Primaire populaire Inverser le calendrier : les législatives avant la présidentielle

Le problème quand on a raison trop tôt c’est qu’au moment où on le dit c’est inaudible et que quand cela devient audible, personne ne se souvient du propos initial.

Ainsi je plaide pour une primaire citoyenne depuis le 21 avril 2002 convaincu que c’est la seule solution pour éviter de laisser à l’extrême droite la maitrise du débat. Je l’ai fait en créant primaire.org et même en étant candidat à la primaire interne des Verts en 2006.

L’idée de primaire citoyenne a fini par s’imposer au PS d’abord puis à droite. Mais sa focalisation sur la présidentielle a servi à fusiller le candidat qui en est sorti vainqueur soit en tant que président élu mais vite privé de majorité (Hollande) soit comme candidat privé de soutiens ( Fillon et Hamon).

J’en suis donc venu à l’idée que la primaire citoyenne reste une bonne idée pour remettre les citoyens au cœur du débat politique mais qu’il faut la faire sur les législatives pour éviter le tout à l’égo qui finit par perdre ses héros.

Et c’est là que je suis, pour une fois, d’accord avec Bernard Poignant : il faut une coalition à l’allemande (qui) trouve un débouché pour répondre à leur aspiration.

Pour ça il faut remettre les choses dans l’ordre inversé par le tandem Jospin-Raffarin : comme les allemands mettre les législatives avant pour mesurer le rapport de forces, ensuite instaurer une discussion entre les forces qui veulent gérer ensemble pour trouver un compromis et enfin désigner l’animateur de cette majorité qui est généralement celui de la force la plus importante.

Dans l’éclatement façon puzzle de l’univers social-écolo, cela nécessiterait un candidat qui accepte l’idée d’une primaire législatives permettant de répartir les candidatures au niveau de chaque région et de lui assurer le leadership pour représenter cette coalition au premier tour de la présidentielle afin de négocier entre les deux tours avec le président sortant pour obtenir comme les gruenens en leur temps une sortie du nucléaire et la mise en œuvre de la Transition par une coalition regroupant comme en Allemagne les écologistes, les sociaux-démocrates et les libéraux européens.

Mais je crains que la décomposition du paysage politique français ne soit pas suffisamment avancée pour permettre à une telle idée de germer pour éclore au printemps.

Alain Uguen
Les amis des 150

TRIBUNE Comprendre les français

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4 réflexions au sujet de « Primaire populaire Inverser le calendrier : les législatives avant la présidentielle »

  1. Excellente initiative : je signe! Espérant que votre proposition sera étudiée et que l’appel à un regroupement de la gauche s’imposera rapidement (avec une représentativité de toutes les gauches* inédite et réjouissante. Une chance à ne pas manquer) *chaque parti apportant un % de votes équivalent selon les sondages, qui devrait satisfaire les attentes des abstentionnistes, aussi:)

  2. Mettre les législatives avant les présidentielles permettrait sans doute d’éviter que le parti au pouvoir ne soit surreprésenté au Parlement. Ce qui se passe actuellement avec les députés godillots de Larem est symptomatique. Nous tombons chaque jour davantage dans un état grave de cachexie démocratique ! L’Assemblée ne joue plus son rôle régulateur de contre-pouvoir. Le contenu des projets de lois est annoncé comme acquis par l’Exécutif et les médias avant même que l’examen et le vote n’ait eu lieu (ex : le passe vaccinal).
    La parole présidentielle devient en quelque sorte “édit royal”, un effet pervers encore aggravé par une franche dérive vers l’hyperprésidence.
    Je ne connais pas assez le droit constitutionnel pour énoncer ici une proposition concrète, bien ficelée et viable. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux plus de l’hyperprésidence, que j’en ai marre du dirigisme absolutiste. Je viens d’achever la lecture de “La Révolution des Plantes” par Stefano MANCUSO. Ce dernier évoque les stratégies de la nature, en particulier des végétaux, pour survivre et rappelle que “prendre des décisions partagées est la meilleure garantie d’obtenir une solution correcte à des problèmes complexes”. Dans la nature, même des êtres aussi petits que les abeilles ont recours à la décision de groupe lorsqu’il s’agit de choisir une nouvelle implantation pour une partie de la colonie. Nous les humains, sommes pratiquement la seule espèce autant attachée à la notion de “chefferie” et de délégation des pouvoirs décisionnel et exécutif. La matriarche des éléphants et les alphas chez les loups s’apparentent plus à des “guides” qu’à des chefs purs et durs.
    Mais l’évolution suit son cours et il me semble que nous sommes de plus en plus nombreux à renâcler face à l’autoritarisme bête et méchant, motivé par des intérêts égoïstes… Une pensée en passant pour ces pauvres et courageux manifestants Kazakhs qui vont se faire massacrer par les “pacificateurs” !…
    Peut-être est-il temps que nos sociétés humaines apprennent à mieux exploiter la puissance de décision, de résolution et d’innovation du collectif ? Peut-être est-il temps pour nous de grandir et de nous émanciper de « ce père ou de cette mère de substitution », souvent mal élu(e), qui, au lieu de nous représenter, s’attribue la plus grande partie du pouvoir décisionnel et prétend décider à notre place des choix importants régissant notre existence ?

  3. cher ami,

    avec retard, je vous remercie d’avoir lancé ce pavé dans la mare républicaine: l’inversion du calendrier électoral.

    Ce n’est pas la solution à tous les problèmes de la France, mais c’est un premier pas indispensable. tout système électoral a des avantages et des inconvénients, il faut accepter ce fait. (La quatrième république (vous n’étiez pas né, sûrement) a eu beaucoup de réussites, face à des défis immenses. Elle a échoué sur l’Algérie ( et sur l’Indochine), mais remarquons que De Gaulle, avec son prestige et les pouvoirs qu’il avait, a mis plus de temps que la 4 ème pour parvenir, non sans dégâts, à une solution pas satisfaisante, mais mieux que le pire. )

    Fin de cette parenthèse. Pourquoi faut-il changer de système électoral tous les trente ans, en France? Parce que, au bout de ce délai, les malins ont su tirer tout le profit, et que les inconvénients, inévitables, deviennent trop grands par rapport aux avantages que le système avait apportés au départ. Je veux dire: quand on a adopté le système présidentiel et le scrutin majoritaire, on a voulu parer à la valse des ministères. Maintenant, c’est l’inverse, les représentants du peuple sont dans la dépendance du pouvoir exécutif.

    Donc, sans bouleverser toute la constitution, il suffit d’inverser le calendrier électoral. Du coup l’élection des députés sert de primaire: on sait où est la majorité, ce sont les élus qui choisissent le candidat à la présidence, et non pas les sondages, dont la neutralité est problématique.

    Aujourd’hui, un(e) politique devient une personnalité dès lors qu’il “n’exclut pas de se porter candidat”!, On parle de lui, ou d’elle, même s’il n’a aucune chance , et ne propose rien

    Daniel L

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