L’expérience du mégot ou comment faire sa propre transition énergétique

Informer des dangers de la pollution ne suffit pas pour changer les comportements : un chercheur de l’université Aix-Marseille suggère que l’aide de la psychologie représente une piste intéressante.

COMPORTEMENTS. Vous êtes conscients des risques que représente le changement climatique mais vous continuez à prendre votre voiture pour aller au coin de la rue ? Les psys peuvent vous aider à opérer votre propre transition énergétique : voilà le thèse de Robert-Vincent Joule, l’un des théoriciens de la “communication engageante”.

Informer ne suffit pas

“L’erreur essentielle que l’on fait est de considérer qu’il suffit de provoquer des prises de conscience pour modifier les comportements”, explique à l’AFP le chercheur du laboratoire de psychologie sociale de l’université Aix-Marseille. “Ce n’est pas vrai”.
Pour preuve, cette expérience saisissante réalisée aux États-Unis sur des enfants âgés de 8 ans pour les sensibiliser aux dangers du tabac et qui, pendant 10 ans, vont assister à 65 séances d’information.
“On leur montre des films abominables, il y a une pédagogie adaptée. Et à 17 ans, on évalue l’efficacité de l’action. Fument-ils ? Combien de cigarettes ? Sur ces deux critères… il n’y a aucune différence” avec les autres adolescents. “Le lien entre les idées et les actes n’est pas direct, il faut le produire”, résume M. Joule.

Signer une charte est plus engageant que de lire une brochure

Cette idée, mise en évidence dans les années 40 par le psychologue américain Kurt Lewin, Robert-Vincent Joule et ses collaborateurs l’appliquent notamment aux questions environnementales.

EXPÉRIENCE. En 2009, son équipe s’est installée sur trois plages de Marseille et y a compté les mégots. Les vacanciers sensibilisés à la propreté par un stand proposant notamment des brochures ont continué à utiliser le sable comme un cendrier géant.
En revanche, on a retrouvé moitié moins de cigarettes sur la plage où les baigneurs ont d’abord été invités à remplir un questionnaire, puis à signer une charte d’engagement.
Un acte préparatoire engageant
La recette varie en fonction des interlocuteurs, mais des ingrédients semblent incontournables pour transformer l’idée en acte : “mettre les gens en mouvement” en les conduisant à réaliser un “acte préparatoire”, peu coûteux qui peut devenir la première marche de l’escalier, et en les amenant à s’engager publiquement.
Aussi, on donnera son accord plus facilement à l’installation d’un panneau pour la sécurité routière dans son jardin si on a accepté, au préalable, d’apposer un autocollant sur ce thème sur sa voiture.
HONNÊTETÉ. “L’acte préparatoire, s’il est bien choisi, débouche sur le comportement attendu”, explique le chercheur, et de citer une expérience dans les rues d’Aix-en-Provence où, en temps normal, 80% des gens qui verront un billet tomber de la poche d’un quidam ne diront rien et l’empocheront dès que possible.
Or si, quelques minutes avant, la personne a rendu un petit service à un autre inconnu, comme lui fournir un renseignement, “la cognition ‘serviable’ s’allumera” et ils seront alors 40% à avertir le malheureux qui a perdu son argent.
La psychologie : source d’économie d’énergie
Pour ancrer le geste, il faut rendre la personne “fière” de son acte, mais il faut aussi “que dans le groupe d’appartenance, les gens soient fiers, sinon je serai rejeté et ne pourrai pas avoir un comportement durable”.
En région PACA, Robert-Vincent Joule a mené ses expériences dans des écoles et une maternité où la communication engageante a permis de réaliser 25% d’économies d’énergie.
Dans une ville moyenne, élus, enseignants, commerçants… s’étaient engagés à en mobiliser d’autres pour réaliser une action précise en faveur de l’environnement. Un dimanche, où les réalisations des uns et des autres étaient présentées, les habitants ont été invités à signer un bulletin d’engagement symbolisé par un soleil, accroché ensuite sur un filet tendu place de la mairie.
Résultat : en un an, l’augmentation de la consommation énergétique par foyer y a été de 5,5 % contre 13,6 % dans une ville où il n’y a eu que de la communication classique.
ROLAND BARTHES. Une initiative applicable à l’échelle de la France ? “C’est certainement possible”, estime M. Joule. “Mais il faut procéder ville par ville, village par village, et si la ville est grande, quartier par quartier”.
Pour l’heure, regrette-t-il, “on reste persuadé qu’en faisant preuve de pédagogie, on parviendra à changer les comportements. Rappelez-vous ce que disait Roland Barthes : ‘la science va vite et droit en son chemin, mais les représentations collectives ne suivent pas, elles sont des siècles en arrière’.”

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5 réflexions au sujet de « L’expérience du mégot ou comment faire sa propre transition énergétique »

    • Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, il n’y a pas plus idiot que celui qui ne veut pas comprendre.
      Le dénigrement est un art qui demande beaucoup d’énergie…
      Faites attention l’épuisement vous guette.

  1. ça ressemble tellement à de la manipulation que cela en est . La fin justifie-t-elle les moyens ?Et dans ce cas là , ça me paraît vain . Il faut du coeur, de la reflêxion , de la lecture , des questions et y répondre pour les autres donc pour soi .Les réflêxes Pavlovien ne mènent qu’à une prochaîne connerie . L’enfer est pavé de bonne intention . Il faut ouvrir sa gueule, partout , et se taire quand on est épuisé et détesté . D’ailleurs j’ai une idée à proposer . Faire des gilets fluo pour le vélo , avec écrit en gros et argenté réflecteur : 350.org . Et en affichettes en coller partout .En distribuer…et ne rien dire . Créer la curiosité . Se sentir responsable du monde dans lequel nous vivons apporte une sorte de bonheur . Être manipuler c’est lever un jour le bras .Une histoire chinoise dit : Si tu chasses le dragon , fais attention à ne pas devenir ce dragon .

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