le 5 juin 2015
Vous avez été Charlie ? Alors vous serez Meymac ! Le temps d’un week-end et pour la
deuxième année consécutive, cette petite ville de Corrèze, en accueillant les rencontres
nationales des médias libres et du journalisme de résistance, est devenue la capitale de la
liberté de la presse et du pluralisme.
Documentaires, films en avant-première, débats… Avec des figures telles que Denis Robert
ou Yannis Youlountas, les Rencontres des médias libres ont attiré plusieurs centaines de
personnes. Et, de S!lence à TV Bruits (en passant par les Pieds dans le Paf, Acrimed ou
encore la Canarde Sauvage), plus d’une soixantaine de médias associatifs, alternatifs, « pas
pareils », libres, alternatifs, citoyens, des journaux papier, des télés participatives, des radios
associatives, des sites web, des réseaux et fédérations, des journalistes indépendants… Ce «
tiers secteur médiatique » qui représente un journalisme libéré des groupes capitalistes et
politiques, relayant cette information que les autres ne font plus, donnant la parole à ce qui
ne l’ont pas. Des médias inventifs, innovants, participatifs, horizontaux, citoyens. Des médias
qui font autant dans la satire la plus grinçante que dans l’enquête la plus sérieuse. Des
médias forcément au bord du gouffre…
Ces rencontres se sont en effet déroulées dans un contexte particulier. Rarement
l’hécatombe aura été aussi importante dans le monde des médias. Et, dans ce paysage aux
allures de cimetière, les médias libres sont en première ligne. Comment pourrait-il en être
autrement puisque ces médias ne bénéficient quasiment d’aucune aide ?
Médias de la débrouille, habitués à partager la misère et à jongler avec la précarité, ces
derniers se sont récemment organisés afin d’aller taper à la porte des ministères. Mais, si
nous avons pris notre bâton de pèlerin pour aller rue de Valois, ce n’est pas pour qu’on nous
fasse une fleur. Et encore moins tendre notre sébile. Mais pour que la puissance publique
reconnaisse et soutienne la contribution au pluralisme de ces médias qui remplissent de fait
une mission d’intérêt général. Pour ne pas dire de service public.
Si nous regrettons que la récente réforme des aides à la presse écrite n’ouvre pas
directement celles-ci aux titres de la presse associative, nous nous réjouissons de l’annonce
faite par Fleur Pellerin de la création d’un fonds de soutien aux “médias citoyens”, objet de
longue date de nos revendications collectives. Nous saluons aussi la disparition de la presse
de loisirs et de divertissement de la liste des bénéficiaires de ces aides publiques ainsi que la
volonté du Ministère de la Culture de redistribuer les économies réalisées notamment vers
ce fonds de soutien aux médias citoyens, associatifs, indépendants, « pas pareils ». À
Meymac, les médias réunis dans la CPML ont réaffirmé leur volonté de participer à la
définition de ce fonds de soutien, en accord avec la proposition qui leur a été faite par le
Ministère. Des propositions concrètes seront très prochainement adressées en ce sens à la
Ministre de la Culture.
De même, nous ne pouvons qu’exprimer notre satisfaction quant à l’annonce d’un soutien
aux nouveaux médias mais souhaitons que les projets de médias non commerciaux ne soient
pas oubliés dans ce nouveau dispositif.
L’annonce de la création de ce fonds de soutien est une avancée sans pareille dans l’histoire
de nos médias. Mais de quels moyens sera doté ce fonds ? Titres de la presse écrite non
éligibles aux aides à la presse, télévisions, web radios, pure players, les médias sont
nombreux en France à avoir un besoin vital de ce soutien. Celui-ci devra être à la hauteur de
l’enjeu démocratique de l’existence d’une presse libre et indépendante consciente de ses
responsabilités citoyennes.
Pour la ministre de la culture : « Notre mission est de soutenir la presse qui expérimente et
invente ». Cette presse, ces médias, ils existent. Ils étaient à Meymac. Où, tout un week-end
durant, se sont tissés les nécessaires solidarités entre des acteurs qui ont décidé de
mutualiser autre chose que la misère. En clair, leur savoir-faire : mise en place d’une sorte de
« compagnonnage » au sein du tiers secteur, réflexion autour d’un Amap des médias libres,
coordination autour de temps forts rédactionnels, dans une région où l’on produit
d’ordinaire du fromage et des présidents, ce sont les médias de demain qui se sont inventés
au fin fond de la Corrèze.
Mais, parce qu’on ne rit de bon coeur que dans les cimetières, nous avons décidé de frapper
un grand coup. Puisqu’il semble y avoir quelque fonds en faveur de la création de nouveaux
médias, puisque l’heure est à la défense du pluralisme et à la dénonciation de la
concentration des médias et des puissances d’argent, nous avons décidé de lancer une offre
alternative à celle du groupe de luxe LVMH en décidant de rachetant la partie « libéré » du «
Parisien libéré ».
L’occasion de nous faire connaître de ces lecteurs, de ce public, qui, quoique ayant été «
Charlie » (comme tout le monde, ou presque), ignore encore trop souvent notre existence.
Nous sommes les médias inventifs et créatifs, nous mettons en place les nécessaires
solidarités entre nous. Mais nous n’existerons pas sans vous. Et, même si vous ne savez pas
encore, nous sommes vos médias.
Signataires (au 12/06/15) :
À Contre Courant, Acrimed, Adiu Sud Gironde, Adiu TV, Airelles Vidéo, Aldudarrak Bidéo,
Bastamag, BateauBasta, Cafaitdesordre.com, Campagnes Solidaires, CASA (association),
Cassandre/Hors Champs, DRLP, Citizen Nantes, Cram Cram Editions, Demosphere Ariège,
Demosphere Toulouse, Fakir, Fokus21, Friture Mag, Hexagones, L’âge de faire, L’Insatiable,
La Canarde Sauvage, La Fédération des Vidéos des Pays et des Quartiers, La Lettre à Lulu, La
Lorgnette.info, La Maison écologique, Le Lot en Action, Le Nouveau Jour J, Le Ravi, Le Sans
Culotte 85, Les Amis de la Cathode, Les Pieds dans le PAF, Les Rencontres Médiatiques,
Lutopik, Médias Citoyens, Montpellier Journal, Pierre Merejkowsky, Plus Belles les Luttes,
Politis, Pumpernickel, adio MNE, Radio Zinzine, Reporterre, Rezonances-Tv, Riv’Nord,
SideWays, S!lence, Télé Sud-Est, TV Bruits, ZdF, Zelium
Cette 4ème édition se passait en Limousin, plus exactement à Meymac en Corrèze pour la 2e fois.
Le week-end suivant étaient lancées à Guéret dans la Creuse les Assises pour un service public du XXIème siècle avec la présence sur place d’opposants de diverses luttes de résistance lors de la journée du samedi : des résistants aux projets de Mine d’or, comme en Roumanie, au projet de TGV Poitiers Limoges, résistants à la suppression de Ter entre Bordeaux et Lyon, de Quimper à Toulouse, etc etc, toutes ces résistances que relaient les Medias libres .
Le Limousin, une terre de résistance où se retrouver pour la suite.des événements..en continuant à soutenir la presse de résistance…
Une pratiquante régulière de l’information alternative . .