Liberté pour trois Français partis en vacances au Maroc, arrêtés, torturés emprisonnés. Suite

Complément d’information à la Cyber @ction 634:

suivi d’une cyber @ction : lettre adressée à Ambassadeur de France au Maroc

L’affaire des trois Franco-Maghrébins partis au Maroc avec un ami marocain se dévoile petit à petit, à mesure qu’apparaissent de nouveaux éléments

L’année dernière une « bande de quatre» malfrats sévissait dans les environs de Tanger, véritable association de malfaiteurs recherchée par la police de plusieurs villes du royaume.

Arrive à Tanger une “bande de quatre” amis qui souhaite passer des vacances tranquilles au Maroc : Abdel-Aziz, un Franco-Algérien qui compte y rencontrer Karima, une jeune Marocaine qu’il a connue sur facebook, Yassine un Franco-Tunisien, Tarek un Franco-Marocain et un ami marocain.

Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont parfois appelés « la bande des quatre ».

Le 5 décembre 2013 des membres de la DST les arrêtent brutalement pour “trafic d’armes à feu”, leur bandent les yeux, leur attachent mains et pieds, les jettent dans une fourgonnette et les amènent au commissariat de Casablanca, à 200 km de Tanger.

Pendant cinq jours ils sont sauvagement torturés. « Les policiers les ont tabassés, leur ont craché dessus ; ils leur ont mis la tête sous l’eau, leur ont envoyé des décharges électriques dans les testicules à l’aide de batterie de voiture. Ils les ont pendus par les pieds, et j’en passe. Toujours en prenant soin de ne pas laisser de traces» raconte Souad, sœur d’Abdel-Aziz.

Y a-t-il eu réelle confusion entre les deux bandes ? On en doute lorsqu’on apprend qu’«après avoir été torturés, durant les quatre jours de leur garde à vue à Casablanca, ils ont été confrontés à une personne qui avait été violemment agressée par une bande de 4 malfrats, avec braquage de véhicule à l’aide d’ armes à feu. Cette personne est formelle : aucun des quatre détenus en garde à vue n’est l’un des agresseurs que cette personne avait bien vus au moment du braquage. »

Donc, dès le début de l’affaire la police sait qu’ils ne sont pas les malfrats recherchés.

Au lieu d’avouer son erreur, et après les avoir «torturés presque à mort » la police cherche une autre justification à cette brutale arrestation et à ces graves actes de torture. Souad poursuit : « N’ayant aucune preuve de leur culpabilité, les inspecteurs de police ont continué à les torturer, et les ont forcés à s’accuser les uns les autres afin d’obtenir des aveux. Il n’a plus été question de détention d’armes à feu, mais la torture devait les amener à avouer un trafic de stupéfiants. En les torturant il était facile de faire avouer n’importe quoi ! » Ils ont ensuite été ramenés à Tanger, à la prison où le juge les a informés qu’en appel seuls Abdel-Aziz et Yassine sont condamnés à 2 ans de prison ferme. Tarek, condamné à un an de prison, bénéficiera de la grâce royale le 20 aout lors de l’Aïd. Quant à l’ami marocain il est libéré deux semaines après l’arrestation.

« Désespéré en apprenant qu’il aura à passer deux ans dans cette prison pour fausses accusations, Abdel-Aziz tente de se suicider, heureusement empêché par ses codétenus. Il est asthmatique il a été traité comme un chien » écrit Souad.

Comme il ne connait au Maroc que sa petite amie à qui les visites sont interdites puisqu’ils ne sont pas mariés (mais est-elle vraiment légale, cette interdiction?) seule sa famille, qui vit en France, peut le prendre en charge. Tous les trois mois, une de ses deux sœurs, ou sa mère fait le déplacement pour apporter les médicaments indispensables et soutenir ce fils et frère parti en vacances qui se trouve en prison pour trafic de drogue qu’il n’a avoué que sous la torture, mais sinon qu’ il a toujours nié.

Souad l’ainée des deux sœurs d’Abdel-Aziz compte d’abord sur la justice marocaine pour rétablir la vérité.

«J’en suis au 4ème avocat. Ils ne servent à rien. Ils ont toujours menti en me disant: “Ça y est, il va bientôt passer devant le juge et de là il sortira”. Nous avons ainsi perdu plusieurs mois.» Et de l’argent. Pour ces quatre avocats elle m’avoue avoir payé 18 000€. Le consul, averti de la grève de la faim rend visite aux prisonniers… pour leur demander de l’arrêter. Maigre assistance consulaire ! Le juge leur rend visite pour leur parler d’une caution de 40 000€ “réduite” à 20 000. La famille a commencé à payer 5000€…mais a finalement flairé l’arnaque ! Les gardiens ont volé plusieurs fois l’argent que la famille envoie. Et à chaque visite «ils demandent à être payés pour qu’il soit bien traité». Et le déplacement en avion coute cher…

La famille Redaouia voudrait bien prendre un avocat français mais elle a dépensé toutes ses économies… pour rien !!!

Au bout de quelques mois, ne voyant rien bouger, découragée, Souad s’adresse à Amnesty, à l’ACAT, à des associations de droits de l’Homme, à la presse, au président de la République. Amnesty et l’ACAT craignent qu’une action pour leur libération ne politise l’affaire et ne leur porte préjudice. Les associations de Droits de l’Homme ne réagissent pas, à part le Comité de soutien aux familles des prisonniers européens détenus au Maroc qui publie l’information, et Solidarité Maroc 05 qui lance une pétition sur cyberacteurs http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/liberte-trois-francais-partis-vacan-802.html). A continuer à signer, même s’il manque les données récentes.

Début juin 2014 les prisonniers entament une grève de la faim, seul moyen pour crier leur innocence. Depuis plus de 4 mois ils obligent ainsi l’administration pénitentiaire à assurer un minimum de suivi médical et leur fournir ce qu’il faut pour, malgré tout, rester en vie (sucre, un peu d’eau, etc.), ce qui rend furieuse cette administration qui réagit par des menaces : vols de leurs biens, transfèrement vers une prison plus éloignée s’ils n’arrêtent pas cette grève…

Vie misérable pourtant jalonnée d’espoirs (deux grâces royales, transfèrement en France) mais aussi de désespoirs et d’incompréhension, puisque toujours exclus.

De quoi Abdel-Aziz et Yassine sont-ils donc coupables alors que leurs compagnons sont libérés ? Qu’ont-ils fait que les deux autres n’ont pas fait ? Pourquoi ne sont-ils pas libérés, puisque la vraie bande de 4 malfrats, qui a reconnu les faits qui lui sont reprochés, est arrêtée ?

Il semblerait que le seul point commun qui leur a valu cette “distinction”, et qui peut sembler ridicule, est le fait d’avoir osé fréquenter des Marocaines. Abdel-Aziz, amoureux de Karima a loué un appartement à Tanger pour pouvoir y rester quelque temps avec elle. Yassine a aussi fréquenté une jeune Marocaine, mais il a vite compris que celle-ci était surtout intéressée par ce que les touristes français sont sensés apporter : argent … aller en France … et pourquoi pas : mariage…Pas d’accord il l’a quittée. Après leur arrestation, l’appartement d’Abdel-Aziz a été mis sens dessus dessous. La police n’a trouvé ni armes, ni drogue, mais le passeport de Karima qui a été emporté. Pour le récupérer elle se rend avec l’avocat chez le juge qui lui reproche :

« Tu n’as pas honte ! Pourquoi tu ne fréquentes pas un Marocain comme toi, au lieu de fréquenter un Français d’origine algérienne ?

– C’est parce que c’est lui que j’aime, tout simplement ! » réponse qui a irrité le juge.

Le 8 septembre les quatre malfrats de Tanger sont reconnus et arrêtés. Deux de ces malfrats sont des policiers !

La police ne chercherait-elle pas à «couvrir» les deux collègues en continuant à « punir » des innocents ?

(Lire : “Arrestation de 4 personnes recherchées dans une affaire d’association de malfaiteurs, d’enlèvements et de tentative d’extorsion”)

Mais rien ne change pour eux. Ils restent en prison. Ils ne font pas partie des libérés suivants. Pourquoi ? C’est le désespoir !

Souad se rend dernièrement à Tanger :« Lors de mon voyage au Maroc, à la prison de Tanger j’ai trouvé mon frère Abdel-Aziz très affaibli avec un regard vide comme s’il n’avait plus d’espoir. Lui et Yassine continuent leur grève de la faim. »

Il faut lever le silence sur cette injustice, partout, par tous les moyens ! Le fait de n’être que de simples citoyens français et non des militants n’est pas une raison pour les oublier. Associations et militants des droits de l’Homme doivent lutter pour la libération de ces deux garçons toujours en prison !

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