion de l’eau en zone rurale et pour un nombre réduit de foyers (300). Qu’en est-il en zone urbaine et pour une concentration plus forte d’habitants ? Un tel système de phyto-épuration peut-il avoir sa place ? J’avoue que je reste dubitative. Mais pour les zones rurales, ce système me semble le meilleur. Cependant ne faut-il pas envisager un nettoyage des bassins de retenue au bout d’un temps ? Ils doivent pas mal s’encrasser, non ?
A St Privé, autre commune de l’Yonne, le récurage du bassin n’a été effectué qu’après plus de 10 ans de service. Si un dépôt existe il prend la forme d’une fine couche de sédiment, ce qui ne demande pas non plus une intervention mobilisant beaucoup de moyens