NDDL – Une cause nationale

“Si ceux pour qui les mots ’crise écologique’ veulent dire quelque chose perdent cette bataille, si cet aéroport se faisait, le mouvement écologique en serait aussi durablement affaibli qu’il l’avait été, en 1977, par les événements de Creys-Malville.”
Le lourd silence de Cécile Duflot, de José Bové, de Daniel Cohn-Bendit, de Nicolas Hulot et de tant d’autres sommités, le désintérêt des médias, la passivité d’Europe Ecologie Les Verts, le « courage fuyons » des élus PS informés des enjeux écologiques, l’apathie de la grande majorité des associations environnementales, le désir si manifeste de tout ce joli monde de tourner la page n’y font rien : ce qui s’est déroulé cette semaine et se poursuit ces jours-ci autour de Notre Dame des Landes, en Loire-Atlantique, est vital, crucial, essentiel.
Si ceux pour qui les mots « crise écologique » veulent dire quelque chose perdent cette bataille, si cet aéroport se faisait, le mouvement écologique en serait aussi durablement affaibli qu’il l’avait été, en 1977, par les événements de Creys-Malville.
On s’étonne que ne soit pas comprise l’importance de ce bras de fer. Mais peut-être faut-il, de nouveau, en expliquer les enjeux. Il s’agit, donc, d’un projet d’aéroport qui occuperait près de 2000 hectares de terres au nord de Nantes. Vieux d’une quarantaine d’années, il a ressurgi au début des années 2000. La résistance tenace, non violente, assise sur des expertises solides, de paysans, d’élus, d’écologistes, de citadins, d’habitants anciens et nouveaux, a retardé le projet. Elle a permis de voir que se cristallisent ici toutes les problématiques qui forment le complexe écologique de ce début du XXIe siècle. Ce n’est pas Trifouilly-les-Oies, c’est une cause nationale.
Alors que le Programme des nations unies pour l’environnement vient d’annoncer que les zones humides, essentielles à la biodiversité et à la régulation des écosystèmes, ont perdu dans le monde la moitié de leur superficie depuis un siècle, on s’apprête en France à détruire un site dont 98 % des terres sont des zones humides. Alors que semaine après semaine, les climatologues publient des études montrant la gravité du changement climatique, on s’apprête en France à construire un aéroport qui stimulera le trafic aérien, important émetteur de gaz à effet de serre. Alors que l’artificialisation des sols et la disparition des paysans sont officiellement déplorées, on la planifie ici, ce qui la justifiera ailleurs. Alors que le pouvoir du capital et les partenariats public-privés sont partout dénoncées, on donne les clés du projet à la multinationale Vinci.
Il y a des moments où il faut savoir dire non. Il est temps que se fassent entendre ces « Non »
Hervé Kempf – 21 octobre 2012
Source : Cet article est paru dans Le Monde daté du 21 octobre 2012.

Be Sociable, Share!

Une réflexion au sujet de « NDDL – Une cause nationale »

  1. Les campagnes françaises sont victimes de bien des détournements,au “profit” de l’urbanisation “galopante”,d’un productivisme spéculatif,d’une agression sans vergogne de la biodiversité,d’une dégradation inconséquente,désinvolte des nappes phréatiques, et de plus en plus sujettes aux brusques variations climatiques…Est-ce que les campagnes et les paysans-qui aiment la nature,les bêtes et leur “sacerdoce” dans la nature-ne valent pas plus que les caprices de citoyens,de consommateurs éternellement insatisfaits;et pour qui ne compte que la “modernité” sans retenue,sans présager des conséquences qu’elle implique au niveau de la santé humaine et de l’environnement…?Alors que la montée des mers et les tempêtes exposent les territoires proches du littoral marin aux inondations subites et répétées,dévastatrices,est-il indispensable de construire l’aéroport de Notre-Dame-
    des Landes,plutôt que permettre à cette région bocagère d’absorber les “excès” de la nature déjà si mal en point…?La nature et les paysans ont tant besoin d’amour,d’attention pour entretenir,faire vivre les campagnes,permettre leur repeuplement,aussi…à une époque où tant d’êtres humains ne peuvent se nourrir et se loger décemment…

Répondre à RANDOLET M. Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *