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Bilan de la cyberaction : 137 :EQUATEUR - Bananeraie en grève

depuis plusieurs mois, 132 travailleurs de la plantation María Teresa, dans la province d'El Oro en Equateur, sont en grève parce que le propriétaire ne paie pas les salaires légaux ni les contributions sociales. Avec l'appui de l'organisation FENACLE(1), ils exigent aussi que soit enfin reconnu leur droit à former un syndicat.

Bilan de la cyberaction :

788 participants ont écrit à ministro@mintrab.gov.ec.  

Présentation de la cyberaction :

Fruit le plus consommé dans le monde, la banane représente un enjeu économique essentiel pour nombre de pays et de grandes entreprises. Sa culture est vitale pour des millions d‚ouvriers agricoles qui travaillent dans des conditions difficiles voire dangereuses pour leur santé. Mais qui ne reçoivent qu'une part ridicule des revenus distribués dans la filière et doivent sans cesse lutter pour faire respecter leurs droits économiques et sociaux... Ainsi, depuis plusieurs mois, 132 travailleurs de la plantation María Teresa, dans la province d'El Oro en Equateur, sont en grève parce que le propriétaire ne paie pas les salaires légaux ni les contributions sociales. Avec l'appui de l'organisation FENACLE(1), ils exigent aussi que soit enfin reconnu leur droit à former un syndicat.

En Equateur, le salaire minimum dans le secteur agricole est théoriquement de 143 USD mensuel, pour des journées de 8 heures. Mais les travailleurs des plantations de banane gagnent entre 80 et 140 dollars pour 10 à 12heures de labeur par jour. L'injustice est encore plus marquée pour les femmes qui perçoivent 60 à 70 % du salaire des hommes. Ces bas revenus condamnent les familles à vivre en dessous du seuil de pauvreté et ne leur permettent pas de satisfaire leurs besoins, alimentaires notamment(2). Les enfants sont particulièrement affectés par cette situation et beaucoup travaillent dès l'âge de huit ans pour aider leurs parents.
Depuis que le pays a pris la voie d'une flexibilisation accrue du marché du travail, en lien avec les ajustements structurels en cours, les employés sont confrontés à une menace supplémentaire. Des agences de "placement" se sont établies(3) pour recruter et gérer la main-d'oeuvre. Ceci permet aux employeurs de contourner la législation sociale et d'échapper à leurs obligations en matière d'embauche et de droits syndicaux.

Travailleurs en grève illimitée

Les employés de la plantation María Teresa en ont eu assez. Ils ont formé un syndicat et ont déposé une plainte collective contre l'agence de placement Servicios Agrícolas Servitecagro et contre les anciens propriétaires de la plantation, réclamant le paiement des salaires dus et le respect de la législation. Depuis le 6décembre2004, 132 d'entre eux sont en grève illimitée pour défendre leurs droits, leur travail, et les logements des 93 familles qui vivent sur le site de la plantation.

L'un des éléments déterminants dans ce conflit est la reconnaissance officielle du syndicat par les autorités. Or le Sous-secrétariat du Travail fait obstacle à sa constitution légale en exigeant des travailleurs qu'ils présentent un certificat d'affiliation à la sécurité sociale. Cette exigence n'est pourtant prévue ni dans la constitution ni dans le code du travail, et c'est précisément des documents que les ouvriers n'arrivent pas à obtenir de leurs employeurs.

La situation dans la plantation est aujourd'hui complexe, car l'exploitation a été confisquée aux propriétaires et se trouve désormais dans les mains de l'Agence des dépôts et garanties pour y être vendue aux enchères. Ce qui est certain, c'est que les ouvriers et leurs familles sont dans une posture de plus en plus critique. Malgré les soutiens dont ils bénéficient depuis le début du conflit, la pénurie alimentaire a empiré et elle menace en premier lieu les enfants.

Contre un nivellement par le bas

L'Equateur étant le premier exportateur mondial de bananes, les enjeux liés à cette filière sont énormes.
Depuis plusieurs années, le pays a fait le choix d'un nivellement vers le bas des droits sociaux pour favoriser les entreprises exportatrices. Au point que ce dumping social a des répercussions importantes sur les autres pays latino-américains.
C'est donc toute une logique économique que les ouvriers de la plantation María Teresa sont en train de contester.

Obligations internationales

Le réseau FIAN, avec qui nous travaillons sur cet appel, et qui relaie cette campagne dans d'autres pays (cf. ci-contre), souligne les obligations internationales de l'Etat équatorien en matière de droits économiques et sociaux.
Selon le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et des Observations émises le 7 juin 2004 par le Comité onusien qui veille à l'application de ce pacte, le gouvernement doit prendre les mesures nécessaires pour que le salaire minimum permette aux travailleurs et à leurs familles de vivre décemment, et pour que ce salaire soit effectivement appliqué à tous les habitants.
En vertu de l‚article 8 du PIDESC, et de la convention 87 de l‚OIT, il doit également veiller à ce que les travailleurs, y compris ceux qui ont des contrats de travail temporaire, puissent jouir de leur liberté syndicale.

A savoir ! En lien avec le consortium européen Euroban (European Banana Network) Peuples Solidaires a produit des outils pédagogiques sur le commerce international de la banane (livres, dossiers pédagogiques, livrets 8-12 ans, affiches, jeux...). Nous contacter pour plus de renseignements.

Notes :

(1) Federación Nacional de Trabajadores Agroindustriales, Campesinos e Indígenas Libres del Ecuador. La FENACLE est membre de la Coordination Latino-américaine des Travailleurs de la Banane (COLSIBA) avec laquelle Peuples Solidaires est en relation par le biais d‚Euroban
(2) Le revenu de référence minimal pour la satisfaction des besoins d'une famille est estimé à 418 USD mensuels, le seuil de pauvreté est fixé à 279 USD mensuels.
(3) Ces agences sont surnommées „Tercerizadoras‰ en Equateur.
FIAN en France

POUR EN SAVOIR PLUS:

FIAN - Foodfirst Information and Action Network (Réseau d'Information et d'Action pour le Droit à se Nourrir) est une organisation internationale non gouvernementale qui lutte pour la réalisation du droit à l'alimentation, droit humain inscrit dans le droit international (ONU) et reconnu par plus de 150 Etats.

Cependant, il reste lettre morte pour de nombreuses personnes, en particulier les groupes vulnérables : femmes, enfants, petits paysans, communautés indigènes...

Les droits humains sont un outil clé pour la lutte contre la faim, qui n'est pas une fatalité mais repose le plus souvent sur des causes humaines (répartition injuste des ressources, absence de protection et de respect des droits des plus faibles à ces ressources). Ils permettent de demander les changements structurels nécessaires pour que chacun puisse se nourrir par ses propres moyens, dignement.

Aussi, FIAN soutient des victimes de violations de leur droit à se nourrir, en demandant aux Etats de remplir leurs engagements au titre des droits humains. FIAN soutient également une campagne mondiale pour la réforme agraire, travaille sur le rôle des entreprises, sur l'accès à l'eau, aux semences, sur les droits des femmes, et d'autres thèmes liés au droit à se nourrir.

FIAN France : 15 rue Georges Jacquet, 38000 Grenoble
Tél. : 04 38 21 05 08 / Fax : 04 76 48 49 85
E-Mail : fianfrance@no-log.org.  
Site :  www.fian.ras.eu.org   /> http://www.fian.ras.eu.org/  

Traduction :

Monsieur,

Par Cyber@cteurs, Réseau-Solidarité et FIAN-Coordination française, j’ai été informé de la situation dans laquelle se trouvent 132 travailleurs de la hacienda María Teresa, en grève depuis le 6 décembre 2004.

Les travailleurs dénoncent la”tercerizadora” Servicios Agrícolas Servitecagro et les anciens propriétaires de l’exploitation pour le non paiement des salaires et le non-respect de leurs obligations sociales. De plus, le Sous-secrétariat au Travail fait obstacle à la constitution légale du syndicat qu’ils ont créé, en leur demandant de présenter un certificat de la Sécurité sociale, ce qui n’est prévu ni dans la Constitution ni dans le Code du Travail.

Dans le cas de la Hacienda Maria Teresa, l’Etat équatorien ne respecte pas ses engagements internationaux, en particulier les dispositions du PIDESC, de la Convention 87 de l’OIT, et l’obligation de garantir l‚accès à l’alimentation.

Préoccupé par cette affaire, je vous demande respectueusement d’utiliser tous les moyens à votre disposition pour répondre aux demandes des travailleurs et de la FENACLE afin que :
- soit garanti le paiement des salaires adéquats aux travailleurs,
- soit approuvée la constitution légale du syndicat des travailleurs.

Texte de la pétition :


Sr. Raúl Izurieta Mora Bowen
Ministro de trabajo
Clemente Ponce Nr. 255 y Piedrahita
(Nr. 50) piso 11
QUITO
ECUADOR

Excelentísimo Sr. Izurieta,

Pormedio de Cyber @cteurs,Réseau-Solidarité y de FIAN - Coordination française (Grenoble, France), me enteré del estado en que se encuentran los 132
trabajadores de la hacienda María Teresa, en huelga desde el 6 de diciembre del 2004.

Los trabajadores denuncian la tercerizadora "Servicios Agrícolas Servitecagro" y los antiguos propietarios de la hacienda por el
incumplimiento del pago de las semanas laboradas y de sus obligaciones sociales y laborales. Además, la Subsecretaría de Trabajo está obstaculizando la constitución legal del sindicato que han formado, al exigírseles la presentación de un certificado del Seguro Social, lo que no está previsto en la constitución ni en el código de trabajo.

En el caso de la Hacienda María Teresa, el Estado Ecuatoriano no está cumpliendo con sus obligaciones internacionales, sobre todo con las disposiciones del PIDESC, del Convenio 87 de la OIT, y con la obligación de garantir el acceso a la alimentación.

Preocupado por este caso, le solicito respetuosamente que utilice todos los medios a su alcance para atender a las peticiones de los trabajadores y de la FENACLE para que:
- se garantice el pago de los salarios
adecuados a los trabajadores,
- se apruebe la constitución legal del
sindicato de los trabajadores.

Atentamente.

 

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