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Crimes, agressions, dégradations… À une écrasante majorité, ce sont des hommes qui se rendent responsables de ces délits. Dans son essai (1), l’historienne Lucile Peytavin évalue le prix de ces violences qui mobilisent police, justice, services médicaux et éducatifs. Pour elle, pas de fatalité : c’est l’éducation différentiée donnée aux enfants qui prépare ces comportements.
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Lucile Peytavin : « La virilité coûte 100 milliards par an à la France »
Propos recueillis par Anne-Sophie Douet/ALP pour le Télégramme de Brest
https://www.letelegramme.fr/france/lucile-peytavin-la-virilite-coute-100-milliards-par-an-a-la-france-06-03-2021-12714361.php
Comment avez-vous eu l’idée de chiffrer « le coût de la virilité » ?
Je suis tombée, un jour, sur un simple chiffre : 96 % de la population carcérale en France est masculine. Ce chiffre m’a interpellée, en ce qu’il dit que les personnes reconnues coupables de crimes et de délits sont, dans plus de neuf fois sur dix, des hommes. J’ai donc décidé de tirer le fil, pour m’intéresser à ce que coûtent ces comportements à l’État, qui dépense des milliards pour appréhender, enquêter, juger, sanctionner, rééduquer, soigner les auteurs. Sans compter le coût indirect pour la société, qui doit répondre aux souffrances des victimes. À ma grande surprise, ce travail n’avait jamais encore été mené. Les chiffres donnent le tournis : 86 % des homicides, 99 % des viols, 84 % des coups et violences, 95 % des vols avec arme, 90 % des dégradations sont le fait d’hommes.
« Rien ne prédétermine les hommes à ces comportements asociaux. Ce n’est ni une question de cerveau, ni de production de testostérone, comme on peut l’entendre parfois. La biologie n’a donc rien à voir là-dedans ».
Et pourtant, insistez-vous d’emblée, le sexe fort n’est pas violent par nature…
En effet, les chiffres sont saisissants : en France, au XXIe siècle, un homme a six fois plus de risques de devenir meurtrier et cinq fois plus de devenir délinquant qu’une femme. Mais il me paraît important de le dire : rien ne prédétermine les hommes à ces comportements asociaux. Ce n’est ni une question de cerveau, ni de production de testostérone, comme on peut l’entendre parfois. La biologie n’a donc rien à voir là-dedans. Un simple exemple : une enquête menée auprès de 114 violeurs condamnés a montré que 89 % de ces hommes avaient des rapports sexuels consentis au moins deux fois par semaine avant le crime. Le viol n’est donc pas le fruit d’une pulsion incontrôlable. D’ailleurs, quand les hommes passent devant le tribunal, ils sont bien jugés responsables de leurs actes. La responsabilité incombe à l’éducation qu’on donne aux enfants de sexe masculin.
Et la propension des garçons à adopter des comportements asociaux est mesurable très tôt…
En effet, 92 % des collégiens sanctionnés pour des atteintes aux biens ou aux personnes sont des garçons. Et ça commence même avant : dès l’école primaire, les filles témoignent de l’agressivité verbale ou physique des petits garçons. Des chercheurs ont relevé une violence systémique de la part des ados sur ceux qu’ils considèrent comme faibles : les filles, les timides, les gros, les « intellos », les homosexuels…
« Les valeurs viriles sont inculquées dès le plus jeune âge. On a même montré que les mères allaitaient différemment les bébés garçons et les bébés filles ».
En quoi l’éducation prépare-t-elle les garçons à cette violence ?
Les valeurs viriles sont inculquées dès le plus jeune âge. On a même montré que les mères allaitaient différemment les bébés garçons et les bébés filles. Elles laissent plus facilement aux premiers le choix du moment de la tétée, alors qu’elles imposent un rythme aux secondes. Dès les premiers mois de vie, donc, les filles apprennent qu’il y a des règles à respecter.
Que recouvrent ces « valeurs viriles » responsables, selon vous, du penchant des hommes pour la violence ?
Dès bébé, on valorise la force et la vigueur des garçons. Plus tard, on installe la violence dans les jeux, en favorisant la bagarre, par exemple. Puis, on leur met entre les mains des films et des livres dont les héros, essentiellement des hommes, ont recours à la violence. Ce à quoi on assiste, c’est à une acculturation des hommes à cette violence. On en voit les conséquences. Et dans le même mouvement, on dévalorise le féminin. Par exemple, s’il est tout à fait admis et accepté que les filles peuvent avoir envie de s’inscrire au foot ou à la boxe, on a toujours plus de mal avec le petit garçon qui demande à faire de la danse.
Le problème, c’est qu’au-delà de l’éducation genrée, c’est toute une culture à laquelle il faudrait s’attaquer…
Oui, mais c’est possible. C’est une construction sociale, donc, par définition, on peut la déconstruire. On avance déjà : le mouvement MeToo en est une illustration, car il interroge les comportements agressifs des hommes.
« Si on apprenait aux garçons comme aux filles l’empathie, les comportements humanistes, qu’on cessait d’ériger la force physique et mentale en valeur, etc., bref qu’on éduquait les deux sexes de la même façon, tout en serait changé ».
Cette éducation qui valorise la force mentale et physique, la domination de l’autre, la brutalité parfois, est-elle universelle ?
Elle l’est. Partout dans le monde, ce sont les hommes, bien plus que les femmes, qui sont jugés et emprisonnés. Le pays où le plus de femmes sont derrière les barreaux, c’est Hong Kong, mais elles ne représentent jamais que 20 % des détenus. Quel que soit le milieu social, les chiffres montrent que les femmes s’adonnent largement moins à la violence que les hommes. Et cela est vrai pour celles qui grandissent dans la pauvreté, sous les coups, ou en subissant des agressions sexuelles. La misère est donc un facteur moins déterminant que le sexe.
Vous avez donc fait le calcul : le coût de la virilité, c’est près de 100 milliards d’euros par an en France. Que contient ce chiffre ?
C’est le coût supporté chaque année par l’État français pour faire face aux comportements asociaux des hommes : dépenses directes de sécurité, de justice, de santé, auxquelles il faut ajouter le coût des souffrances psychologiques et physiques des victimes, celui des dommages matériels, la perte de production des victimes. Imaginez tout ce dans quoi on pourrait investir si on économisait sur ce budget…
Vous en tirez une recommandation : plutôt que de dépenser des sommes faramineuses pour juger, réparer les violences masculines, notre société aurait plutôt intérêt à investir dans d’autres modes éducatifs. Lesquels ?
Le mode éducatif, on l’a sous les yeux : c’est celui qu’on donne aux filles. L’éducation non genrée, expérimentée au Danemark, par exemple, ne donne pas de résultats. Elle n’enraye pas la violence. Alors que si on apprenait aux garçons comme aux filles l’empathie, les comportements humanistes, qu’on cessait d’ériger la force physique et mentale en valeur, etc., bref qu’on éduquait les deux sexes de la même façon, tout en serait changé. À l’avenir, l’État économiserait des milliards et les femmes n’auraient plus peur d’être seules le soir dans la rue, plus peur de laisser les enfants jouer dehors, etc., toutes ces situations considérées comme à risque et qu’on a totalement intégrées.
« Le coût de la virilité : ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes ? », éditions Anne Carrière, 17, 50 €.
En ce jour du droit des femmes nous vous proposons d'interpeller le Président de la République et votre député.
 
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Annie et Joel Frison
Le 10/03/2021 à 19:18:30
christine
Le 10/03/2021 à 10:42:28
Philippe LEBOURG
Le 10/03/2021 à 09:31:06
Marc Saint Aroman
Le 10/03/2021 à 09:23:31
Alain UGUEN
Le 10/03/2021 à 09:10:36
Philippe Veyrat
Le 09/03/2021 à 11:28:49
CORINNE GUYONNET
Le 09/03/2021 à 08:38:27
Frawald
Le 09/03/2021 à 07:42:11
Monique FRIGARA
Le 08/03/2021 à 20:45:59
Claire Gravot
Le 08/03/2021 à 18:46:12
michel armagnat
Le 08/03/2021 à 17:23:54
DOMINIQUE BOUTS
Le 08/03/2021 à 16:18:05
Europanino
Le 08/03/2021 à 15:57:14
Europanino
Le 08/03/2021 à 15:45:47
jacky recoquillon
Le 08/03/2021 à 12:16:00
Claudette ROSE
Le 08/03/2021 à 12:05:39
Alain UGUEN
Le 08/03/2021 à 11:12:27
HLM
Le 08/03/2021 à 10:45:13
Odile Bouchet
Le 08/03/2021 à 10:09:34
Odile Bouchet
Le 08/03/2021 à 10:04:34
Casalegno Catherine
Le 08/03/2021 à 09:49:13
Annie MILLOT
Le 08/03/2021 à 09:42:09
DENIS PUGNERE
Le 08/03/2021 à 09:25:28
arlette audrain
Le 08/03/2021 à 09:01:34
Christian MASSON
Le 08/03/2021 à 08:22:09
J'ai essayé de le faire il y a quelques jours, En vain, commentaire non enregistré.
Dans l'intervalle, Christine puis Philippe ont fait des commentaires assez proches des miens. Christine rappelle la biologie : nous ne sommes pas identiques dès notre naissance.
Philippe s'interroge sur l'empathie. Les femmes y sont plus inclinées, peut-être parce qu'elles élèvent des enfants des deux sexes. Et il y a des hommes très généreux et charitables, au delà de ce que font la majorité des femmes. Education ou tempérament? Les deux, sans doute.
Je vous invite à méditer deux événements récents. Un couple d'adolescents cause la mort d'une jeune fille. Qui a été le plus violent des deux? La jeune fille sera sans doute considérée comme co-auteur du crime.
Une actrice s'exhibe nue dans une cérémonie culturelle. Si c'était un acteur, on évoquerait peut être le délit d'exhibitionnisme.
Que penser des Femens qui provoquent des fidèles dans des églises? Est-ce une preuve d’empathie?
Je m’interroge sur l’opportunité de la mixité au collège. Oui, en école primaire, oui au lycée ; au collège (expérience personnelle d’adulte enseignant) je suis très dubitative. Il faut que les uns et les autres atteignent une certaine maturité, qui peut être accompagnée par des textes de bons auteurs, présentés et étudiés pour faire réfléchir, pour que la vie quotidienne dans la même classe soit pacifiée.
Je ne signerai pas parce que cette demande relève d’un phénomène de mode. C'est une utopie qui restera utopie.
Le féminisme à outrance, ce n’est pas mieux que le machisme intégral. Gare aux retours de bâton! Voyez le 19ème siècle après le 18 ème!
buriti
Le 13/03/2021 à 15:01:42