Annulation de l’arrêté préfectoral de reconstruction du barrage des Plats, dans la Loire

Annulation de l’arrêté préfectoral de reconstruction du barrage des Plats, dans la Loire: le Père Noël libère la Semène et réclame une table ronde pour construire une autre culture de l’eau potable en Haute-Loire et dans la Loire
Le Père Noël est passé avec un peu d’avance pour la Semène. Ce Père Noël s’appelle le Tribunal Administratif de Lyon, qui a annulé le 14 novembre 2013 l’arrêté de reconstruction du barrage des Plats, pour « défaut d’information des élus locaux qui ont validé le projet », une irrégularité grave. L’arrêté d’au- torisation, signé hâtivement par la préfète de la Loire le 22 mai 2012 légitimait sans fondement technique et juridique solide la reconstruction d’un barrage douteux sur la Semène, la plus belle rivière du département de la Loire, située en grande partie dans le Parc Naturel Régional du Pilat.
C’est un coup sévère porté à l’Etat local, qui n’est pas en cohérence avec la mutation de la politique de l’eau dans notre pays, exigeant la prise en compte de l’impératif de protection et restauration des milieux aquatiques et de gestion plus durable la ressource en eau. C’est aussi un camouflet mérité pour le « Syndicat des Barrages », un regroupement de 4 communes, dont la ville de Firminy, qui a exercé toutes sortes de pressions pour imposer la reconstruction de l’ouvrage, percé en 2005 pour des raisons de sécurité. Tous les services et établissements de l’Etat (Dreal de bassin, Agence de l’Eau Loire Bretagne, Onema) ainsi que les Conseil Généraux de Loire et de Haute-Loire avaient pourtant donné un avis défavorable : mais la préfète et la DDT de la Loire étaient passé outre.
L’ouvrage, reconstruit à 50 %, est maintenant hors la loi. Pour tous ceux, riverains de la Semène, habi- tants de St Genest Malifaux, Appelous, Stéphanois, ONG, citoyens, élus de la Loire et d’ailleurs qui ont lutté pendant 8 ans pour construire une nouvelle politique de l’eau, c’est un très beau cadeau dans la hotte du Père Noël.

Garantir l’approvisionnement en eau potable en épargnant la Semène : c’est possible.

Le barrage des Plats, un ouvrage de 18 mètres de hauteur construit en 1958 devait assurer le développe- ment industriel du territoire de Firminy, dont on pensait qu’il aurait 100 000 habitants en 2000. En 2013, Firminy ne compte que 17 000 habitants, l’industrie lourde est partie et les alternatives pour garantir l’ap- provisionnement en eau potable sur le secteur et, plus largement sur quelques communes de Haute-Loire et du bassin stéphanois sont déjà là. Le grand barrage de Lavalette, en Haute-Loire (40 millions de m3), les ouvrages sur le Furan (Gouffre d’Enfer et Pas du Riot), les barrages sur l’Ondenon, l’Echapre, le Cotatay constituent des réserves suffisantes.
L’eau potable ne manque pas, et il n’y a aucun risque de pénurie à l’horizon. Une étude faite en 2008 … /…
par le Cabinet Asca1, avait conclu : « Les retenues d’eau qui assurent l’alimentation du pôle stéphanois … suffisent largement à alimenter le territoire ». En 2009, une solution complémentaire pour renforcer encore la sécurité avait été étudiée par la SOGREAH1, à la demande sur Conseil Général de la Haute-Loire. Elle consiste dans la réalisation d’une conduite de 17 km reliant le barrage de Lavalette à l’usine de potabilisa- tion du SYMPAE (Syndicat Mixte de Production et d’Adduction des Eaux) de Monistrol sur Loire.
Mais ces alternatives, proposées par divers élus, institutions, établissements et écologistes ont été balayées par le Syndicat des Barrages, qui veut devenir marchand d’eau. De fait, ce dernier compte sur la recons- truction de l’ouvrage pour « vendre de l’eau potable publique » et encaisser ainsi un revenu annuel consé- quent, au détriment de l’indispensable transparence et cohérence de la politique de l’eau, de la démocratie locale et naturellement de la biodiversité.

Un moratoire et une table ronde pour trouver d’autres solutions : le ministère de l’écologie doit prendre l’initiative, sur le modèle de ce que fait l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse.

Garantir l’approvisionnement en eau potable est une conquête du XXe siècle. L’eau au robinet est un besoin vital, et un droit essentiel. Les ONG du Collectif Loire Amont Vivante, qui regroupe une dizaine d’associations des départements et la Loire et de la Haute-Loire, soutenu par le WWF-France y sont parti- culièrement attentives. Mais cette garantie ne peut se faire au détriment des milieux aquatiques, en gaspil- lant l’argent public, surtout en période de crise, en bafouant le besoin de démocratie locale et de participa- tion des usagers-citoyens à la gestion de leur territoire.
Aujourd’hui, le conflit des Plats est devenu un enjeu national. Pour sortir par le haut de l’impasse provo- quée par le « Syndicat des Barrages », pour mettre en place les alternatives qui existent, pour construire sur le territoire de la Semène un développement économique durable à partir du capital naturel remar- quable de cette « rivière sauvage » et des activités de son bassin versant, le Collectif Loire Amont Vivante demande au Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable de lancer au plus vite le processus de création d’une « table ronde » entre tous les acteurs.
Inspirons nous de ce que se passe sur le bassin Rhône Méditerranée et Corse, exemplaire à maints égards. L’Agence de l’Eau vient d’y financer la démolition du grand barrage d’eau potable de l’Ayrette, obsolète et abandonné en 19992. Et son directeur écrit dans l’ouvrage « Ces hommes qui font vivre les rivières », récemment édité3 : « Ces hommes et femmes ont tout compris. Ils ont compris que l’eau a besoin de victoires éclatantes, que le bon état des eaux est le sourd désir des populations, que la bonne gestion est leur honneur de responsables (…) que l’eau transcende les frontières administra- tives et les clivages politiques, que l’eau ne craint rien de plus que l’anarchie dans le gestion et que le diktat technocratique n’est pas une option pour les territoires ».
1 Aujourd’hui Artelia
2 « Sauvons l’eau » N° 22 novembre 2013
3 Postface. Ouvrir une troisième voie pour l’eau. Préface de Michel Rocard Editions Agence de l’Eau RM et C.

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