La toxicité d’un adjuvant du Roundup, le POEA, démasqué par une nouvelle étude

Une équipe de chercheurs de l’Université de Caen, affiliée au laboratoire BioMEA, s’est penchée sur les effets du POEA, le principal adjuvant des herbicides à base de glyphosate comme le Roundup, et confirme sa toxicité pour la vie aquatique à des doses correspondant à la pollution moyenne des rivières en zone agricole. Des travaux qui viennent confirmer les résultats d’études initiées par le Pr Séralini.

Depuis 2005, s’appuyant sur de nombreuses expériences inédites et publiées dans des revues scientifiques à comité de relecture, l’équipe du Pr Séralini, basée à l’Université de Caen, a démontré le rôle fondamental des adjuvants dans les formulations de pesticides. Les chercheurs alertent sur le fait que l’évaluation des pesticides néglige systématiquement la toxicité des adjuvants pour se concentrer uniquement sur l’analyse d’une seule molécule, dite « principe actif ».

L’autorisation du Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde, repose ainsi depuis 1975 sur la seule évaluation du glyphosate, sa molécule dite « active », dans l’étude des effets à long terme. Or, les adjuvants comme le POEA sont jusqu’à 10 000 fois plus toxiques sur des cellules humaines que le glyphosate. Par ailleurs, de nombreuses études « in vitro » réalisées par l’équipe du Pr. Séralini sur le glyphosate et le Roundup ont montré des effets de toxicité (nécrose, modification de l’apoptose, perturbation endocrinienne) de l’herbicide en formulation bien plus important qu’avec le glyphosate seul.

Dans l’étude « Major pesticides are more toxic to human cells than their declared active principles » publiée en février 2014 dans Biomedical Research International par Mesnage & al, les chercheurs montrent que sur neuf formulations de pesticides analysés, huit se sont montrés beaucoup plus toxiques que leurs principes actifs. Le Roundup est le plus toxique parmi les herbicides et les insecticides testés lors de cette étude.

Une toxicité importante sur le milieu aquatique

Sous l’impulsion de ces travaux, le laboratoire BioMEA (Biologie des Mollusques marins et des Ecosystèmes Associés) de l’université de Caen vient de publier une étude sur les effets toxiques du principal adjuvant du Roundup, le POEA, sur des larves d’huîtres. Leurs résultats indiquent que le POEA est beaucoup plus toxique que le glyphosate seul [voir références] et peut expliquer par lui seul, sans exclure les effets du glyphosate, les effets toxiques du Roundup observés sur les larves d’huîtres. Les chercheurs ont ainsi étudié deux formulations de Roundup, mais aussi le glyphosate et le POEA séparément, sur le développement de deux stades larvaires de l’huître creuse Crassostrea gigas, un modèle ayant un intérêt économique majeur pour connaître les effets de certaines substances chimiques sur les zones ostréicoles. Après 24 h d’exposition, le POEA inhibe la métamorphose, c’est à dire stoppe le développement, de 50 % des larves d’huîtres à des doses faibles de 262 µg/L.

Ces niveaux d’exposition sont typiques de ceux rencontrés dans les rivières polluées près des champs traités au Roundup. Rappelons que certaines formulations de Roundup sont vendues pour usage aquatique, des situations pour lesquelles le Roundup ne sera donc pas seulement herbicide, mais aussi molluscicide ! Le Roundup, et plus particulièrement son adjuvant le POEA, pourrait ainsi potentiellement être un nouveau suspect pour expliquer les recrudescences de mortalité observées dans les populations d’huîtres.

Les adjuvants, la « matière noire de la toxicologie des pesticides »

Ces adjuvants ne sont jamais recherchés dans l’environnement et se révèlent être la matière noire de la toxicologie des pesticides. Ils sont hors de portée des études scientifiques, car leur présence et leur nature sont généralement cachées par les fabricants au nom du « secret industriel », ils sont pourtant capables d’expliquer les effets des pesticides parfois mieux que les principes actifs. Comme le martèle le CRIIGEN, au côté d’autres associations de santé environnementale, il est urgent que les pesticides dans leur formulation complète, tels que commercialisés, soient pris en compte dans l’évaluation pour les autorisations de mise sur le marché afin de réduire les risques associés aux mélanges de polluants environnementaux.

Reférences

Effects of a POEA surfactant system (Genamin T-200(®)) on two life stages of the Pacific oyster, Crassostrea gigas, Mottier A, Pini J, Costil K – J Toxicol Sci. 2014 – 39(2):211-5.

Effects of glyphosate-based herbicides on embryo-larval development and metamorphosis in the Pacific oyster, Crassostrea gigas.Mottier A, Kientz-Bouchart V, Serpentini A, Lebel JM, Jha AN, Costil K. Aquat Toxicol. 2013 Mar 15;128-129:67-78.

Clone- and age-dependent toxicity of a glyphosate commercial formulation and its active ingredient in Daphnia magna. Cuhra, M., Traavik, T. and Bøhn, T. 2013 – Ecotoxicology 22: 251-262.

Ethoxylated adjuvants of glyphosate-based herbicides are active principles of human cell toxicity. Mesnage R, Bernay B, Séralini GE- Toxicology. 2013 Nov 16;313(2-3):122-8.

Major Pesticides Are More Toxic to Human Cells Than Their Declared Active Principles Robin Mesnage, Nicolas Defarge, Joël Spiroux de Vendômois, and Gilles-Eric Séralini – Biomed Res Int. 2014; 2014: 179691.

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6 réflexions au sujet de « La toxicité d’un adjuvant du Roundup, le POEA, démasqué par une nouvelle étude »

  1. Démission des politiques de tous pays
    Liberté des industriels sans scrupules
    Procédures de mise sur le marché dérisoires,
    Études toxicologiques symboliques,
    Experts aux ordres, rémunérés,
    Courses aux brevets et au profits
    Compétition forcenée,
    Mépris de la vie, du public.
    Presse scientifique contrôlée,
    Lobbying intense
    Difficultés des lanceurs d’alerte
    Législations inadéquates,
    Les poisons franchissent toutes les barrières !
    NOUS SOMMES LES COBAYES SCHUMPETERIENS d’un monde aux ordres, sans éthique, sans contrôle.

    Comment a t-on pu en arriver là, à ce degré de corruption dans la civilisation, qui ressemble à un totalitarisme larvé, et que nous allons payer en maladies à un prix de plus en plus fort ? Que des agriculteurs réunis en association de défense paient déjà au prix de leurs cancers ?
    Ce cas est emblématique et doit servir de base à de profonds changements.

  2. Une seule raison pour que ce ne soit pas interdit, les sociétés productrices financent les partis politiques.

    Sinon c’est incompréhensible.

    Cordialement

  3. Nous avons nous même créé cette situation en ne valorisant que l’argent. Aujourd’hui il domine le monde et on joue les effarés ! C’est avant qu’il fallait réagir et refuser de ne consacrer sa vie qu’à en gagner pour pouvoir vivre mais aussi pour pouvoir épater les autres, engranger les bénéfices en exploitant les autres et en s’en fichant qu’ils n’arrivent qu’à “survivre”. Je me souviens après la guerre de ce fermier dont ma mère nous demandait de boire son “bon lait” jusqu’à ce qu’il soit condamné car il le coupait d’eau ! C’est tout le fonctionnement de nos vies qu’il faut reconsidérer et voir si sur notre planète nos énergies ne devraient pas agir pour l’améliorer et nous permettre de vivre sans tous ces gadjets créés pour nous asservir. L’homme a besoin d’air pur, d’eau fraîche et non polluée, de nourriture saine et d’amour c’est tout ! Donc méditons là dessus : partage économie sobriété et bonne humeur !

  4. la solution est simple, et si compliquée à la fois.
    On comprend pourquoi les hommes politiques ne veulent pas de femmes au pouvoir, car si le gouvernement était seulement constitué de femmes, la vision serait tout autre, fini les profits, les magouilles, les détournements d’argents, les ventes d’armes, tout cela serait supprimé, car la femme est douce, compréhensive tolérante, car en donnant la vie, elle en connait sa vraie valeur.
    c’est donc pour ne pas perdre tout ces juteux profits que l’homme trouvera tjrs un prétexte pour écarter la femme de son chemin.
    Vive la femme au pouvoir, vive la paix, vive la vie bio. et surtout aller voter.

    • Les femmes les femmes, c’est sûr qu’il y en a des très bien, mais a un haut niveau politique on a plutôt Tatcher, Merkel et Alliot-Marie. Et la marine nationale. Mais c’est pas ça qui peut améliorer les choses. Le pouvoir individuel et celui des “communautés” (voir être radical, de Saul Alinsky) est le seul moyen de changer un monde où les riches imposent leur loi implacable pour leur seul intérêt.

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