C’est avec une intense émotion et la plus grande tristesse que nous avons appris la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, dans la nuit de samedi à dimanche, à Sivens (Tarn). Rémi était un jeune militant investi au sein de Nature Midi-Pyrénées, association affilée à France Nature Environnement. Actif au sein du groupe botanique de l’association naturaliste, basée à Toulouse, il participait notamment au suivi de la flore protégée en Haute-Garonne où il assurait la coordination du suivi de la Renoncule à feuille d’ophioglosse.
Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Nos pensées vont d’abord à la famille de Rémi, à ses proches et ses amis de Nature Midi-Pyrénées. Nous nous associons à leur peine. Pacifistes par nature, nous condamnons fermement toute forme de violence : nul ne devrait mourir parce qu’il s’oppose à un projet insensé. C’est un jour de deuil pour le mouvement écologiste français et pour FNE. La responsabilité des pouvoirs publics et de l’Etat est engagée. »
Nature Midi-Pyrénées invite tous ceux qui le souhaitent à déposer un message à la mémoire de Rémi Fraisse sur sa page Facebook
L’Association Cyber @cteurs s’associe au propos de de FNE et invite celles et ceux qui le souhaitent à utiliser les commentaires de ce blog pour s’exprimer.
Un mort trop tard
Rassemblement de solidarité et de protestation à Bayonne ce mardi 28 octobre à 18H30
Bizi ! et le CADE (Collectif des associations de défense de l’environnement) appellent à un rassemblement de solidarité et de protestation ce mardi 28 octobre à 18H30 devant la Sous-Préfecture de Bayonne pour protester contre la mort au Testet du jeune Rémi Fraisse, étudiant en droit de l’environnement de 21 ans.
D’après les informations du site Reporterre ( http://www.reporterre.net/spip.php?article6496 ), Remi Fraisse est décédé lors de la journée d’opposition au barrage inutile et imposé de Sivens, au Testet, après avoir reçu une grenade ou un flashball policier.
L’Etat vient de décider la suspension des travaux, après qu’une forêt entière ait été détruite, et surtout un jour trop tard, un mort trop tard.
Cette mort vient après des semaines de brutalité policière déployée contre les opposants non-violents au barrage du Sivens. Un an avant la COP21 de Paris, dans un contexte de régressions sociales et écologiques graves, la violence policière (dénoncée depuis de nombreuses semaines) utilisée contre les opposants à ce barrage pensé pour servir les intérêts de l’agriculture intensive et productiviste, alors même qu’un rapport d’experts vient d’en souligner le manque total de pertinence et d’intérêt général, est quelque chose d’extrêmement lourd de sens et de conséquences.
Si les faits s’avèrent exacts, ils créent une situation particulièrement grave, et Rémi Fraisse pourrait être le premier défenseur de l’environnement tué par la police depuis la mort de Vital Michalon, tué en 1977 lors d’une manifestation contre le projet de centrale nucléaire Superphénix de Creys-Malville. Il s’agirait alors du retour à une période qu’on croyait révolue, qui pose un vrai problème quand aux responsabilités politiques de l’actuel gouvernement.
Le Cade et Bizi ! adressent toute leur solidarité et l’expression de leur peine et de leur émotion à la famille et aux amis de Remi Fraisse. Nous appelons la population à se rassembler devant la sous-préfecture de Bayonne pour exiger toute la vérité sur ce décès, et pour réclamer la démission de tous ceux -jusqu’au plus haut niveau- qui ont pris la responsabilité depuis des semaines de déployer une violence grandissante à l’encontre des défenseurs pacifiques du site du Testet, créant ainsi un engrenage qui semble connaître aujourd’hui un dramatique dénouement.
Bizi ! et le CADE,
le 27 octobre 2014
Réactions de l’ACIPA suite au drame du Testet
Communiqué de presse – Notre-Dame-des-Landes, le 27/10/2014
L’ACIPA s’associe à la peine qui frappe la famille du jeune Rémi Fraysse, 21 ans, décédé lors du rassemblement organisé pour préserver la forêt de Sivens et sa biodiversité, à l’appel des associations pour la sauvegarde du Testet, .
Ce drame terrible aurait pu être évité si la violente répression, sciemment ordonnée par l’Etat depuis plusieurs semaines, avait été arrêtée avant ce légitime rassemblement de protestation, si les travaux n’avaient pas continué avec précipitation au lieu d’attendre les résultats de l’expertise ordonnée par la ministre de l’environnement.
Au Testet comme à Notre-Dame-des-Landes, il faut que l’Etat convienne qu’une seule voie existe pour arrêter l’engrenage de la violence : c’est celle du dialogue et de la concertation, dans la vérité et la transparence des dossiers. Là se trouvent les solutions d’une société respectueuse de l’expression populaire face aux intérêts privés et financiers. La violence est condamnable, de quelque bord qu’elle vienne. Une telle catastrophe aurait tout aussi bien pu se produire ici, et pourrait encore se produire. Nous le redoutons depuis le début.
Des rassemblements de soutien s’organisent un peu partout. Ce soir à Nantes, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes se charge de l’organiser (18h – préfecture). Sans pouvoir de fait être présente massivement, en raison de son départ imminent et nocturne pour Amiens (procès de l’usine des “1000 vaches”), l’ACIPA compte néanmoins sur ses adhérents disponibles pour y participer pacifiquement.
Pour l’ACIPA et ses adhérents, ces rassemblements doivent s’effectuer dans le calme et la dignité. Il s’agit d’éviter l’escalade de la violence et de respecter la douleur de la famille et des proches de ce jeune homme. Cette position va dans le sens de celle exprimée par les responsables du Collectif de Sauvegarde du Testet.
Il faudra que toute la lumière soit faite sur les causes de cette mort insupportable. L’ACIPA enjoint les élus (députés, sénateurs) de s’impliquer dans la recherche de la vérité en toute transparence autour de ce décès, ainsi que sur la question de la violence policière qui s’accentue dans notre pays dans le contexte de la répression des mouvements sociaux. Il y va de leur crédibilité vis a vis de la population.
Contact presse
Julien Durand : 06 33 51 01 25
Je suis contre la violence , même ceux des écologistes . ils ont eut tord de manifester violement on ne doit pads provoquer les forces de l’ordre , même si elles ont eu le tord de répliquer violement elles aussi, mais la violence des manifestants a été la première ; pour dialoguer on ne vient pas avec des bâtons
et des masques ou des voiles pour se cacher la figure . j’ai souvent manifester , mais jamais avec des armes et je quitte une manifestation qui tourne mal ou qui commence à provoquer les forces de l’ordre . Gandhi et Martín Luther King on gagné leur guerre en manifestant en silence sans arme et pacifiquement . je suis triste de la mort de ce jeune homme et j’apporte mes condoleance à sa famille , mais les ecolos devraient apprendre la non violence . Bruno Palluat
Monsieur,
A vous lire,il semble que vous ayez été témoin de l’événement qui a
conduit à la mort de Rémi Fraysse…Même si c’est le cas,apprenez
à dispenser vos propos avec un tant soit peu de retenue face à l’évé
nement et à ceux qui s’y sont engagés…
Non, ce ne sont pas les opposants au barrage qui ont été violents les premiers !!!…Il s’en faut de beaucoup!!!…C’est ce que laissent entendre les grands médias, mais c’est faux!….
D’abord, tous les témoignages sérieux confirment que ceux qui se sont affrontés violemment avec la police n’étaient qu’une petite minorité par rapport à l’ensemble du rassemblement, qui semble avoir réuni sur les 2 jours plusieurs milliers de personnes.
Ensuite, la concentration de gardes mobiles n’était-elle pas une forme de provocation, génératrice de tension, donc de violence latente, alors même qu’il n’il y avait rien à protéger, d’après tous les témoignages de personnes présentes et, surtout, alors que la préfecture s’était engagée, à la suite de négociations avec un collectif d’organisateurs du rassemblement, à ne laisser aucun policier sur la zone de tout le week end !!!….
Enfin, si on veut faire un “dossier” sérieux de la violence sur la zone du Testet, il faut, à ce moment là, resituer ce drame sur l’ensemble de la période où la police est intervenue, c’est à dire depuis le 1er septembre. J’ai suivi cela jour par jour jusqu’ à la mi octobre.
C’est LA POLICE QUI A UTILISE LA VIOLENCE, DES LE DEPART !!!
Ca a commencé le 1er septembre, jour du début du déboisement, et ça a continué jusqu’à la fin de celui ci, c’est à dire jusqu’au 28/29 septembre!…La police a été autorisé par la préfecture, sur demande du conseil général du Tarn, à utiliser tout de suite la plus grande violence, face à des opposants qui voulaient s’interposer physiquement (monter dans les arbres destinés à être abattus, s’enterrer sur le chemin des machines de destruction) mais sans aucune intention ni geste violent. Même les grévistes de la fin ont été molestés!….
En mai 68, face aux “contestataires”, la police n’avait guère que des grenades lacrymogènes (lancées en tir courbe) et des matraques.
Depuis maintenant quelques années, et c’est qui s’est passé au Testet depuis le 1er septembre, elle se sert des flashbolls en visant la tête alors que ça lui est interdit (40 yeux crevés depuis sa mise en service) et que cette arme n’est destinée légalement qu’à la défense des policiers en cas de danger pour eux; elle envoie les grenades lacrymogènes en tirs tendu (ces grenades ont une enveloppe métallique!…) et elle utilise aussi des grenades de désencerclement, qui sont des grenades explosives, donc offensives.
Il semble bien, d’ailleurs, que ce soit ce type de projectile dont Rémi ait été victime.
Merci à Remy FRAISSE pour la défense de la nature.
Merci à tous ceux qui prennent le relais.
Si nous voulons un bel avenir pour la nature, notre terre, il est indispensable que toutes les actions soient menés dans le calme avec respect, car ceux qui sont en face de nous, sont des frères également, et par ignorance ils sont ce qu’ils sont ; J’ai de la chance…. nous avons de la chance de voir les choses autrement.
La violence engendre la violence et à un moment on ne peut plus l’arrêter.
Merci pour tout ce que vous faites et tout ce qui va être fait encore et encore.
André
Comme des milliers de personnes,je suis profondément attristé par ce drame et consterné de constater la violence avec laquelle nos dirigeants répondent à tous ceux d’entre nous qui militent dans l’intérêt de tous pour contester des décisions de plus en plus stupides, obsolètes et toujours coûteuses ….Les restrictions qu’ils nous imposent en tant que citoyen ne sont jamais appliqués par eux-même quand il s’agit de l’argent public, souvent gaspillé pour des projets pharaoniques auxquels ils sont les seuls à croire et à défendre pour toujours les mêmes bonnes raisons: Le profit!
Père de deux garçons préoccupés eux aussi par l’environnement,je pense à la douleur des parents et des proches de Rémy FRAISSE et il me semble que l’abandon pur et simple de ce projet de barrage serait le moindre des hommages à rendre à ce jeune homme qui y a laissé sa vie…..
Bonsoir,
je présente mes condoléances aux parents et amis de Rémi.
Je suis horrifiée de la mort de Rémi. Les manifestations pour défendre la nature ne devrait pas générer de violences. La nature est paisible.
Je suis en colère contre l’État et le conseil général du Tarn car les citoyens n’élisent pas leurs représentants pour qu’ils les tuent quand ils s’opposent pacifiquement à une décision sans dialogue.
IL ME SEMBLE QUE L’ABANDON PUR ET SIMPLE DE CE PROJET DE BARRAGE SERAIT LE MOINDRE DES HOMMAGES A RENDRE A CE JEUNE HOMME QUI Y A LAISSE SA VIE…..(écrit par Méchériki le 28/10 à 16 h 46)
LES CITOYENS N’ELISENT PAS LEURS REPRESENTANTS POUR QU’ILS LES TUENT QUAND ILS S’OPPOSENT PACIFIQUEMENT A UNE DECISION SANS DIALOGUE. (écrit par Annie le 29 octobre 2014 à 21 h 38)
Il me semble que ces deux phrases devraient être écrites en très gros caractères, et envoyées aux élus, locaux du Tarn et nationaux (quelques ministres directement impliqués: environnement, intérieur, 1er ministre, président de la République)
Là, tout est dit.
Lettre ouverte de Benoît Biteau – Vice Président de la Région Poitou-Charentes,
– à Thierry Carcenac – Président du Conseil Général du Tarn
Berthegille, mardi 28 octobre 2014.
Monsieur Thierry CARCENAC, vous êtes à la fois pathétique et consternant !
Consternant, en tant que maitre d’oeuvre pour la réalisation du barrage de Sivens, sur le fond de ce dossier.
Comment peut-on porter un projet public, mobilisant 100% de crédits publics sur un projet sans se poser les bonnes questions, dès le départ ?
Le projet de barrage vient du fait que le Tescou subit, depuis 30 ans, des étiages sévères. Monsieur CARCENAC, vous êtes-vous interrogé sur les causes de ces étiages sévères et quelles évolutions de pratiques pourraient en être à l’origine ? Visiblement non, car vous auriez rapidement pu faire le lien entre ces étiages sévères et le développement important des surfaces en maïs hybride sur le bassin versant du Tescou.
Le Conseil Général du Tarn devait-il donc, face à cette situation, avec 100 % d’argent publique, accepter de réaliser, dans une fuite en avant, un équipement qui ne vient qu’en soutien de ces pratiques agricoles peu respectueuses de la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que qualitatif d’ailleurs, ou explorer, avec cette même enveloppe, de 8,5 millions d’euros, des alternatives à ce modèle agricole qui touche le fond ?
La réponse ne peut que trouver ses fondements dans le bon sens paysan !
Monsieur CARCENAC, vous invoquez le nécessaire soutien à ce projet au motif que cette agriculture est plus « rentable » grâce à l’irrigation.
Mais comment expliquer alors, que ces maïsiculteurs, grands bénéficiaires des aides publiques de la PAC (Politique Agricole Commune), expliquant d’ailleurs la majeure partie de la rentabilité de cette culture, ne puissent pas, au nom de cette rentabilité, financer eux-mêmes, un tel projet ?
Faisons, maintenant un peu de mathématiques.
Monsieur CARCENAC, vous expliquez que les exploitations moyennes concernées, pourraient irriguer environ 40 hectares chacune grâce au 1,5 millions de mètres cubes stockés dans le barrage de Sivens. Contrairement à ce que vous dites, la grande majorité des surfaces qui seraient irriguées grâce ce projet (cf : enquête publique) sont des surfaces en maïs ! Pour irriguer 1 hectare de maïs hydride, il est nécessaire de mobiliser, en moyenne 2 000 m3 d’eau. Ce barrage permettrait donc l’irrigation d’environ 800 hectares de ce maïs. Pour une moyenne de 40 hectares par exploitation, le projet ne peut donc que concerner environ 20 exploitations ! Ce qui signifie qu’un projet de 8,5 millions d’euros, d’argent publique, pour stocker de l’eau, ne va bénéficier qu’à 20 exploitations agricoles, parmi celles d’ailleurs les mieux dotées en aides publiques de la PAC ! Belle logique vertueuse ! En gros, sans trop caricaturer, 20 exploitations agricoles, parmi les mieux dotées d’aides publiques de la PAC, vont se voir attribuer une nouvelle aide publique indirecte d’un peu plus de 400 000 euros chacune ! 400 000 euros qu’elles ne peuvent pas financer seules et qui pourtant va servir à irriguer une plante, parait-il très rentable, à laquelle elles ne peuvent donc renoncer, et qui justifie donc la réalisation de ce barrage.
Qui parlait de bon sens paysan ?
Sur le fond toujours, Monsieur CARCENAC, vous convoquez le changement climatique, et vous avez raison, et les travaux de Garonne 2050 sur le sujet.
Ce que vous ne dites pas, Monsieur CARCENAC, c’est que ce scénario Garonne 2050, occulte, dans son analyse du changement climatique, le poids de l’agriculture dans ce changement climatique, et le rôle qu’elle peut jouer pour le limiter !
En effet l’agriculture est émettrice, en moyenne, de 20 % des gaz à effet de serre. Et ce n’est pas les moteurs des tracteurs les responsables, pas davantage d’ailleurs que les vaches qui pètent dans les prairies ! La contribution majeure de l’agriculture à la fourniture de gaz à effet de serre est liée à sa dépendance aux substances chimiques de synthèse, dérivées du pétrole, que sont pesticides et engrais azotés, dont on connait par ailleurs, les dégâts considérables dont ils sont responsables, sur cette même ressource en eau, mais aussi sur les équilibres, la biodiversité, et la santé.
Pour produire 1 kilo d’azote, il faut mobiliser 1,5 litres de pétrole. Sur un hectare de maïs, de blé ou de colza, le modèle agricole dominant apporte environ 200 à 250 kilos de cette azote de synthèse, induisant une dépendance au pétrole (et donc alimentant la fourniture de gaz à effet de serre) de 300 à presque 400 litres de pétrole par hectare, avant même d’avoir tourné la clef du tracteur !
L’agriculture occupe environ 70 % des surfaces de nos territoires et c’est une activité économique qui mobilise énormément d’argent publique via la PAC.
Ne devriez-vous pas, Monsieur CARCENAC, puisque ce changement climatique vous tracasse visiblement, accompagner, avec autant d’argent publique, un modèle agricole qui, d’une part, renonce aux substances de synthèse et qui, d’autre part, redécouvre les vertus d’une agronomie qui sait s’en affranchir en mobilisant les ressources parfaitement gratuites et inépuisables que sont, l’azote atmosphérique, le carbone, la lumière, la vie des sols, etc. etc. ?
Ne devriez-vous pas intégrer, qu’avec autant d’argent publique fléché vers cette activité économique, il est urgent de restaurer un contrat moral décent avec la société civile, avec les contribuables, et faire en sorte que ces 70 % d’espaces occupés par l’agriculture soient des espaces de séquestration du carbone, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, tant l’usage massif de ces substances de synthèse (la France reste le premier utilisateur mondial de pesticides, en dose par hectare ! source ONU) ont dévasté la vie et donc, la fertilité, et par conséquent, la faculté des sols à séquestrer le carbone ? Les prairies humides semblables à celles que vous dévastez sur le Testet sont d’ailleurs unanimement reconnues comme de remarquables puits de carbone, contrairement à la pratique du maïs, qui elle, émet du carbone ! Ces deux paramètres fondamentaux, sont parfaitement occultés dans les différents scénarii de Garonne 2050 ! Et c’est pourtant là que sont les plus grandes marges de man½uvre pour lutter contre le changement climatique, plutôt que dans une posture fataliste, passive, qui ne prend pas le sujet à bras le corps, et qui préfère les fuites en avant en tentant de résoudre des équations, impossibles à résoudre justement ! Comment pensez-vous pouvoir, au motif de ce changement climatique, pouvoir répondre à des augmentations de températures, associés à des régimes hydrographiques sévères, nécessitant l’irrigation toujours plus exigeantes des cultures vidées de toute rusticité par la sélection génétique de plantes homogénéisées et standardisées, à partir d’une ressource de plus en plus rare et pour laquelle les priorités de gestion en bon père de famille, restent, d’abord l’eau potable, ensuite le bon état des milieux et enfin l’irrigation (article 2 de la loi sur l’eau) ?
Le stockage de l’eau n’est donc pas la bonne réponse ! Même Garonne 2050 le dit !
Savez-vous, Monsieur CARCENAC, qu’avec autant d’argent public, vous pourriez soutenir un modèle agricole, basé sur l’agronomie, apte à limiter et s’adapter au changement climatique, sachant s’affranchir des substances de synthèse (engrais & pesticides), sachant produire, oui, PRODUIRE, en s’appuyant sur des ressources parfaitement gratuites et inépuisables, préparant l’après pétrole, préservant les équilibres, les ressources et l’eau en particulier, la biodiversité (sauvage et domestique, animale et végétales), le climat et la santé ?
Que ce modèle, en respectant les capacités de la terre (avec un petit t) et la Terre (avec un grand T) à produire demain, garantit un avenir décent pour les générations futures ?
Savez-vous qu’il existe des variétés de maïs, mais aussi de tournesol, de blé, d’orge, d’avoine, et dans toutes les espèces, qu’on appelle « variétés populations » obtenues par une sélection convergente des hommes et du milieu, comme le faisaient déjà avant nous les mayas et les aztèques, il y a des millénaires, qui ont des caractéristiques techniques redoutables (fort taux de protéines par exemple) et qui permettent d’obtenir des rendements surprenants en cultures sèches, justement parce qu’elle sont parfaitement adaptées à leur zone de production, qui n’ont rien à voir avec les variétés standardisées proposées par les firmes semencières, et qui, de surcroit, redonnent aux paysans leur autonomie alimentaire, semencière et génétique ?
Savez-vous encore que l’arbre, que le modèle agricole de ces dernières décennies s’est acharné à faire disparaitre, que vous vous acharnez à faire disparaître sur la zone humide du Testet, est l’acteur central de ce modèle vertueux (agroforesterie, associant arbres et productions agricoles), qui fonctionne partout dans le monde en général, et en particulier, dans le Tarn et qui « nous garantira demain la possibilité d’atteindre la souveraineté alimentaire sur toutes les zones de la planète » (Olivier de SCHUTTER, rapporteur spécial pour l’agriculture et l’alimentation à l’ONU) ?
Que ce modèle agricole vertueux est aussi la meilleure réponse économique pour les agriculteurs eux-mêmes qui voient leurs coûts de production diminuer de façon spectaculaire tout en faisant progresser leur rendement de 40 %, en moyenne, en France (source : INRA) ?
Réalisez-vous que dans un contexte où l’argent public se fait rare, que d’autres activités sont impactées négativement par ce modèle agricole chimique, comme la pêche ou la conchyliculture sur notre littoral. Que les contribuables sont mis à contribution à hauteur de 54 milliards d’euros par an (source : Cour des comptes – 2011), pour financer le retrait dans l’eau des seules pollutions agricoles pour obtenir de l’eau potable. Qu’engager des politiques, des logiques préventives, coûtent, en moyenne, 26 à 27 fois moins que s’acharner sur les logiques curatives, comme par exemple, le stockage de l’eau qui vient en soutien de ce modèle agricole qui refuse de se remettre en cause et qui transfert le coût des dégâts de ses pratiques sur le plus grand nombre? A savoir les contribuables, comme vous le faites vous-même en finançant ce projet de barrage et qui sont déjà ceux qui alimentent l’enveloppe PAC (11,5 milliards d’euros en France), distribuées à ces mêmes agriculteurs.
Ne pensez vous pas qu’il est désormais urgent de changer, d’avoir un peu de créativité, d’audace et de courage politique pour porter avec l’argent public, les vraies bonnes solutions, celles qui allument des cercles vertueux, qui préparent l’avenir des générations futures, loin des logiques corporatistes qui aveuglent à grands coups de propagandes et nous éloignent des véritables approches globales ?
Sur la forme maintenant, Monsieur CARCENAC, vous êtes cette fois pathétique. J’ai pris le temps de rédiger ce long courrier pour que la mort de Rémi ne soit pas vaine, ne soit pas inutile. Pour vous expliquez ce que vous n’avez visiblement toujours pas compris, et que vous sachiez que ce jeune étudiant de 21 ans, lui l’avait compris et que c’est pour ça qu’il était là-bas sur place, au Testet, pour préserver l’intérêt supérieur des générations futures !
Oui, il est mort, pour des idées, parce qu’il avait compris ce qu’en humble et modeste ambassadeur, j’essaye de vous expliquer dans ce courrier. J’aurais pu être Rémi, car je me suis également rendu sur place, où j’y ai d’ailleurs pu constater l’extrême violence des forces de l’ordre face à des militants pacifiques. Rémi aurait également pu être l’une de mes deux filles ou l’un de mes trois fils, tant ils sont également convaincus que de telles politiques publiques sont suicidaires pour les générations futures !
Rémi, jeune toulousain étudiant en biologie de 21 ans, a donc donné sa vie pour tenter de préserver l’intérêt supérieur qu’est l’avenir des générations futures !
Et cette mort, ne sera ni stupide, ni bête, comme vous le dites, si vous prenez maintenant conscience du message qu’il était venu porter sur la zone humide du Testet, lui et tous les nombreux autres citoyens opposants, si vous cessez immédiatement de tels travaux, si vous replantez des arbres au Testet, et si vous utilisez l’argent public du projet pour accompagner et pour soutenir une alternative agricole vertueuse, animée par une véritable approche globale, pour en faire un projet remarquable et exemplaire ! Et je suis prêt, si vous avez (enfin !) cette étincelle de lucidité, de conscience et d’humanisme, à mettre à votre service, gracieusement, en la mémoire de Rémi, de sa clairvoyance et de son engagement, mes connaissances, mes compétences, mes expériences et les réseaux capables d’accompagner un tel projet pour en garantir la réussite ! Faisons le ensemble Monsieur CARCENAC, pour qu’effectivement la mort de Rémi ne soit ni vaine, ni stupide, ni bête !
Benoît BITEAU
Parti Radical de Gauche (Secrétaire National (Agriculture) & Délégué Régional)
Vice Président de la Région Poitou-Charentes,
Président de la commission “Ruralité, Agriculture, Pêche & Cultures marines”.
Membre du Conseil Maritime de Façade “Sud Atlantique” & Président de la Commission Mixte “Lien Terre – Mer”
Administrateur de l’Agence de l’Eau Adour – Garonne & Président de la Commission Territoriale « Charente »
Membre de l’Agence de l’Eau Loire – Bretagne
Administrateur du Conservatoire Régional des Espaces Naturels & du Conservatoire du Littoral
Élu référent du Conseil Régional pour le pays Marennes – Oléron.
Président de CA du Lycée de la mer.
Ingénieur des Techniques Agricoles.
Conservateur du Patrimoine Technique, Scientifique & Naturel.
Paysan Bio.
Lauréat 2009 du Trophée National de l’Agriculture Durable.