Cette cyberaction est maintenant terminée
La nouvelle enquête d'ActionAid avec le China Labor Watch et Solidar Suisse révèle que les ouvrières qui fabriquent la poupée Barbie travaillent dans un climat hostile et propice au harcèlement sexuel, que la marque est informée mais n’agit pas en conséquence. Nous demandons à Mattel de prendre la mesure de la gravité de la situation et d’agir pour faire cesser immédiatement les violences sexistes et sexuelles dans ses usines.
2169 participants
Salaires indignes, cadences infernales, logements insalubres, et parfois même travail forcé… les révélations sur les conditions de travail en Chine se succèdent depuis les années 1980. Mais on sait peu que les femmes représentent environ 70% des personnes employées sur les chaînes de production chinoises. Depuis une dizaine d’années, à la fois pour des raisons économiques et démographiques, les usines recrutent davantage d’hommes. La nouvelle composition des ateliers modifie beaucoup l’ambiance de travail, en rendant plus aigu un problème qui reste tabou en Chine : celui des violences sexistes et sexuelles.
Dans les usines de la multinationale Mattel, le harcèlement sexuel semble connu depuis longtemps. Un premier audit en 2004 avait déjà révélé l’importance du problème dans deux usines au Mexique.
En décembre 2019, ActionAid France avait publié avec le China Labor Watch un rapport d’enquête accablant sur la banalisation des violences sexuelles dans l’usine Foshan Nanhai Mattel Precision Diecast en Chine et avait interpellé l’entreprise sur sa politique de prévention et de sanction des violences sexistes et sexuelles. Mattel a refusé de communiquer sur sa politique de lutte contre le harcèlement sexuel et n’a pas annoncé de mesures pour mettre fin à cette situation.
Ce nouveau rapport, réalisé avec le China Labor Watch et Solidar Suisse à partir d'une enquête "infiltrée" de plusieurs semaines, apporte de nouveaux éléments inquiétants.
Remarques déplacées sur le physique, propos à connotation sexuelle, attouchements, diffusion de photos dégradantes : en seulement quelques semaines sur place, de nombreux comportements relevant du harcèlement sexuel ont été constatés. Ces faits, qui se déroulent sous les yeux des responsables d’équipe, ne semblent susciter aucune réaction de la part de la direction. Les femmes victimes de ces harcèlements n’osaient pas se plaindre, de peur notamment de perdre leur emploi. Difficile d’ignorer la banalisation du harcèlement sexiste et sexuel dans les usines Mattel.
Alertée depuis plusieurs années, la multinationale est responsable des conditions de travail dans ses usines en Chine et ailleurs.
C'est pourquoi Mattel doit dresser un véritable état des lieux de la situation, en communiquer les résultats, et prendre des mesures concrètes pour protéger ses ouvrières.
Le rapport
https://admin.actionaid.fr/uploads/downloadFile/412/Rapport-usine-Mattel-2020.pdf
Dans un droit de réponse publié dans Auféminin le 3 décembre 2020, Mattel indique :
"Mattel ne tolère aucune forme de harcèlement et nous sommes engagés à faire en sorte que chacun de nos collaborateurs, y compris ceux travaillant dans nos usines, soit traité avec équité et respect.
Nous suivons un Code de Conduite strict. Sur nos sites de production en Chine, nous organisons des formations contre le harcèlement, formons nos collaborateurs au processus de signalement de problèmes sur le lieu de travail, et disposons également d’un service d’assistance téléphonique permettant à nos collaborateurs de signaler de façon anonyme tout harcèlement, ou autres réclamations. Si nous recevons un signalement pour harcèlement, une enquête est immédiatement conduite et nous prenons les mesures nécessaires en fonction des conclusions de cette enquête. Par ailleurs, le programme Ethical Toy Program de l'ICTI procède à des audits de nos usines afin de s'assurer que les normes liées à la sécurité et à l’environnement de travail y sont respectées.
Nous prenons ces allégations très au sérieux et allons conduire une enquête approfondie afin de nous assurer que nous continuons à apporter un environnement de travail sûr à nos collaborateurs."
Notre réaction
ActionAid France se réjouit de l’engagement pris par Mattel de conduire enfin une enquête approfondie sur le harcèlement sexuel dans ses usines. Pour mener à bien cet engagement, nous demandons à Mattel de dresser un état des lieux des faits de harcèlement sexuel et des risques qui les favorisent dans toutes ses usines et dans toute sa chaîne d’approvisionnement, de publier la méthodologie de cette enquête, ses résultats et les mesures correctives prises.
Sur le Code de conduite mis en avant par Mattel comme preuve de l’engagement de la marque à garantir un lieu de travail exempt de harcèlement, nous mentionnons bien son existence dans notre rapport où nous exposons pourquoi celui-ci n’est d’aucune utilité pratique. En effet, sans définition des comportements prohibés, ni procédure de plainte dédiée, ni sanctions disciplinaires et mesures de protection prévues, ce code est insuffisant et reste un vœu pieux.
Sur l’existence de formations contre le harcèlement mentionnées par Mattel, nous avons constaté qu’elles ne sont pas données à tou?te?s les salarié?e?s comme cela devrait être le cas pour permettre une véritable prévention du harcèlement sexuel En effet, la personne qui a travaillé dans l’usine Dongguan Mattel n’en a pas profité à sa prise de poste, ni pendant la durée de son contrat. Une véritable politique de lutte contre le harcèlement sexuel et les violences sexistes s’accompagne, a minima, de formations à tous les niveaux, adaptées aux différents contextes nationaux et aux risques particuliers de chaque métier.
En ce qui concerne la hotline permettant aux ouvrier?ère?s de rapporter des faits, notre rapport le mentionne mais nous expliquons pourquoi elle est ineffective. Il faut apparemment se rendre dans un bureau durant les heures de travail pour pouvoir la joindre. L’anonymat des plaignant?e?s n’apparaît donc pas garantie et les ouvrier?ère?s craignent de l’utiliser.
Enfin, en ce qui concerne la certification par la fédération internationale de l’industrie du jouet (ICTI), nous démontrons dans le rapport que le référentiel utilisé par l’ICTI est pauvre en ce qui concerne le harcèlement sexuel. Aucune règle ou procédure spécifique de lutte contre le harcèlement sexuel n’est obligatoire pour se voir délivrer la certification de l’ICTI. De même, les auditeur?rice?s de l’ICTI ne sont, à notre connaissance, pas formé?e?s à la détection de cas de harcèlement sexuel.
Mattel peut et doit lutter contre le harcèlement sexuel. Notre nouvelle enquête montre que celui-ci est bien présent dans cette usine, alors que nous avions déjà dénoncé des faits similaires lors d’une enquête dans une autre usine du groupe en 2019.
Nous demandons à l’entreprise d’adopter au plus vite une véritable politique de lutte contre le harcèlement sexuel, applicable dans toute sa chaîne d’approvisionnement, avec une définition claire du harcèlement sexuel, une procédure de plainte facile à comprendre, des sanctions disciplinaires contre les responsables d’abus et des mesures de protection et de réparation pour les victimes.
ActionAid
Cyberaction N° 1177: Barbie se moque des droits des femmes
https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/barbiesemoquedesdroitsdesfemmes-3433.html
 
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Alain UGUEN
Le 09/11/2024 à 08:50:26
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mondo
Le 16/12/2020 à 12:26:50
- observer et être vigilant sur les conditions de travail de leurs employé(e)s direct(e)s ou indirect(e)s;
- innover en essayant de transmettre d'autres valeurs aux enfants à travers leurs poupées....
Sinon, passons-nous de ces jouets !
Marie Tardivel
Le 11/11/2024 à 21:35:58