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URGENT : la préfecture de la Haute-Savoie met en ligne une nouvelle consultation du public ouverte jusqu’au 25 juillet 2022 inclus sur son projet d’arrêté autorisant sur l’ensemble du massif du Bargy le prélèvement de bouquetins pour viser l’extinction de l’enzootie de brucellose.
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Consultation terminéePourtant, une précédente consultation avait eu lieu en mars 2022 et l’arrêté avait été suspendu par le tribunal administratif, saisi par nos associations. La préfecture s’entête donc à vouloir abattre ces bouquetins, alors qu’une fois de plus, le Conseil National de la Protection de la Nature a rendu un avis défavorable en démontant un à un les arguments de la préfecture.
Vous pouvez également consulter la note de présentation.
https://www.consultationspubliques.aves.asso.fr/2022/07/11/jusquau-25-juillet-2022-consultation-publique-sur-le-projet-darrete-autorisant-le-prelevement-de-bouquetins-sur-lensemble-du-massif-du-bargy/
AVES France vous invite à vous opposer à ce projet d’arrêté.
Monsieur le Préfet de la Haute-Savoie,
Par cette contribution, je tiens à m’opposer à votre projet d’arrêté autorisant sur l’ensemble du massif du Bargy le prélèvement de bouquetins pour viser l’extinction de l’enzootie de brucellose au sein de la population pour l’année 2022.
Je suis surpris par votre obstination déraisonnable à vouloir abattre ces bouquetins alors que vos précédents arrêtés ont été suspendus par l’autorité administrative et que le CNPN a émis plusieurs avis défavorables et scientifiquement motivés pour dénoncer vos arrêtés.
Le projet d’arrêté prévoit l’abattage de 75 bouquetins non marqués sur le massif du Bargy, au risque de détruire des animaux sains.
Le CNPN considère que les arguments qui avaient été donnés dans son précédent avis, défavorable, du 27 janvier 2022, sont toujours d’actualité, voire même renforcés par les nouvelles données acquises dans le massif du Bargy durant ce 1er semestre 2022. En outre, il insiste encore une fois sur la nécessité d’une recherche de solutions alternatives satisfaisantes, ce à quoi invite la décision du juge administratif, recherche qui est restée jusqu’à présent nettement insuffisante alors que diverses pistes sont disponibles et documentées dans les avis de l’ANSES et dans la littérature scientifique.
Dans son avis, le CNPN attire l’attention de la préfecture sur le fait que le scénario appelé S5 (constitution d’un noyau sain en éliminant tous les animaux non marqués du massif) est considéré par les experts comme « comportant une prise de risques importante du fait de la déstructuration probable de la population des bouquetins ». Les individus restants peuvent s’agréger différemment, relançant l’infection par contacts inter-groupes jusqu’alors cloisonnés ou se déplacer dans d’autres secteurs en intra ou inter-massif, ou à l’inverse, le site peut devenir attractif pour les bouquetins des massifs voisins qui viendraient s’y contaminer. L’abattage des bouquetins pourrait donc avoir des effets contraires à ceux recherchés par la préfecture.
Selon les données actuelles, il resterait environ 4 bouquetins positifs envers la brucellose dans tout le massif. Cela illustre la disproportion qu’il y aurait à vouloir abattre tous les individus non marqués pour ces quelques individus.
L’abattage des bouquetins n’est sollicité que pour protéger les troupeaux domestiques. Or, la mise en place de mesures élémentaires de gestion dans l’espace et dans le temps de la ségrégation domestique / sauvage pourrait-être suffisante pour accompagner la fin de l’action de maîtrise sanitaire sur ce foyer de brucellose.
Nous tenons à rappeler que le bouquetin des Alpes est une espèce protégée en France. À ce titre, l’octroi d’une dérogation à leur protection stricte devrait être conditionné à la recherche de solutions alternatives.
Les membres du CNPN rappellent que nous sommes probablement dans la phase épidémiologique où l’on peut espérer une extinction spontanée du foyer et qu’il serait très dangereux de casser cette dynamique aujourd’hui par des mesures inappropriées.
Ce projet d’arrêté vise à maîtriser l’enzootie de brucellose au sein de la population de bouquetins du massif du Bargy dans l’intérêt de la santé publique, ainsi que pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne. Or, le risque de transmission entre l’homme et cette espèce sauvage est très faible, les interactions entre nos deux espèces étant extrêmement rares.
Santé Public France nous apprend que 30 cas de Brucellose sont diagnostiqués chaque année en France chez l’homme, dont 80% des cas ont été contractés en dehors de nos frontières, lors d’un voyage dans un pays enzootique par la consommation de produits laitiers infectés ou par un contact direct avec un animal infectés.
Chez l’homme, les formes graves sont rares et ne peuvent en aucun cas justifier un abattage massif d’animaux sauvages.
La brucellose est présente dans de nombreux pays et affecte la plupart des espèces de mammifères, notamment les ruminants, domestiques et sauvages, ainsi que les suidés (porcs et sangliers) et les lagomorphes (lièvres).
Il n’est pas normal de sacrifier des populations d’animaux sauvages protégés pour prévenir les dommages à l’élevage, quand d’autres solutions sont envisageables comme limiter l’accès des zones à risque aux troupeaux.
La découverte d’un bovin contaminé en 2021 ne peut justifier l’abattage massif de bouquetins, la transmission directe entre les deux espèces n’ayant pas été confirmée.
Il faut favoriser une conduite des troupeaux placée sous le contrôle d’un berger dans le but d’éviter les interactions directes entre animaux sauvages et domestiques.
Les mesures agri-environnementales et les futurs contrats territoriaux d’exploitation devront être développés en prenant en compte la gestion des populations d’ongulés sauvages, en particulier celles permettant la limitation des risques sanitaires.
L’intérêt des tirs d’individus impossibles à capturer et localisés dans les sites inaccessibles n’est pas démontré.
 
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