Cette pétition est maintenant terminée
Un appel à Monsieur Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur et à Monsieur Manuel Valls, Premier Ministre
3419 migrantes et migrants morts en Méditerranée en 2014, 300 dans la seule seconde semaine de février 2015 au large de Lampedusa : s’y sont ajoutés 400 disparus le deuxième week-end d’avril, 40 nouveaux morts mercredi dernier et 700 naufragés ce troisième week-end, tel est le dramatique bilan de la politique de fermeture des frontières menée par l’Union Européenne, de Ceuta et Mellila en face de Gibraltar au fleuve Evros en Grèce du Nord.
La France n’échappe à cette politique d’érection de barrières physiques et répressives opposées à migrantes et migrants. Non pas en Méditerranée, mais à Calais où tous les campements de fortune de migrants viennent d’être évacués pour être réunis loin de tout, dans un « bidonville d’Etat » soumis à un constant contrôle policier.
3132 participants
Bonjour, cher Alain.Un récent rapport de Human Rights Watch1 a dénoncé les conditions de survie imposées aux quelque 2500 migrants qui, à Calais et dans le Calaisis, attendent soit une opportunité de passer clandestinement en Angleterre, soit l’incertain résultat d’une demande d’asile déposée en France : le dénuement total dans une situation d’extrême précarité est accompagné de mesures policières répressives, entre passages à tabac, attaques au gaz lacrymogène et destructions des squats. S’y ajoutent les expériences traumatisantes que l’on peut s’imaginer dans le passage aléatoire de la Méditerranée et au cours de la traversée risquée de l’Europe. Aux Afghans et aux Irakiens ont maintenant succédé Soudanais, Erythréens et Syriens ; de ces derniers, victimes de la répression du régime de Bachar el Assad et de Daech, les pays de l’Union européenne n’acceptent que des contingents extrêmement restreints. Migrants « illégaux » sans doute, mais aussi réfugiés dont le seul crime est d’avoir fui des situations de guerre, de répression et de dénuement extrêmes. Pour toutes et pour tous, ce sont les droits individuels et sociaux de l’homme les plus élémentaires qui sont bafoués, dans l’indifférence générale. Privé de moyens de subsistance, privé d’identité statutaire, sociale, psychique et affective, discriminé et condamné à la rue, quand ce n’est pas à la décharge publique, le migrant est soumis à la seule logique du rejet et de l’expulsion.
Interpellé sur la situation des migrants à l’issue de sa propre visite le 3 novembre dernier, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a répondu par l’intermédiaire de son chef de cabinet, Gabriel Kunde. Il mentionne tour à tour un « plan européen pour la gestion des flux migratoires » avec l’établissement de règles communes quant à l’asile et un soutien aux pays d’origine et de transit des migrants ; le fond commun de 15 millions d’euros débloqué par la Grande Bretagne pour « sécuriser » le port, pour lutter contre les « filières criminelles » et pour « l’aide humanitaire aux migrants » ; des travaux interministériels pour la création à Calais même d’un nouveau centre d’accueil (site Jules Ferry) ; et finalement des mesures pour faciliter les demandes d’asile en France.
Dans les faits, le plan européen s’est traduit par l’opération « Triton » de contrôle renforcé et de répression des migrants en Méditerranée (cette opération est en partie responsable des nouveaux morts enregistrés depuis février dernier) ; le fonds anglais servira surtout à ériger à Calais une barrière infranchissable analogue à celles de Mellila et Ceuta ; le centre d’accueil s’avère n’avoir qu’une capacité limitée à 400 personnes, offrant un abri précaire uniquement pour la journée ; et désormais les places d’hébergement supplémentaires promises aux demandeurs d’asile se sont limitées au déplacement de cette population précarisée sur un terrain vague, couvert de déchets. Cette évacuation de Calais s’inscrit à la fois dans la ligne de la multiplication des évacuations visant les Rroms en France et dans la politique de bouclement des frontières conduite par l’Union européenne à l’égard de migrantes et migrants dans la détresse.
Ainsi la guerre contre les migrants se poursuit, avec cynisme. De même que les rRoms, les victimes de faits de guerre et de répression dans les pays voisins de l’Europe, quelle que soit leur culture, quelle que soit leur religion, sont offerts en cibles toutes désignées pour le ressentiment d’une population résidente précarisée par la dégradation des conditions de travail et par le chômage. La discrimination dont migrantes et migrants sont les victimes entretient une xénophobie implicite et indifférente, inscrite dans l’ordre admis des inégalités de ce monde.
La politique concertée de rejet des migrants et des migrantes menée par l’Union européenne a donc provoqué, depuis le tournant du siècle, la mort de plus de 22000 migrantes et migrants en Méditerranée. Quant aux survivants, ils sont confinés dans des camps de rétention quand ils ne sont par jetés à la rue dans le dénuement le plus total. Ne faut-il pas dénoncer un crime contre l’humanité tel que le définissent les conventions internationales que la France a signées ? 2
Quoi qu’il en soit, depuis l’été dernier les associations de soutien aux migrants actives à Calais n’ont fait qu’appeler l’attention des autorités politiques et du public sur les conditions d’insoutenable insalubrité et de promiscuité inadmissible régnant dans d’aléatoires campements de fortune, régulièrement évacués et détruits par les forces de police.
À notre tour nous demandons à Monsieur Bernard Cazeneuve, Ministre de l’intérieur, qu’il fasse cesser à Calais et dans le Calaisis toutes les mesures répressives prises à l’égard de migrantes et des migrants, et qu’à l’égard de ses collègues de l’Union européenne il tienne enfin les engagements humanitaires pris à l’issue de sa visite du 3 novembre 2014.
Section LDH de l’EHESS
Collectif de soutien de l’EHESS aux sans papiers et aux migrant-es
signatures individuelles via Cyber@cteurs
1 http://www.hrw.org/fr/news/2015/01/20/france-les-migrants-et-les-demandeurs-dasile-victimes-de-violence-et-demunis ; voir « Le Monde » des 21.1. et 13.2.15.
2 Rappelons qu’au-delà de l’extermination, de la réduction en esclavage, de la prostitution forcée, de la persécution d’un groupe ou du recours systématique à la disparition forcée, l’article 7 du « Statut de Rome » de la Cour pénale internationale (17.7.1998) désigne également comme crime contre l’humanité « les autres actes inhumains (…) causant de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité
 
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almodis
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Jojo08
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