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Bilan de la cyberaction : La Société Générale et la Coface ne doivent pas financer le projet nucléaire russe de Kaliningrad!

Mise en ligne du 26/04/2013 au 26/09/2013

La Société Générale et la Coface pourraient financer la construction d’une nouvelle centrale nucléaire russe dans l’enclave de Kaliningrad, aux portes de l’Europe.

Bilan de la cyberaction :

4816 participants

Victoire ! Le projet de centrale nucléaire à Kaliningrad est enterré

Montreuil, le 24 avril 2014 - Le projet de centrale nucléaire à Kaliningrad (Russie), controversé et contesté par la population locale a été abandonné par les autorités russes (1). Les Amis de la Terre dont la mobilisation contre le soutien de la Société Générale à ce projet a contribué à la suspension du projet se félicitent de cette nouvelle mais restent vigilants sur l’implication des banques françaises dans le secteur du nucléaire.

Après des mois d’incertitudes sur son futur, le projet de centrale nucléaire porté par Rosatom dans l’enclave russe de Kaliningrad est désormais abandonné par le gouvernement russe. Contesté depuis le début par la population locale, le projet a fait l’objet d’une mobilisation internationale (2) contre la Société Générale l’an dernier à laquelle ont pris part les Amis de la Terre qui se félicitent aujourd’hui de cette victoire.

Le projet de centrale nucléaire à Kaliningrad multipliait les casseroles : étude d’impacts environnemental bâclée, absence de plans de réaction aux situations d’urgence ou de démantèlement, programme de gestion des déchets radioactifs mensonger, corruption et violations des droits des populations, et enfin, inutilité du projet. En effet, si la population contestait le projet depuis le début, les pays limitrophes à qui l’électricité produite était destinée, n’en voulaient pas non plus...

« Ce projet a progressivement perdu tout soutien de la part des autorités russes jusqu’à ne plus même être mentionné au cours de leurs discussions sur l’avenir énergétique de la région début avril. Rosatom peut continuer sa communication mensongère et tenter de faire croire que le projet est toujours à l’ordre du jour, mais l’entreprise ne convaincra ni ici ni à l’étranger. Le nucléaire est une énergie trop coûteuse et trop risquée et les populations russes et limitrophes y sont clairement opposées » déclare Vladimir Slivyak de l’association russe Ecodefense.

« L’abandon de ce projet nucléaire en Russie, le pays qui a connu la catastrophe de Tchernobyl, et ce malgré le souhait du géant Rosatom, devrait envoyer un signal fort à la Société Générale. Celle-ci structurait en effet le financement export de turbines d’Alstom pour ce projet alors que la BNP Paribas et le Crédit Agricole avaient fait savoir aux Amis de la Terre qu’ils n’y participeraient pas. Il ne doit toutefois pas faire oublier que les banques françaises font partie des principaux financeurs de l’industrie nucléaire à travers le monde. » complète Lucie Pinson, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre.

« Ce projet révèle également le rôle de la France à travers son agence de crédit à l’exportation, la Coface, qui aurait pu garantir l’export des turbines. Nous dénonçons la diplomatie économique du gouvernement français qui fait tout pour vendre du nucléaire à l’étranger alors qu’il a décidé de réduire sa part dans le mix énergétique français, et nous demandons aux banques françaises de mettre un terme à leur soutien à l’atome. L’abandon du projet de centrale nucléaire à Kaliningrad est une bonne nouvelle mais d’autres projets aussi douteux sont toujours en cours, comme celui de centrale nucléaire à Jaitapur en Inde. Nous restons donc vigilants et ne manquerons pas de nous mobiliser le cas échéant », conclut Lucie Pinson.

Contact presse : Caroline Prak - 06 86 41 53 43 - caroline.prak@amisdelaterre.org.   -  www.amisdelaterre.org.  

(1) D’après Rosatom elle-même, le sort du projet suspendu depuis fin mai 2013 devait être tranché au cours d’une réunion spéciale du gouvernement russe début avril sur le plan de développement du système énergétique de la région de Kaliningrad. Or, ni ce projet ni le nucléaire en général n’ont été abordés par le gouvernement russe au cours de cette réunion et le gouvernement étudie désormais les opportunités de développer des projets de centrales à charbon dans la région.

(2) http://www.amisdelaterre.org/Appel-...
 
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Les Amis de la Terre sont mobilisés depuis près d'un an contre le projet de centrale nucléaire de Kaliningrad en Russie, un cas typique des Grands Projets Inutiles et Imposés. La population locale et régionale est résolument opposée au projet ainsi que les pays frontaliers européens à qui est destinée l'électricité! les besoins énergétiques locaux sont aujourd'hui satisfaits et ceux futurs pourraient l'être par les énergies renouvelables à commencer par l'éolien. en soutien à la population et à l'association locale criminalisée, les Amis de la Terre et d'autres ONG ont coordonné leurs efforts pour stopper ce projet d'autant plus risqué que la Russie est réputée pour la faiblesse de ses procédures de sécurité et sa corruption.

La stratégie des Amis de la Terre: faire pression sur les investisseurs, la Coface et la Société Générale qui devait garantir et financer l'export de turbines d'Alstom. La Société générale joue également un rôle de structuration des financements.>
Après avoir réussi à obtenir le retrait de la BNP Paribas, et avoir interpellé la Coface et la Société générale, une cyberaction en partenariat avec Cuberacteurs a été organisé. Son succès, [nombre de sigantures] a permis d'accroitre la pression sur ces parties prenantes et de mobiliser largement en vue d'une semaine d'action dans toute la France contre la Société Générale.

Suite à la mobilisation en Russie et à la difficulté induite de trouver les financements nécessaires, la construction de ce projet controversé a été stoppée en juin. Il n'est pas officiellement abandonné et les Amis de la Terre restent vigilants.

Présentation de la cyberaction :

Annoncé en 2008, le projet de centrale nucléaire de Kaliningrad comprend deux réacteurs de 1200 MW situés dans l’enclave russe du même nom coincée entre la Pologne et la Lituanie et donnant sur la mer Baltique. Il a été lancé officiellement en 2010 et Rosatom, l’entreprise russe qui mène le projet, a débuté les travaux sur le site l’an dernier.
Présenté comme devant répondre à la demande croissante d’électricité locale, ce projet est en fait d’abord et avant tout géopolitique et destiné à pénétrer le marché de l’énergie européen en revendant sa production aux pays limitrophes. Or, ces pays sont opposés au projet et refusent d’importer cette électricité, comme la Lituanie dont les citoyens ont voté à une forte majorité contre le nucléaire lors d’un référendum en 2012.


De par son inutilité et sa dangerosité, ce projet fait aussi l’objet d’une forte opposition locale, avec une majorité de la population opposée au projet depuis ses débuts (67% selon un sondage réalisé en 2007, confirmé en 2011). Cette opposition, menée par l’association russe Ecodefense, avait conduit à un premier abandon du projet, avant que les autorités russes ne le remettent sur la table en 2008. La population locale a demandé à quatre reprises l’organisation d’un référendum local, en vain. Près de 200 habitants locaux ont même été empêchés de participer en 2009 aux consultations de l’Etude d’Impact Environnemental (EIE) par les autorités locales et l’entreprise Rosatom.


De plus, cette EIE a été bâclée et pose de multiples problèmes, révélés par Ecodefense : elle n’a pas traité sérieusement les alternatives possibles à cette centrale nucléaire, que très partiellement la problématique des déchets nucléaires, et pas du tout la question du démantèlement et des impacts d’un accident nucléaire majeur ; elle n’a pas été soumise aux populations des pays limitrophes pourtant toutes proches (10 kms pour la Lituanie) ; certaines informations présentées étaient fausses, d’autres exigées par la loi russe absentes. L’EIE ne respecte donc même pas la loi russe, et encore moins les standards européens de participation publique formulés dans les conventions Aarhus et Espoo, que la Russie n’a jamais adoptées.


De plus, le design VVER 1200 de ces réacteurs est nouveau et n’a encore jamais été utilisé ni vérifié par une autorité de sûreté indépendante dans l’Union Européenne. Il faut ajouter à cela les risques de corruption, omniprésents en Russie, et la sûreté nucléaire russe marquée à jamais par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dont les effets se font encore cruellement ressentir plus de 25 ans après la catastrophe.


Une étude de la branche russe de Transparency International et d’Ecodefense en 2010 a même évalué que jusqu’à 40% des transactions commerciales (impliquant l’achat de matériaux pour la construction de nouvelles centrales ) contenait des risques de corruption. L’exemple de la centrale de Novovoronezh-2 à 600 kms au sud de Moscou est éloquent : on y a trouvé des fissures dans le béton des fondations du réacteur ; comme celui de Leningrad-2 où l’armature en béton tombait en ruine récemment. Dans les deux cas, c’est l’achat de mauvais matériaux de construction, moins chers, qui est à la source de ces problèmes.


Le projet nucléaire de Kaliningrad pourrait pourtant être garanti et financé par la Coface, l’agence de crédit à l’exportation française, et la Société Générale via le financement export de turbines d’Alstom. Cette possibilité révèle l’incohérence du gouvernement français dans son double discours sur les leçons à tirer de la catastrophe de Fukushima au Japon. Elle révèle aussi le non respect des propres politiques de la Société Générale, le projet de Kaliningrad ne respectant pas les critères mentionnés dans la politique sectorielle de cette banque sur le nucléaire.


Les risques mentionnés ci-dessus sont tellement massifs que BNP Paribas a déjà renoncé à financer ce projet, une première, récemment rejoint également par la banque allemande HypoVereinsbank.


Aidez-nous à convaincre la Coface et la Société Générale de faire de même en leur envoyant la cyberaction ci-dessous! Merci de soutenir cette campagne par tous les moyens à votre disposition. Faîtes connaître cette action à tous vos amis, voisins et collègues pour qu'ils et elles envoient aussi des courriels. Nous avons seulement quelques semaines pour faire entendre notre voix !


Yann Louvel, BankTrack
Malika Peyraut, Les Amis de la Terre
Sébastien Blavier, Greenpeace France
Charlotte Mijeon, Réseau "Sortir du nucléaire"
Thomas Coutrot, ATTAC France


Pour en savoir plus :
* Article de l’hebdomadaire Politis sur le projet : « Une centrale russe à l’assaut de l’Europe »
https://www.politis.fr/Une-centrale-russe-a-l-assaut-de-l,21304.html  
* Etude sur l’approvisionnement énergétique de Kaliningrad :
http://www.lzp.lt/wp-content/uploads/2012/10/Challenges-of-ensuring-energy-security-of-Kaliningrad-Region-PRELLIMINARY-VERSION-WITH-PICS-e.pdf  
* Etude critique de l’Etude d’Impact Environnemental du projet par Ecodefense :
http://anti-atom.ru/images/eia-baltnpp.pdf  

La lettre qui a été envoyée :


Cher M. Oudéa,
Cher M. Mignon,

Je suis préoccupé(e) par un projet actuellement à l’étude par votre institution financière : la centrale nucléaire de Kaliningrad, en Russie.

Ce projet présente en effet de multiples risques et rencontre de multiples oppositions.

Il est avant tout totalement inutile et n’est pas destiné à répondre à la demande croissante d’électricité locale comme le prétendent les autorités russes, mais plutôt à pénétrer le marché de l’énergie européen en revendant sa production aux pays limitrophes qui ne veulent pas de ce projet et de cette électricité. Ils ne sont pas les seuls puisque la population locale s’oppose également à ce projet inutile depuis ses débuts. Près de 200 habitants locaux ont même été empêchés de participer en 2009 aux consultations sur l’Etude d’Impact Environnemental (EIE) par les autorités locales et l’entreprise Rosatom.

Je suis choqué(e) par ces pratiques et trouve cela particulièrement inacceptable quand on sait que cette EIE ne respecte pas la loi russe et présente de multiples problèmes révélés par Ecodefense, l’association russe à la pointe de la mobilisation contre ce projet, concernant notamment les alternatives au projet et les problématiques des déchets, du démantèlement et des impacts d’un accident majeur.

Je suis également particulièrement préoccupé(e) par la corruption, omniprésente en Russie et qui peut mener à la catastrophe nucléaire. Je pense bien sûr à la catastrophe de Tchernobyl, encore dans toutes les mémoires et dont les impacts se font toujours cruellement ressentir plus de 25 ans après la catastrophe sur le continent européen.
Tous ces risques sont tellement massifs que plusieurs banques, la BNP Paribas en France et la HypoVereinsbank en Allemagne, ont déjà renoncé à ce projet, une première pour la BNP ! Deux ans après une autre catastrophe nucléaire, celle de Fukushima au Japon, la France et la Société Générale doivent en tirer les leçons.

Ma requête auprès de vous est donc : Utilisez votre bon sens. Ne jouez pas à la roulette russe. Suivez l’exemple de BNP Paribas et de HypoVereinsbank et renoncez immédiatement au projet nucléaire de Kaliningrad !

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes considérations distinguées,

 

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2 commentaires

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Après une première rencontre avec la Société Générale et la Coface en mars dernier, Vladimir Slivyak, de l'association russe Ecodefense, est de retour à Paris aujourd'hui pour cette fois interpeller directement Frédéric Oudéa, le PDG de la Société Générale, sur le projet nucléaire de Kaliningrad. La Société Générale et la Coface ont en effet été sollicitées pour participer à un financement export de turbines d'Alstom pour ce projet.

Lors de son intervention, Vladimir Slivyak rappellera les enjeux de cette nouvelle centrale nucléaire : « La population locale s'oppose à ce projet nucléaire, nous n'avons pas besoin de l'électricité produite dans la région, le projet ne tient pas la routé économiquement et il ne respecte pas la politique nucléaire de la Société Générale. En plus de tout cela, il y a la menace d'une répression des autorités russes contre les activistes qui s'opposent à ce projet de centrale nucléaire. Celui-ci est totalement inutile car il ne vise qu'à pénétrer le marché européen en revendant l'électricité aux pays limitrophes qui n'en veulent pourtant pas. L'étude d'impact environnemental n'est enfin pas légale car elle pose problème sur de nombreux points parmi lesquels la gestion des déchets, le démantèlement et les impacts d'un accident nucléaire majeur ».

Il est important de préciser qu'Ecodefense à Kaliningrad fait d'ores et déjà face à la pression des autorités russes. Le 26 avril, Ecodefense a organisé une manifestation près des bureaux de Rosbank, la filiale russe de la Société Générale. La veille, les autorités russes ont débuté une inspection d'Ecodefense qui n'était pas prévue et qui a débouché sur une mise en garde formelle du procureur local concernant les activités de l'association. Bien que de futures mises en garde puissent déboucher sur la fermeture d'Ecodefense, les activistes russes prévoient de poursuivre leur campagne contre le projet nucléaire de Kaliningrad.

D'autres banques ont d'ores et déjà annoncé qu'elles ne financeraient pas ce projet. C'est le cas de BNP Paribas, depuis décembre dernier, et de la banque allemande HypoVereinsbank, filiale du groupe italien UniCredit, depuis le mois dernier. Yann Louvel, référent de la campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre, poursuit : « Le projet nucléaire de Kaliningrad ne respecte pas la politique sectorielle de BNP Paribas sur le secteur nucléaire, qui a donc logiquement refusé de le financer. Or il ne respecte pas non plus la politique sectorielle de la Société Générale sur ce même secteur, mais elle n'en tire pas la même conclusion ! La gestion des déchets radioactifs, le démantèlement et les programmes de réaction aux situations d'urgence sont totalement insatisfaisants. Sans parler de la corruption et des violations de droits humains, courants en Russie. Le patron de la filiale russe de la Société Générale vient d'ailleurs lui-même d'être inculpé pour corruption. La Société Générale doit se rendre à l'évidence et tirer cette fois la bonne conclusion de cette analyse ».

La mobilisation contre ce projet en France a débuté le mois dernier à l'occasion du Chernobyl Day, avec une cyberaction soutenue par Greenpeace, le Réseau ''Sortir du nucléaire'', ATTAC et le réseau international BankTrack, et une lettre ouverte. Yann Louvel conclut : « En plus de la population locale et des pays limitrophes qui ne veulent pas de ce projet, ce sont aujourd'hui plus de 4 000 citoyens français et 94 organisations de 22 pays qui demandent à la Société Générale d'y renoncer immédiatement. Celle-ci doit annoncer son retrait dès aujourd'hui sous peine de voir encore grandir la mobilisation contre ce projet dans les semaines à venir ».

Alain Uguen
Le 30/05/2013 à 11:02:54

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