« À Londres, le dixième aéroport du monde accueille 34 millions de voyageurs et n’a qu’une piste, comme à Nantes… ». Archives Ouest-France
Entretien
Ces deux commandants de bord appartiennent à une compagnie aérienne basée à Nantes. L’un d’eux est représentant du personnel. Ils ont souhaité garder l’anonymat.
Que pensent les pilotes du projet d’aéroport à deux pistes parallèles envisagé à Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes ?
Ça ricane. On se moque des hommes politiques décidés à construire un projet pharaonique, un grand aéroport de l’Ouest à quatre millions de passagers, dans un contexte où, au mieux, hors crise, le trafic en Europe ne progresse que de 1 %. Contrairement à l’Asie, qui fait des scores à 5 % et plus.
Pourquoi ces moqueries ?
Parce qu’à Londres-Gatwick, le dixième aéroport du monde, qui accueille 34 millions de voyageurs, il n’y a qu’une piste, comme à Nantes, où on n’en a que 2,7 millions. Et ne parlons pas de Genève, où l’on n’a qu’une piste et du relief autour.
Que répondez-vous à ceux qui avancent le danger du survol de Nantes ?
Pourquoi cet argument aujourd’hui, alors qu’on survole Nantes depuis trente ans sans incident, hormis cette histoire de charter perdu (1) ? Lorsqu’on se pose à Londres, on longe la Tamise. On survole aussi Amsterdam, Paris, Toulouse…
Construire un nouvel aéroport, c’est quand même diminuer les risques, non ?
Si on veut dépenser des sommes folles pour cette seule raison du survol de Nantes, alors c’est légitime, car on ne peut, pour l’instant (mais la technique évolue vite), éviter la ville avant l’atterrissage.
Nous nous posons toutefois des questions : pourquoi ne nous permet-on pas de faire une approche à vue par beau temps ; ça éviterait de survoler toute la ville ? Pourquoi l’aéroport actuel ne s’est-il pas équipé d’un deuxième ILS, un instrument électronique très précis de navigation pour l’atterrissage, qui nous permettrait une approche de précision et une sécurité béton en survolant Nantes ?
Notre-Dame-des-Landes n’offre-t-il pas l’occasion de drainer une nouvelle clientèle dans l’Ouest et au-delà ?
Allons, ce n’est pas un nouvel aéroport qui nous donnera une liaison régulière Nantes-San Francisco ! On réduit la toile partout. Le trafic ne va pas redémarrer comme en 14… On n’est pas dans une crise passagère, comme celle de l’après-11 Septembre. Et on pourrait bien avoir Notre-Dame-des-Landes et les compagnies à bas coûts, comme Ryanair, ailleurs, car elles ne voudront pas payer les taxes aéroportuaires. Et que deviendra l’aéroport de Rennes avec cette concurrence nouvelle ? Et l’aéroport d’Angers, qui n’accueille même pas une seule compagnie aérienne régulière ?
Les deux pistes ne sont-elles pas une chance de développement économique ?
Deux pistes, c’est du délire ! Le trafic ne le justifie pas. Il y a plein d’endroits où les pistes moisissent. À Bordeaux, on n’utilise plus la deuxième piste. À Metz-Nancy, on a une piste magnifique créée il y a quinze ans, mais personne n’y va.
Et que répondez-vous aux riverains de Nantes-Atlantique qui souffrent du bruit et veulent le transfert ?
Les avions font du bruit. Mais il y aurait moins de problèmes si on n’avait pas laissé construire autour de Nantes-Atlantique. D’ailleurs, qui peut garantir que ça ne recommencera pas à Notre-Dame-des-Landes, où la pression foncière et immobilière se fait déjà sentir ? Pour l’heure, seules certitudes : on va gâcher un énorme espace agricole. Et ça va coûter très cher : 600 millions d’euros, un milliard, deux milliards… on ne sait pas. Mais pour quelle véritable utilité ?
Recueilli par Gaspard NORRITO.
Merci au journaliste pour cette bonne idée d’avoir questionné des pilotes et merci aux pilotes pour leurs réponses très compréhensibles.
Bien que je ne veuille pas favoriser ce nouvel aéroport, je dois vous dire que ce que vous écrivez ci-dessus est trop orienté et partial à mon goût. J’habite à Tours qui a un tout petit aéroport et pourtant le trafic a augmenté de 15% l’an passé et continue à augmenter, bien que nous ayons un TGV qui mène directement à Roissy. Alors, tout n’est pas aussi simple que vous le dites.
Claude
Soit le journaliste a mal retranscrit les paroles, soit le pilote ne connaît pas son travail : Le survol de Paris est interdit.