Nucléaire questions et mensonges.

Ce message ne s’adresse pas à ceux d’entre vous qui êtes engagés dans la lutte contre le nucléaire, mais à ceux qui suivent ces questions de plus loin et qui sont perturbés par les  annonces contradictoires le concernant. Lambition du texte ci-dessous est de faire un  point sur les polémiques actuelles, à partir de données classées par thème permettant à  chacun de piocher des informations en fonction de questionnements ou de réponses à  apporter face à l’argumentation des tenants du nucléaire présenté comme indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique, immense mensonge, comme celui concernant la sortie du nucléaire en Allemagne.
Pierre Péguin, décembre 2021.

Face à l’offensive médiatique pour relancer du
nucléaire revenu en grâce, avons-nous perdu la
bataille idéologique ?

La bataille idéologique autour du nucléaire est relancée depuis peu autour de la
problématique du climat qui mobilise beaucoup de jeunes et de militants écologiques. Pour le lobby du nucléaire affronté à de multiples difficultés et au bord de la faillite, c’est  inespéré et il mobilise ses réseaux pour prétendre que sa production électrique est  « décarbonée », que l’arrêt du nucléaire en Allemagne s’accompagne de l’augmentation  de la consommation de charbon, et que les énergies renouvelables posent trop de  problèmes.
Le spectacle a de quoi déconcerter. Alors que le mouvement écologiste s’est construit  dans les années 1970 en France contre l’essor de l’industrie nucléaire, nous voyons cette  dernière tenter aujourd’hui d’investir nos terrains de lutte. L’offensive est générale. Elle se  fait à grands coups de campagnes publicitaires avec le soutien d’élus, et d’influenceurs  tels que Jancovici de Shift Project, dans le but de convaincre l’opinion publique d’accepter  la construction de nouveaux réacteurs.
Le combat est particulièrement intense auprès de la Commission européenne et du  Parlement européen. L’enjeu est de taille, il s’agit pour le gouvernement français d’obtenir  que l’Europe classe le nucléaire comme une énergie « verte », car prétendument  « décarbonée ». Pour cela E. Macron s’allie à certains Etats contestés tels que la Hongrie, la Pologne et la Tchéquie, et pour avoir leur soutien s’engage à soutenir que le gaz naturel soit aussi qualifié de « vert », et à fermer les yeux sur le charbon polonais !

Le sujet s’infiltre dans la campagne présidentielle, entre les pro nucléaire (le PC, toute la  droite et l’extrème droite) et les rares anti (NPA, FI, EELV) qui n’appellent qu’à un arrêt  progressif calqué sur le scénario Negawatt. L’opposition radicale appelant à l’arrêt au plus  vite pour nous épargner d’avoir à subir une catastrophe atomique est donc absente des débats de la prochaine élection…. Et si deux des six scénarios présentés par le réseau de transport d’électricité RTE montrent bien que nous pourrions produire une électricité 100% renouvelable sans recourir au nucléaire, il n’est question bien sûr que de construire de nouveaux réacteurs que réclame même la Cour des Comptes !

Dans le même temps en France, les déclarations se succèdent annonçant l’imminence de la décision de construire de nouveaux EPR, et même de lancer une filière de petits réacteurs, tandis qu’en sous-main et sans attendre les autorisations officielles, EDF passe déjà ses commandes. Le fiasco des projets en cours, les difficultés financières d’EDF et d’Orano/Areva sauvés de la faillite par les contribuables n’empêchent pas nos dirigeants de foncer dans le mur….

Non le nucléaire ne sauvera pas le climat, c’est un
mensonge que de le prétendre décarboné, de plus il contribue au
réchauffement climatique, tout en répandant dans l’environnement
de dangereux éléments radioactifs.


S’il est vrai que le fonctionnement d’un réacteur n’émet pratiquement pas de gaz
carbonique, par contre tant l’amont que l’aval consomment beaucoup d’énergie fossile,  nécessitent beaucoup d’extraction, et génèrent énormément de pollution : Béton et acier de la construction du réacteur, extraction du minerai d’uranium abandonnant aux populations locales démunies des stériles radioactifs, transport jusqu’à Malvesi (Narbonne) où est affiné chimiquement, enrichissement au Tricastin, élaboration des barres de combustibles à Marcoule, Romans, livraisons aux centrales, etc. .
Et en aval, une fois « usés » les combustibles sont transportés à la Hague pour y être retraités et stockés dans des piscines déjà saturées. Les plus dangereux d’entre eux devront être gérés pendant des centaines de milliers d’années avec un coût énergétique carboné incalculable et des installations gigantesques nécessitant d’énormes travaux….Ainsi la création contestée d’un immense centre de stockage souterrain (Cigéo), à Bure dans la Meuse, nécessiterait des travaux pharaoniques pendant des dizaines  d’années. Enfin le démantèlement à venir des centrales nécessitera des travaux importants qui poseront des problèmes difficiles à résoudre.
Tous comptes faits prétendre que le nucléaire fournit une énergie décarbonée est un immense mensonge !

ET les centrales réchauffent leur environnement.

Les centrales thermiques n’ont pas un bon rendement thermodynamique à part celles au gaz , tandis que celles à l’uranium plafonnent à un tiers, ce qui signifie que lorsqu’un réacteur fonctionne par exemple à sa puissance électrique de 950MW , il émet deux fois plus de mégawatt dissipés en chaleur qui réchauffe ou évapore de l’eau, perturbant l’environnement. Cette chaleur est inutilisable car il est beaucoup trop dangereux de mettre du nucléaire près des villes, c’est pourquoi elle ne sert qu’à développer des élevages ridicules de crocodiles….


Le nucléaire ne sauvera donc pas le climat, il en subira plutôt les conséquences,
Les centrales atomiques sont vulnérables aux événements climatiques (inondations, sécheresse), et aux séismes imprévisibles. Tandis que les renouvelables, très dispersés  dans le pays, ne peuvent subir que des dégâts localisés.
L’industrie nucléaire est un danger pour les populations par les rejets réguliers, dans l’eau  et l’air, de contaminants radioactifs qui affectent leur santé. Quant au risque croissant de  catastrophe on en imagine mal les conséquences qui affecteraient toute l’Europe occidentale et au-delà. Par ailleurs elle génère des déchets d’extrême dangerosité qu’on  ne sait pas gérer.
Enfin la société nucléarisée est incompatible avec un fonctionnement démocratique : Il y a-t-il jamais eu en France un débat national, un referendum, une décision de l’Assemblée à ce sujet ?


Pour Bernard Laponche, de Global Chance “L’énergie nucléaire ne répond pas au défi  climatique”.  et « Le nucléaire est la plus mauvaise méthode pour  faire bouillir de l’eau » .


Voir également ce texte collectif : « le nucléaire ne sauvera pas le climat »


Le grand mensonge à propos de la politique
énergétique controversée de l’Allemagne
:
Après la catastrophe de Fukushima en 2011, l’Allemagne a décrété la sortie du nucléaire et décidé de miser sur le développement des énergies renouvelables. Sur les 17 centrales existantes, onze sont déjà fermées, les six dernières le seront très prochainement. Une décision fort critiquée en France. Nos voisins germains sont accusés d’accroître leur  consommation de charbon, ce qui entraînerait une augmentation de leurs émissions de  CO2. Ainsi P. Thevenot porte parole d’En Marche a pu annoncer “prôner la fin du nucléaire permettra simplement de rallumer des centrales à charbon comme cela a été fait en  Allemagne”.
En réalité, rien n’est plus faux. La production électrique des centrales nucléaires et au  charbon ont baissé radicalement, tandis que celle des renouvelables a pris le dessus. Ainsi en 2014 le charbon contribuait pour 45% à l’électricité produite, il n’en fournit plus que 24% aujourd’hui. La part du nucléaire est passée de 27% à 11% en 2020. Mais ce sont les énergies renouvelables qui ont largement compensé cette baisse. Leur part dans la production d’électricité a atteint 44% en 2020 et le nouveau gouvernement annonce  vouloir accélérer cette transition.
Il est vrai qu’une nouvelle centrale à charbon a été mise en service en 2020, mais leur  nombre global a bien baissé, passant de 84 en 2010 à 63 aujourd’hui. Certes, la part de  l’électricité produite par les centrales à gaz (energie fossile la moins polluante et la plus  efficace) a un peu augmenté, passant de 12% à 16%, mais au final ce sont bien les  énergies renouvelables qui ont couvert le recul du charbon et de l’uranium, devenant, et  de loin, la source d’électricité la plus importante.
Évidemment, les émissions allemandes de gaz à effet de serre sont encore plus élevées  que celles de la plupart des autres pays européens, du fait de sa tradition du charbon et  de l’importance de son industrie, mais ce n’est pas la décision de sortie du nucléaire qui  en est la cause, et encore moins la forte progression des renouvelables.

Notons que l’Allemagne reste le 2ème exportateur mondial d’électricité, en particulier à  prix élevé vers la France aux heures de pointe. Celle-ci reste 1er exportateur d’électricité,  mais à prix cassé car il s’agit de la surproduction nucléaire en heures creuses…..
Une enquête menée cette année à l’occasion des 10 ans de cette sortie du nucléaire montre que trois quarts des Allemands saluent cette décision et jugent sévèrement ses voisins français dont le risque de catastrophe de l’un de ses vieux équipements menace toute l’Europe occidentale.

 


Les “petits réacteurs modulaires” un mirage de plus?
https://www.can-ouest.org/la-france-nucleaire-apres-les-maxi-les-mini/,
Pour les défenseurs du nucléaire, ces réacteurs de plus petite taille (ou “SMR”) seraient  plus sûrs et plus facilement acceptés par la population. Pourtant, il ne s’agit pas de  réacteurs “de poche” ! Avec 170 MWe, Nuward, le projet français dans les cartons,  représente 40% de la puissance du réacteur 1 de Fukushima, ce qui est loin d’être  dérisoire.
Si des réacteurs plus puissants sont effectivement plus difficiles à construire et à gérer,  multiplier les installations de petite taille soulève d’autres problèmes : encore plus de sites nucléaires et des transports radioactifs potentiellement plus nombreux, qui accroissent la  vulnérabilité du territoire français face au risque d’accident et au risque terroriste.
Et malgré leur petite taille, ces nouveaux réacteurs continueront à générer des déchets  radioactifs tout aussi ingérables. Ils relâcheront des radioélément dans l’environnement et  seront toujours une menace de catastrophe atomique. Enfin Ils perpétueront la pollution  des mines d’uranium et la dépendance de la France envers les pays producteurs de  minerais.
Leur prix est annoncé comme élevé, et le coût de leur électricité serait deux fois supérieur à celui des grands réacteurs. Les retards et surcoûts rencontrés par les deux seuls SMR actuellement connus dans le monde montrent qu’au delà de l’effet d’annonce et de mode, l’urgence climatique peut attendre…..

Cette volonté de développer les SMR apparaît comme une ultime tentative pour sauver une industrie en difficultés techniques et financières, avec l’espoir de vendre et d’exporter cette technologie. Mais leur commercialisation ne se fera pas avant une douzaine
d’années ! Le coût prévisionnel par MW installé serait triple de celui de l’éolien, sans compter les dérives possibles. Y investissent néanmoins actuellement, entre autres, le constructeur de moteurs d’avions britannique Rolls-Royce, et Bill Gates !

Peut-on arrêter quasi immédiatement la production
d’électricité nucléaire du pays ?

La question est-elle bien posée ?
Prenons l’exemple d’un immeuble dont on s’aperçoit qu’il menace de s’effondrer. On  l’évacue immédiatement, ou on attend d’avoir trouvé des conditions d’accueil des  habitants à reloger au moins aussi bonnes que dans leur ancien logement ?


Ne sommes-nous pas dans la même situation pour le nucléaire ? Tout le monde sait que  nous sommes menacés d’une catastrophe majeure, l’État s’y est préparé, il a fixé les  procédures réglementaires : L’armée est prête à assumer la gestion des flux de population à évacuer ou au contraire à bloquer chez eux ; il est déjà décidé que le seuil de  radioactivité artificielle subi par la population sera multiplié par 20 (augmentant d’autant  le nombre de victimes de la radioactivité); il est même prévu par l’Europe que la France  pourra continuer à exporter son blé contaminé (sauvant ainsi l’agriculture industrielle du  pays au détriment de la santé des consommateurs…), etc.


Tout est prêt, car tous les responsables savent que nous pouvons subir cet effondrement  d’un jour à l’autre.
,
Alors pourquoi ne pas arrêter dès maintenant cette technologie mortifère quelles qu’en soient les conséquences et les difficultés rencontrées ?
Et nous sommes là au cœur du problème, la « grandeur de la France », la poursuite de  l’armement atomique, les intérêts économiques et politiques, la quasi religion du nucléaire dont les grands prêtres sont souvent issus (formatés?) de Polytechnique-Corps des mines, concourent à imposer à la population le risque majeur d’avoir à subir cette terrifiante épreuve !


Enfin nous savons que l’Arrêt quasi immédiat du nucléaire est possible,
,
Les installations de production d’électricité européennes sont actuellement
surdimensionnées, et nous pouvons nous appuyer provisoirement sur elles, quitte à ce que certaines consomment des énergies fossiles, le temps que nous mettions en pratique une  politique de sobriété et que nous développions à notre tour suffisamment de renouvelables. Cela ne serait-il pas préférable à cette menace de catastrophe permanente  que fait peser sur nous cette énergie du passé ?
Qu’avons-nous à gagner à la « concurrence » entre les catastrophes climatiques et  nucléaires conduisant à un véritable négationnisme du péril nucléaire ?
,
On peut combattre les deux par une politique de sobriété …. dont on ne prend pas le chemin.


Macron l’a dit, « sans nucléaire civil pas de nucléaire  militaire et inversement », . Il faut se débarrasser des deux.

Les victimes du nucléaire. La Commission Internationale de Protection contre les  Radiations (CERI) a publié un rapport alarmant en 2003,

Il apparaît qu’une véritable épidémie de cancers, leucémies et autres pathologies s’est  développée à partir des années 70 liée aux multiples explosions de bombes atomiques  (plus de 2000 dans le monde) qui ont entraîné la dispersion de radioéléments sur  l’ensemble de la planète. Ceux-ci ont été terriblement préjudiciables à la santé non  seulement dans les zones d’essai, mais aussi partout dans le monde et l’ADN de tout le  vivant a été touché. Les résultats de l’étude sont impressionnants : De 1945 à 2002, 60  millions de morts, le double de cancers, les mortalités enfantines et autres. Combien  aujourd’hui ?
La France a contribué à ce carnage par ses 210 essais de bombes atomiques dans le sud-algérien et en Polynésie, elle laisse aux populations autochtones maladies et morts  prématurées dont elle résiste à en reconnaître la responsabilité.
L’uranium appauvri. Mais ce n’est pas tout, la France exporte des armes équipées  d’uranium (dit « appauvri »). Très lourd, habillant les têtes de projectiles, il est efficace pour transpercer les parois des blindages, des tanks, de béton. Leur explosion libère de  grandes quantités d’aérosols radioactifs d’uranium qui contaminent éternellement l’environnement. C’est criminel pour les populations qui en sont victimes.
http://arretsurinfo.ch/category/international/europe/france/page/6/,


Quant aux personnels qui ont à gérer l’armement nucléaire leur sort est peu enviable.
D’après une étude portant sur les années de 1970 à 1996, ceux qui ont manipulé des têtes nucléaires sur la base sous-marine de Brest (presqu’île de l’Ile-Longue) n’avaient aucune protection contre la radioactivité dont les dangers leur ont été dissimulés. Un quart d’entre eux était mort à 62 ans, et il y a eu nombre de cancers parmi le autres. Les familles se battent pour que l’armée reconnaisse ses fautes. https://www.asso-henri-pezerat.org/brest/.


Qu’en est-il sur la base de Toulon ou à Valduc là où sont fabriqués les missiles ?
Face à la barbarie du nucléaire militaire, il faut appeler à signer le traité d’interdiction des armes nucléaire (TIAN ) de l’ONU déjà ratifié par plus de 50 Etats et approuvé par 122 pays. Ce traité équivalent à celui d’interdiction des armes chimiques est l’avancée la plus importante de ces dernières années car il permet à un Etat comme la France de renoncer à l’arme nucléaire sans attendre que les autres puissances nucléaires fassent de même.
Nous avons à condamner la menace que représente l’armement nucléaire français, sans attendre que les autres pays fassent de même.


Peut-on au moins compter sur la protection des organismes officiels de
protection contre les rayonnements ?
En fait, nationaux ou internationaux, ils font tout pour cacher la gravité des dégâts humains de cette technologie et en nier le nombre de victimes. Ils ont d’abord pour rôle de protéger l’industrie de l’atome plutôt que la santé des populations. Ils vont jusqu’à prétendre que les pathologies liées aux contaminations radioactives sont dues pour l’essentiel à la « nucléophobie »! Ils obligent les populations biélorusses à vivre dans le « jardin nucléaire », en application du programme Ethos-Core, et vont jusqu’à supprimer les cures de pectines pouvant alléger les souffrances des enfants contaminés!
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2016/11/07/Vivre-dans-le-jardin-nucleaire-avec-Ethos-un-crime-contre-l- humanite,

Cela montre ce qui nous attend en cas de catastrophe en France, soyons sûrs que les autorités prétendront que « la situation est sous contrôle » après avoir muselé les voix  discordantes et neutralisé la Criirad (Commission de recherche et d’information  indépendantes sur la radioactivité) pour que ne soit pas diffusées les mesures réelles de radioactivité ambiante….  
Il ne faut pas hésiter à qualifier les activités nucléaires aussi bien militaires que civiles de  criminelles.

Dans le monde, La fin programmée de l’énergie
nucléaire ?
La nouvelle édition du « World Nuclear Industry Status Report » sur la situation du  nucléaire civil dans le monde vient de sortir. Ce rapport présente chaque année un panorama du parc nucléaire mondial. Bien que maintenu à flot par la Chine, il ne couvre que 10 % de l’électricité mondiale produite, soit 2 % seulement de l’énergie totale consommée sur la planète.. Il n’est guère optimiste pour l’avenir…

Un déclin irréversible ? Tandis que le plus grand constructeur de l’histoire du nucléaire Westinghouse a fait faillite en 2017, Areva techniquement en faillite a été sauvée par l’État et restructurée, devenant Orano pour une part de ses activités.
Les réacteurs vieillissants ne sont guère remplacés, tandis que les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives. À la mi-2021 33 pays exploitaient 415 réacteurs nucléaires, d’âge moyen de 31 ans. Par ailleurs, en 2020, la production nucléaire a diminué de 4 %, tandis que la production électrique de l’éolien et du solaire a augmenté de 13 %.
Cela s’explique notamment par la perte rapide de compétitivité de l’énergie nucléaire :
entre 2009 et 2020, les coûts du solaire ont baissé de 90 % et ceux de l’éolien de 70 %,
tandis que les coûts de construction des réacteurs nucléaires ont augmenté de 33 %. Ceci  explique que dans l’Union européenne, les énergies renouvelables non hydroélectriques  ont généré en 2020, pour la première fois, plus d’électricité que les centrales atomiques.
Un autre symptôme du déclin prévisible de l’énergie nucléaire est le faible renouvellement du parc de réacteurs. Si tous ceux qui sont en service allaient jusqu’à la fin de leur durée  de fonctionnement autorisée, 120 réacteurs supplémentaires devraient être mis en service avant la fin de 2030 pour simplement maintenir le statu quo. Cela impliquerait de doubler le rythme de construction annuel de la décennie, c’est-à-dire passer de 6 à 12 unités. Or, depuis 2016, le rythme de construction a encore ralenti : moins de 5 mises en chantier par an. La capacité nucléaire globale est donc appelée à diminuer, sauf si la Chine relancait un gros programme de construction. .
En Chine, L’espoir des nucléocrates repose sur la Chine, qui a dépassé la France en tant que deuxième producteur d’électricité nucléaire au monde. Un espoir lui aussi à modérer, la production d’électricité nucléaire en Chine n’a augmenté que de 4% en 2020, tandis quecelle des renouvelables a crû de 8 %.
Très récemment la Chine a annoncé un grand programme de construction de plusieurs dizaines de réacteurs nucléaires dans l’avenir. Elle promet de devenir leader des énergies nucléaire mais aussi solaire, éolienne!
Au Japon, le nucléaire est au ralenti malgré les ambitions du gouvernement. Il y avait 54 réacteurs exploitables au moment de la catastrophe de Fukushima, tous arrêtés à ce moment là. A ce jour il n’en reste plus que 33 dont seulement sept sont actuellement en service. l’énergie nucléaire représentait près d’un tiers de la production d’électricité au Japon, elle n’est plus que de 6% actuellement et le manque a été comblé essentiellement par les centrales thermiques au charbon ou au gaz et par les énergies renouvelables.
Le gouvernement japonais rêve de faire comme la France, d’après ses plans, la part de l’énergie nucléaire devrait remonter à 22% environ d’ici à 2030 .
En fait, trois réacteurs étaient entrés en construction avant le sinistre de Fukushima et 6 autres étaient en projet, mais tout a été gelé depuis cette catastrophe. De plus, la plupart des installations qui devaient permettre au Japon de maîtriser le cycle du combustible, dont une usine de retraitement, n’ont jamais fonctionné et pourraient même être démantelées sans jamais avoir été utilisées.
La France s’accroche désespérément à une industrie du passé contrairement à ses voisins (certains n’ont jamais eu recours à cette énergie, c’est le cas de l’Autriche, du Luxembourg et du Danemark, et d’autres comme la Belgique, l’Italie et l’Espagne en sortent).
Que savons-nous de l’opinion publique du pays,

Que nous apprennent les sondages quant à l’appréciation par les citoyens de la
politique énergétique du pays? Des résultats contradictoires :
La comparaison entre deux sondages réalisés par Odoxa, en 2018 et en 2021, fournit des informations assez étonnantes. Les sondés tout à fait opposés au nucléaire ne seraient plus que 7% en 2021 alors qu’ils étaient 19% en 2018. On y voit que ce sont les sympathisants de droite et d’extrême droite qui sont les plus favorables au nucléaire.
Mais 50% des sondés considèrent que le nucléaire est plutôt une menace pour
l’environnement à cause de la gestion des déchets nucléaires et des risques d’accidents graves qu’il présente, alors que 47% pensent que le nucléaire est plutôt une opportunité pour l’environnement car il serait la principale source d’énergie décarbonée et non polluante contrairement au charbon ou au pétrole.
Un autre sondage contredit les résultats ci-dessus notamment sur les investissements à faire :

64 % des Français estiment qu’il faut investir prioritairement dans les énergies
renouvelables. Seuls 10 % estiment qu’il faut investir en priorité dans la modernisation du parc nucléaire et la prolongation de la durée de fonctionnement des centrales.
Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) 53 % des Français
considèrent que cette énergie a été une bonne chose pour la France, mais ils seraient 45 % à s’opposer à la construction de nouvelles centrales.

Une large majorité de Français favorables à l’éolien ,

Les Français ont en majorité une image favorable de l’énergie éolienne, et cette adhésion  est encore plus marquée chez ceux vivant à moins de 10 km d’un parc éolien, selon un sondage publié cet été, commandé à Harris Interactive par l’Ademe (Agence pour la transition écologique) et le ministère de la transition écologique. Commentaire d’Arnaud Leroy, le PDG de l’Ademe “Depuis plusieurs mois, les énergies renouvelables, en particulier les éoliennes, font l’objet de vifs débats, voire sont les cibles de virulentes controverses. Ce sondage nous montre que la relation entre les Français et l’énergie éolienne n’est pas aussi polarisée qu’il n’y paraît”, relevant au contraire “une adhésion pour faire face au dérèglement climatique”.
Dans cette enquête, 73% des sondés disent avoir une bonne image de l’éolien, 27% une mauvaise image. D’une façon surprenante l’avis favorable est plus élevé chez 80% des personnes possédant une résidence à moins de 10 km d’un champ éolien, et chez 88% de moins de 35 ans. Notons que les associations qui se soulèvent contre les projets d’éolien  sont souvent animées par des anciens du CEA ou d’EDF…..
Près de 9 personnes sur 10 considèrent que le développement des énergies renouvelables en France est nécessaire face au dérèglement climatique. Mais il faudrait que l’État comme nos voisins espagnols et allemands impose des systèmes solaires sur les bâtiments neufs !
Quant à la polémique « éolien ou nucléaire » le gestionnaire du réseau électrique RTE a  planché sur le mix entièrement décarboné du futur, et a proposé cet automne six  scénarios pour une électricité zéro carbone en 2050, allant du 100% énergies

https://www.liberation.fr/economie/eolien-ou-nucleaire-six-scenarios-pour-une-electricite-zero-carbone-en-2050-20210608_EIGRA7GZKJHAHNQSZ4GTQOF4EA/.

Bilan électrique français, que retenir de 2020 ?

Le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) vient de publier son bilan électrique pour 2020 :

 

Par rapport à 2019 la consommation d’électricité a diminué de 5 %. Elle avait déjà diminué de 1 % l’année précédente, avant le covid. La consommation électrique de l’activité  industrielle a baissé, drastiquement de 10 %, tandis que celle du secteur résidentiel est  restée plutôt stable à 38 % de la consommation totale, elle est donc relativement stable  depuis 2010.
La production d’électricité d’origine nucléaire est en baisse, à 67% de la production totale  d’électricité en France. Cette baisse n’est pas due à la fermeture de la centrale de  Fessenheim qui aurait dû être arrêtée de toutes façons pour d’importantes révisions, mais  par une moins bonne disponibilité des centrales.
Les renouvelables ont couvert 25,5 % de la consommation, dont l’hydraulique 13 %, et  l’éolien devenant la 3ième source d’électricité 7,9 %. Le solaire quant à lui est à 2,5 %.
Les centrales thermiques, tous fossiles confondus, en fournissant 7,5 %, dont
principalement le gaz à 6,9 %. Cela permet à EDF de prétendre à la fourniture d’électricité  décarbonée à 92 % …. Dans la mesure où l’électronucléaire est effectivement décarboné…
Précisons enfin que la France a exporté 2 fois plus d’électricité qu’elle en a importé, sauf  que les ventes ont lieu plutôt en heures creuses à prix cassé (le nucléaire fonctionnant en  base), et les achats aux heures de pointe au prix fort ! La fiabilité financière d’EDF est  ébranlée. Les agences de notation ont dégradé en juin 2020 sa note notamment en raison d’une «disponibilité des réacteurs nucléaires plus faible que prévu ». Quant à la filiale  britannique d’EDF, EDF Energy, elle a été rétrogradée à une catégorie très inférieure.

Parcours parmi les multiples difficultés de l’industrie
nucléaire française.
– C’est un mode de production d’électricité dont le faible rendement thermodynamique (à  peine plus de 30%) conduit à des pertes de chaleur considérables. Compter sur une  industrie ayant d’aussi piètres performances, pour atténuer le réchauffement climatique  en faisant mine d’ignorer qu’elle en est un des facteurs importants, est à tout le moins  déraisonnable. De plus le nucléaire continue à produire des désordres sanitaires,  environnementaux, économiques et politiques, en plus des catastrophes majeures.
Pour ces raisons la contribution de l’énergie nucléaire à l’approvisionnement énergétique  mondial n’est que de l’ordre de 2%, et ne peut pas vraiment augmenter.
– Que faire des combustibles usés qui s’accumulent ? Il n’existe pas de solution à la  gestion des combustibles nucléaires usés et des déchets radioactifs, ni en France ni  ailleurs. Lancer un nouveau parc nécessiterait de redimensionner l’usine de retraitement  de La Hague, de prévoir de nouveaux sites d’entreposage et d’avoir la garantie que le  centre d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo soit mis en service un jour. Sur ce  dernier point, le 23 novembre, l’Autorité environnementale a souligné un manque  d’information sur les coûts environnementaux et économiques de ces différentes  installations.
Les piscines d’entreposage des combustibles usés sont bientôt saturées. Les parades  envisagées par EDF et Orano, sont la construction d’une nouvelle piscine à la Hague, un  moxage accru des réacteurs de 900 MWe et un entreposage à sec des combustibles usés.

Cela explique sans doute pourquoi EDF cherche à acheter des terrains autour des  centrales nucléaires existantes.
La Hague. L’usine de retraitement de déchets radioactifs de la Hague est l’un des  centres atomiques les plus polluants en fonctionnement « normal ». Selon l’association  Robin des bois, la Hague polluerait autant qu’une porcherie industrielle de 100 000 porcs.
Chaque année, elle rejette 2 000 tonnes de nitrates directement dans la Manche issues de l’acide nitrique utilisé pour dissoudre les combustibles irradiés et pour séparer le  plutonium, l’uranium et les produits de fission….” ,
S’y ajoute d’après le Groupe radioécologie du Nord Cotentin 100 tonnes de nitrite,  2 900 tonnes de phosphore, les métaux lourds tels que plomb et mercure, sans compter  évidemment les innombrables rejets de substances radioactives qui contaminent la  Manche…..
De plus l’un des 2 évaporateurs concentrateurs de produits de fission de La Hague, dont  les équipements vieillissent, a atteint un niveau de corrosion qui le fragilise. L’arrêt de cet évaporateur entraînera une diminution embarrassante de la capacité de retraitement.
– A l’usine Melox de Marcoule qui fabrique le combustible MOX (mélange d’oxydes  d’uranium et de plutonium) destiné aux réacteurs de moyenne puissance, les difficultés  ne manquent pas avec un nouveau procédé de production. EDF à dû alors réduire le  nombre d’assemblages MOX fabriqués, ce qui entraîne une moindre consommation du  plutonium qui s’accumule à La Hague (le plutonium destiné au départ à la bombe est la  pire substance jamais élaborée par l’humanité, par sa terrible toxicité aussi bien chimique  que radioactive ; et sa durée de vie est éternelle à notre échelle).
Les centrales du Bugey et du Tricastin sont désormais les plus anciennes de France, depuis la fermeture de celle de Fessenheim. Elles approchent des cinquante ans et n’ont  jamais été conçue pour cette durée. Elles vieillissent mal, elles subissent de multiples  dysfonctionnements inquiétants, et il est avéré que les coeurs de celles du Tricastin sont  fissurées !
Au Tricastin justement, un scandale a éclaté en novembre dernier, un cadre de
l’entreprise a révélé la dissimulation des incidents de sûreté. Il a déposé plainte contre  EDF, accusant sa hiérarchie de l’avoir « placardisé » pour avoir dénoncé une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté. Cela nous autorise à nous poser des questions sur le rôle de l’autorité de sûreté du nucléaire (ASN),
https://www.linfo.buzz/centrale-nucleaire-de-tricastin-des-dissimulations-en-
cascade/,
La filière EPR en question. La France montre de graves signes de déclin technologique et industriels, notamment avec son incapacité à terminer la construction d’un EPR en  Finlande, et celui de Flamanville en Normandie, dont les coûts et les délais du contrat  initial ont été multipliés par quatre! Le premier EPR, mis en fonctionnement à Taïshan en  Chine en 2018, est aujourd’hui à l’arrêt, suite à une grave défaillance qui paraît due à un  défaut générique qui concernerait toute la filière.
– Sous traitance danger. EDF sous-traite désormais 80% de la maintenance de ses centrales, malgré une précarisation sans cesse dénoncée. Les « nomades du nucléaire »  mal payés, exposés aux rayonnements, mal formés, pressés par le temps réduit  d’intervention ne peuvent garantir un travail de qualité garantissant la sûreté des  réacteurs.


– Démantèlement,
la France ne maitrise toujours pas le démantelement d’une centrale  nucléaire, alors que la question devient d’actualité. La centrale de Brennilis en Bretagne,  mise à l’arrêt en 1985 devait être une vitrine des capacités de démantèlement. 35 ans  plus tard, elle n’est toujours pas démantelée.

– EDF en quasi faillite.

EDF est lourdement endettée à hauteur d’une cinquantaine de
milliards d’euros, auquel s’ajoute 100 milliards d’euros pour le rafistolage des réacteurs de  plus de 40 ans, ainsi que 35 milliards d’euros du projet d’enfouissement des déchets  nucléaires CIGEO à Bure. Pour les 6 nouveaux EPR à la sûreté au rabais , il faudrait  trouver au minimum 60 milliards. La Cour des Comptes a jugé en 2020 qu’ EDF n’en avait  pas les moyens. Quant au chantier d’Hinkley Point en Angleterre, il prend le chemin du  fiasco de Flamanville avec retards, malfaçons et inflation des coûts.


En conclusion, le grand et dangereux mensonge,


L’État a engagé une grande campagne de promotion du nucléaire au nom de la lutte  contre le bouleversement climatique. Son but est bien sûr de préparer l’opinion aux  décisions de construire de nouvelles centrales atomiques.


Nous affirmons que cette campagne s’appuie sur un énorme mensonge,
celui de  la production propre et décarbonée d’électricité nucléaire. En effet tout l’amont et l’aval du fonctionnement d’un réacteur impliquent d’énormes consommations de matériaux, d’énergies fossiles, entrainant d’importantes contaminations radioactives et pollutions de toutes sortes.


Par ailleurs, face à l’urgence climatique,
comment prétendre construire rapidement de nouveaux réacteurs quand on sait le fiasco de ceux en construction en Finlande et à Flamanville, et que l’un des deux seuls en fonctionnement en Chine a été mis à l’arrêt révélant déja un grave défaut générique qui remet en cause la fiabilité de la filière.

Comme dans les pays voisins, il faut appeler à l’arrêt du nucléaire, et à la promotion de la sobriété énergétique en même temps que des énergies
renouvelables. A l’inverse les décisions de l’Etat, enrobées de beaux discours,  nous engagent vers une société gourmande en électricité et en énergie. La  surenchère dans le soutien au nucléaire de la majeure partie des candidat.e.s à  la présidentielle, Emmanuel Macron compris, est tout simplement lamentable.
Les générations futures méritent mieux que ces propositions d’un autre âge.

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