Cette cyberaction est maintenant terminée
Leader mondial de la distribution de boissons, la Coca-Cola Company se veut une entreprise responsable et respectueuse des droits de l'Homme. Pourtant, une série d’enquêtes révèle que la firme nord-américaine fait fabriquer et distribuer ses boissons dans des conditions déplorables en ayant recours de façon massive et permanente aux travailleurs intérimaires afin de masquer sa responsabilité...
5651 participants
5651 participants ont écrit à Ed Potter Director of Global Labor relations The Coca-Cola CompanyComme des millions de Chinois d’origine rurale, les parents de Yang Zhengjun ont travaillé à l’usine. Aujourd’hui étudiant à l’université de Pékin, Yang est devenu porte-parole du Concerned Coca-Cola Student Group (CCSG), un groupe d’étudiants constitué en 2008 pour enquêter sur les conditions de travail chez les embouteilleurs de Coca-Cola. Un moyen de « faire quelque chose d’utile pour la société et d’apporter peut-être quelques améliorations », explique Yang(1).
Et en matière d’améliorations, la marge de progression est grande pour les usines d’embouteillage de la multinationale.
Celles-ci font en effet appel, de manière systématique, à une main-d’oeuvre intérimaire qui effectue « les tâches les plus dures, les plus pénibles, et les temps de travail les plus longs (jusqu’à 330 heures par mois) »(3) tout en percevant les salaires les plus bas. Pourtant, la loi chinoise limite théoriquement le recours au travail intérimaire à des postes « temporaires, auxiliaires ou de remplacement » et interdit de traiter différemment les ouvriers temporaires et les employés permanents(2).
Des enquêtes difficiles
Depuis août 2008, le groupe d’étudiants a réalisé trois enquêtes dans sept villes différentes. Afin de collecter les informations en toute discrétion, les étudiants ont proposé leurs services à des agences d’intérim qui les ont placés dans différentes usines. Ils ont ainsi occupé toutes sortes de postes : remplissage, inspection, transport, etc. sans recevoir aucune formation ni consigne de sécurité.
En travaillant et en interrogeant leurs collègues, ils ont découvert que la majorité des ouvriers de ces usines est intérimaire. Pourtant, les tâches qu’ils accomplissent n’ont rien de subsidiaire ou de temporaire : certains sont là depuis dix ans ! En revanche, ils sont non seulement moins bien payés que les employés permanents, mais leurs salaires sont inférieurs aux minimums légaux, alors même qu’ils sont contraints de travailler davantage que la limite autorisée par la loi.
Suite à la publication du premier rapport d’enquête en décembre 2008, des améliorations partielles ont été annoncées par certaines usines. En août 2009, voulant vérifier ces déclarations, quatre étudiants se sont à nouveau fait embaucher par une agence d’intérim pour travailler dans l’une de ces usines. Deux d’entre eux ont été victimes d’un incident qui en dit long : alors qu’ils réclamaient le versement d’un salaire non-perçu, ils ont été menacés et l’un d’eux a été violemment frappé par des responsables de l’agence. Cela n’a toutefois pas découragé le CCSG qui, lors d’une troisième enquête en août 2009, n’a constaté aucune amélioration majeure.
Coca-Cola nie toute responsabilité
« Les conditions de travail que nous avons observées dans les usines d’embouteillage sont typiques des usines chinoises. Mais pour une entreprise avec une telle image de marque et qui engrange des profits si importants, nous attendions de Coca-Cola qu’elle accorde davantage d’attention à sa responsabilité sociale », résument les étudiants.
De son côté, Coca-Cola continue pourtant à nier toute responsabilité envers les travailleurs intérimaires et affirme même que son recours au travail intérimaire est “légal et raisonnable”(4).
Un argumentaire difficile à admettre, d’autant plus qu’ailleurs dans le monde, la compagnie est également mise en cause sur ce sujet : en 2007, l’Alliance mondiale des travailleurs de Coca-Cola(5) a dénoncé le recours abusif à l’emploi précaire par les entreprises d’embouteillage de Coca-Cola et demandé l’instauration de relations de travail permanentes et décentes dans tous les pays(6).
“Notre Société s’est toujours efforcée d’exercer ses activités de manière responsable et conforme à l’éthique” peut-on lire sur le site Internet de la Coca-Cola Company. Il est néanmoins temps pour la firme de mettre fin au travail précaire dans ses usines d’embouteillage et d’assumer son entière responsabilité sociale vis-à-vis de ceux qui produisent ses boissons. C’est pourquoi nos partenaires chinois de la SACOM en appellent aujourd’hui à la solidarité de tous pour faire pression sur l’entreprise.
(1) China Labor News Translation, « Chinese Students Go Undercover to Investigate Coca-Cola », 16 septembre 2009, p.3
(2) Cf. Articles n° 63 et n° 66 de la loi chinoise sur le contrat de travail.
(3) Coke Concerned Student Group, décembre 2008, « Coca-Cola : the world’s most valuable brand in the world is evading its legal and social responsibilities » http://sacom.hk/wp-content/uploads/2009/09/report_eng_dec2008.doc
(4) Communiqué de presse de la SACOM, 21 décembre 2009
(5) Coordonnée par l’UITA (Union Internationale des Travailleurs de l’Alimentation).
(6)Cf. http://www.iuf.org/drupal/files/Alliance_Charterofdemands_final_f.pdf
 
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