Les bonnes nouvelles sont rares chez moi en ce moment, alors j’ai envie de partager celle-ci avec toi :
il y a dans la forêt de Frahier un chêne comme on n’en voit plus qu’à Tronçais ou dans la forêt de Fontainebleau.
Christian et moi l’avons surnommé Yggdrasil, l’arbre monde de la mythologie nordique, car il est si grand qu’il donne l’impression de soutenir le ciel.
J’ai eu très peur pour lui au moment de la sélection des arbres pour la charpente de Notre-Dame et j’ai envoyé la diapo, que tu trouveras en pièce jointe, à l’ONF.
M’étant inquiétée récemment d’un marquage sur son tronc, j’ai contacté l’agent patrimonial qui gère ce secteur. Il m’a gentiment appris, par retour de courriel, qu’Yggdrasil vient d’être classé “arbre remarquable”. Protégé par ce statut, il ne sera jamais coupé. Et d’un !
Biz de Francine
En fait, en regardant un doc sur la restauration de N Dame, on a pu savoir que les charpentiers ont opté pour des chênes plus jeunes, plus souples en cas de tempête. La charpente oscille légèrement mais elle ne se brisera pas.
A propos de la charpente de Notre-Dame, je joins ici un argumentaire, et questionnaire, envoyé aux tenants d’une reconstruction à l’identique. Je n’ai jamais obtenu de réponse…
” Les futaies médiévales ne ressemblaient pas aux forêts d’aujourd’hui. Elles étaient gérées selon les pratiques d’une sylviculture spécifique basée sur le recépage et l’absence d’éclaircies pour conserver l’hyperdensité du peuplement.
1. D’après un expert en charpentes médiévales, chercheur au CNRS, les chênes utilisés ont été ceux que l’on a trouvés à proximité. Pour construire la charpente de N-D, les chênes sélectionnés étaient de faible diamètre. 97% d’entre eux présentaient un diamètre de 25 à 30cm. Outre leur faible diamètre, la majorité de ces chênes étaient jeunes, âgés en moyenne de 60 ans, avec des croissances rapides. 3% seulement correspondaient à des fûts de 50cm de diamètre et 15m de long maximum pour les pièces maîtresses.
Question : – Expliquez-nous alors pourquoi les partisans d’une reconstruction à l’identique sont en train d’arpenter nos forêts à la recherche d’arbres centenaires de 50, 60, 80 voire 90cm de diamètre ?
2. La scie n’était pas utilisée au XIIIe siècle pour la taille des poutres. Chaque poutre est un chêne équarri à la hache en conservant le cœur du bois au centre de la pièce. Les chênes abattus correspondaient précisément aux sections recherchées par les charpentiers et leur équarrissage se faisait a minima au plus près de la surface du tronc, avec peu de pertes du bois. Les bois ainsi taillés étaient indéformables, contrairement au bois scié.
Question : – Expliquez-nous pourquoi il est question de « sciage » des poutres dans une reconstruction qui se targue d’être « à l’identique » ? Les poutres sciées n’auront pas le même aspect que les poutres équarries.
3. Selon un syndicaliste ONF, un séchage traditionnel du bois utilisé pourrait prendre plus de 8 ans. Selon les experts France bois : 18 mois de séchage seraient suffisants.
Question : – Qui faut-il croire ?
4. D’autres experts affirment que la charpente devra être plus légère que l’ancienne pour ménager la structure fragilisée par l’incendie et l’eau utilisée pour l’éteindre.
Remarque : – Plus légère… encore une fois, c’est mal parti pour faire de l’identique !
Si je résume l’affaire, il est question de faire de l’identique qui ne sera pas tout à fait de l’identique… et si tout ceci n’était qu’une authentique fumisterie ourdée par la filière bois associée à quelques « tradis » nostalgiques d’une époque révolue ? ”
(Sources : Charpente de Notre-Dame, stop aux idées reçues, Frédéric Epaud, Journal du CNRS 18/06/19 – Notre-Dame : le bois de chêne de la charpente était médiocre, Loup Barre, Reporterre 19/04/19)