Le changement climatique en cours a un double effet néfaste sur nos forêts. D’une part, les populations de certains insectes xylophages explosent profitant d’hivers anormalement doux, de printemps et d’étés secs. D’autre part, les arbres souffrent du manque d’eau et sont affaiblis. En conséquence, ces derniers sont de moins en moins armés pour résister aux attaques de ravageurs comme le scolyte.
Un arbre en bonne santé parvient à se défendre en produisant de la résine qui obstrue les galeries creusées par les parasites et qui noie ces derniers. Un arbre en déficit hydrique ne peut plus engager ce processus. En outre, il produit une phytohormone de stress que les scolytes détectent et qui les attirent. Les larves de ces coléoptères creusent des galeries sous l’écorce empêchant ainsi la circulation de la sève. L’arbre se dessèche et finit par mourir. Les épicéas, et maintenant les sapins, du Nord Est de la France sont les essences les plus impactées par la pullulation des scolytes.
La seule méthode préventive est de couper le plus vite possible les arbres atteints, de broyer les écorces et le produit d’ébranchage. En coupant très tôt, on préserve le cœur du bois qui peut être valorisé en bois d’œuvre.
Une catastrophe écologique a généralement des répercussions au niveau économique. Au cours des années 2018 et 2019, 2 millions de m3 d’épicéas ont été prélevés en forêt publique, soit le double d’une récolte normale.
L’arrivée massive de cette essence sur le marché a fait chuter les cours de 30%. Les propriétaires privés, la Fédération nationale du Bois (organisation professionnelle des acteurs de la filière bois) et les communes forestières réclament un “Grenelle de la Forêt”.
Le Ministère de l’Agriculture a annoncé la mise en place d’un plan de soutien de 16 millions d’euros afin d’aider à l’exploitation et à la commercialisation des arbres atteints, puis à la reconstitution des peuplements après coupes rases. Il reste à souhaiter que ne seront pas renouvelées les erreurs d’une gestion forestière qui a encouragé dans les années 70, par le biais de subventions publiques, d’allégements fiscaux, de fourniture gratuite de petits arbres ; la plantation de forêts monotypes de résineux en lieu et place des forêts de feuillus ou d’anciens terrains agricoles. Un “Gosplan” désastreux pour la nature qui a, en outre, mobilisé des fonds et moyens publics au seul bénéfice de propriétaires et exploitants privés. Ce sont ces mêmes forêts à essence résineuse unique qui sont actuellement ravagées par les scolytes. En effet, les peuplements mélangés résistent mieux aux aléas sanitaires et climatiques tout en offrant une meilleure résilience.
Francine Praud
Le gouvernement a décidé de se pencher sur le sort des forêts, c’est peut-être
une bonne chose (j’avoue demeurer très dubitative à ce sujet), mais pour les épicéas et le sapin blanc des Vosges, il est sans doute déjà trop tard.
C’est pourquoi, je vous fais parvenir ce texte adapté des articles transmis en info ainsi que quelques photos perso. prises sur notre secteur de la Haute-Saône.
Des photos qui témoignent des dégâts des scolytes sur les arbres et des dégâts de l’exploitation forestière mécanique sur les sols.
Ici, toutes les parcelles d’épicéas, touchées ou non par la pullulation des scolytes, sont en cours de récolte depuis cet automne dans une véritable course
engagée contre le dépérissement.
Il s’agit non seulement d’un grand bouleversement du paysage mais aussi et surtout, d’une catastrophe pour les espèces qui, au fil des années, s’étaient installées dans ces parcelles (Mésanges noires et huppées, Eperviers d’Europe, Bec-croisés des sapins, Roitelets huppés, Pics noirs, cervidés, Martres des pins et j’en passe).
Les engins d’exploitation arrivent très tôt le matin et travaillent à la lumière de leurs puissants phares. A 5h00 déjà, on peut voir des lueurs dans la forêt et entendre les bruits de coupe !
En général, le travail finit tard l’après-midi (vers 18h00) et la pause de midi est très courte.
Il en va de l’exploitation forestière comme de l’agriculture.
Certes, la mécanisation a facilité et sécurisé le travail, mais elle a contribué à l’endettement des exploitants.
Une abatteuse neuve coûte entre 400.000 et 500.000 euros.
A 12 euros le m3, il faut en abattre des arbres pour pouvoir vivre de cette activité ! Et il faut en faire des heures !
Bonne lecture et n’hésitez pas à déposer un témoignage ou un simple commentaire. Amitiés. Francine Praud