Cette cyberaction est maintenant terminée
Au Burkina Faso, pays dans lequel Total est implanté, par le biais d’une filiale qui emploie une centaine de personnes, un syndicat, la CGT-B, dénonce depuis avril dernier la violation de sa liberté syndicale par la direction de la branche burkinabé. Il réclame la réintégration de l’un de ses délégués du personnel, injustement licencié pour avoir réclamé de meilleures conditions de travail et de rémunération.
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5854 participations ont écrit à Christophe.DE-MARGERIE@total.com.Total, l’une des plus grosses entreprises du monde, et la première entreprise en France, a pourtant adopté des principes « éthiques », à travers un code de conduite, supposé s’appliquer à tous ses collaborateurs, partout dans le monde. Parmi ces engagements, figure notamment celui de respecter et garantir le dialogue social, parce que, selon Total, « les salariés et leurs représentants doivent avoir une place et un rôle privilégié dans l’entreprise »…
« Notre croissance et notre pérennité ne peuvent se concevoir sans le partage d’un patrimoine de valeurs éthiques et de principes qui doivent inspirer et guider au quotidien l’action de toutes les femmes et de tous les hommes du Groupe ». Tels sont les mots employés par Christophe de Margerie, PDG de l’une des plus grosses entreprises du monde, et de la première entreprise en France: Total.
Il est vrai qu’avec près de 180 milliards de chiffre d’affaires en 2008, une présence dans plus de 130 pays, et près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le Groupe peut se prévaloir d’être un acteur social de tout premier plan. Un privilège et une responsabilité que la firme française assume, au moins en principe, en adoptant des principes « éthiques », à travers un code de conduite, supposé s’appliquer à tous ses collaborateurs, partout dans le monde. Parmi ces engagements, figure notamment celui de respecter et garantir le dialogue social, parce que, selon Total, « les salariés et leurs représentants doivent avoir une place et un rôle privilégié dans l’entreprise ».
Mais voilà, au Burkina Faso, pays dans lequel Total est implanté, par le biais d’une filiale qui emploie une centaine de personnes, un syndicat dénonce depuis avril dernier la violation de sa liberté syndicale par la direction de la branche burkinabé. Et Total tarde à réagir…
« J’ai été licencié parce que j’ai lancé un sit-in de 5 heures pour protester contre le refus de Total-Burkina d’entendre nos revendications. Je ne faisais pourtant qu’agir en ma qualité de délégué du personnel de Total, et c’est à ce titre que je portais la voix de mes collègues » explique Yacouba Ouedraogo, porte-parole des délégués du personnel de Total au Burkina.
De meilleures conditions de travail et de rémunération
C’est dans le simple objectif de pouvoir négocier de meilleures conditions de travail que le comité syndical CGT-B a soumis en mai 2008 une série de revendications à la direction de la filiale burkinabé du Groupe. « Nous voulions demander l’adoption d’une nouvelle grille salariale et la mise en place d’un accord d’entreprise » explique Saidou DABO, délégué du personnel.
En effet, l’absence de tels accords pose un certains nombre de problèmes aux employés de Total Burkina. D’abord, les heures supplémentaires, très nombreuses, ne sont pas rémunérées. Ensuite, les salaires sont très bas. « Le salaire d’un cadre local est à peine supérieur à ce que touche le directeur général de la filiale comme dotation hebdomadaire en vins (375 000 FCA, soit environ 458 €) ! » expliquent les employés de Total Burkina.
« Le personnel ne demandait que l’amélioration de ses conditions de vie et de travail, qui sont sans pareille mesure avec celles des expatriés » poursuivent des représentants des salariés de Total-Burkina. Mais les différentes rencontres avec la direction ne permettent pas de trouver un accord. Les négociations étant bloquées, le syndicat décide donc d’organiser, le 27 mars 2009, un sit-in de 5 heures sur l’ensemble du territoire en signe de protestation. 95% du personnel y participe.
Liberté syndicale bafouée
Mais voilà, ce mouvement de protestation n’est pas du goût de l’entreprise qui décide alors de licencier tous les délégués du personnel, soit six personnes. Face à la désapprobation générale de cette mesure par les employés, la direction revient finalement sur sa décision, mais maintient le licenciement de Yacouba Ouédraogo, porte parole des délégués du personnel, « pour l’exemple » explique le syndicat. Les travailleurs se mettent alors en grève, le 24 avril, et demandent sa réintégration sans condition avant de regagner leurs postes. Mais la direction reste sur sa position: "Nous sommes prêts à des discussions. Mais on ne réintégrera pas le porte-parole des travailleurs", déclare alors le directeur commercial de Total Burkina SA, Thibault Flichy (aujourd’hui nommé directeur général de Total Burkina).
Les difficultés commencent alors à poindre: les longues files d’attente dans les stations service de la capitale, les difficultés d’approvisionnement en carburant pour la population (avec 75 stations service fermées dans le pays)… Total accepte alors d’entamer des négociations, sous l’égide de la Direction Générale du Travail. Le 18 mai, la CGT-B lève alors, en signe de bonne volonté, le mot d’ordre de grève en contrepartie de quoi la direction de Total Burkina s’engage à abandonner toutes sanctions administratives à l’encontre des travailleurs ayant observé le mot d’ordre de grève ; donne son accord sur le principe de l’adoption d’une nouvelle grille salariale et sur la création d’un cadre de dialogue social.
Mais Total continue de refuser de réintégrer Yacouba Ouédraogo…
Pour la CGT-B, cette attitude est inacceptable. « Ouédraogo a été licencié uniquement en raison de son activité syndicale, ce qui viole clairement sa liberté syndicale, et celle des employés qu’il représente. Accepter son licenciement, ce serait accepter qu’on se débarrasse de la contestation sociale » explique Bassolma Bazie, 2ème Secrétaire général adjoint de la CGT-B.
Le 17 juillet, le ministère du Travail burkinabé lui-même annule la décision d'autorisation de licenciement qui avait été donnée par la directrice régionale du Travail de Ouagadougou, précisant que cette autorisation violait la loi du pays. Deux semaines plus tard, la justice en référé ordonne à Total Burkina la réintégration de Yacouba Ouedraogo, mais rien n’y fait, Total refuse toujours, trois mois plus tard, de se soumettre, et fait appel de cette décision.
Le syndicat en appelle donc aujourd’hui à la solidarité de tous, pour demander au Groupe Total en France, de faire respecter la liberté syndicale dans sa filiale burkinabé, comme il s’y engage dans son code de conduite et comme le lui demande les autorités nationales.
Pour en savoir plus :
La CGT Total en France soutient depuis le début de cette affaire la CGT-Burkina dans ses revendications et notamment demande la réintégration immédiate de Yacouba Ouedraogo. Elle a interpellé la direction du Groupe Total en France à plusieurs reprises et continue de le faire.
Les Amis de la Terre ont lancé en mai 2008 la campagne "Total aggrave son cas" ciblant le groupe Total, première entreprise française, géant du secteur pétrolier privé, et l'une des 15 plus puissantes multinationales au monde. Sur la base du rapport "Total, la mise en examen", qui passe en revue les activités du groupe dans sept domaines environnementaux et sociaux du développement durable, cette campagne vise à pousser le groupe à modifier ses pratiques pour diminuer ses impacts extrêmement lourds au Nord comme au Sud, et les pouvoirs publics à mieux les encadrer.
www.amisdelaterre.org..
Plus d’informations sur la liberté syndicale au Burkina Faso :
La Confédération syndicale internationale (CSI)
a publié en juin dernier son « Rapport annuel violations des droits syndicaux 2009 », lequel fait l’inventaire des violations à la liberté syndicale qui ont eu lieu dans le monde pendant l’année 2008. Le Burkina Faso y est évoqué, en même temps que la détérioration du climat social dans ce pays.
http://survey09.ituc-csi.org
 
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